lundi 17 juillet 2023

Le bureau d'éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant


 Le pitch : 

 

Au cœur de l’Allemagne, l’International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d’investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu’elle élève seule depuis son divorce d’avec son mari allemand.  
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé… Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent. 
Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l’Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d’éclaircissement des destins, c’est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l’Europe. Une fresque brillamment composée, d’une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent. 

 

 

 

Ce que j’en pense : 

 

C’est avec une découverte presque faite au hasard que l’auteur trouve l’idée fil rouge de son roman (les archives Arolsen en Allemagne qui depuis l’après-guerre détermine ce qui est arrivé aux victimes de la Shoah et plus globalement de la persécution Nazie). C’est assez fréquent d’avoir ainsi des idées qui fusent au détour d’informations qui nous parviennent, mais pour construire un récit tel que celui qui nous est livré, il a fallu en faire bien d’autres des recherches. Il y a eu tellement de livres écrits sur cette thématique et pourtant on n’en fera jamais vraiment le tour car chaque victime, chaque personne ayant vécu cette période aura sa vision. Et les autres ne pourront qu’imaginer… 

 

Le personnage d’Irène lui aussi arrive dans ces archives un peu par hasard et elle se prendra plus qu’au jeu. Cela va devenir une passion, une vocation. Ce côté « Sherlock Holmes » pour retrouver les descendants des victimes devient une seconde nature. Et évidemment, tout cela va impacter sa vie de manière plus personnelle. 

 

Ce livre est au final une ode à la vie plus qu’un rappel de la mort des toutes ces personnes disparues dans des conditions horribles. Avant d’avoir été des victimes, c’étaient des personnes bien vivantes et la restitution de ces fragments de vie, c’est les maintenir dans notre monde des vivants. On est dans l’entretien de la mémoire car le livre est très contemporain, tourné vers les jeunes générations, porteuses forcément d’espoir et pleine de vie, de promesses pour l’avenir alors que la guerre qui a tant détruit, laissé des traces si profondes, on essaie d’en tirer des leçons de vie. 

 

Tous les personnages du roman sont très forts et si on en préfère toujours certains à d’autres comme dans le monde réel, ils n’en sont pas moins ultra réalistes, bien pensés, si bien incarnés. 



Eloge de la surface de Tilla Relmani et Stella Lory

 


Le pitch : 

 

Yasmina, psychologue de 35 ans, est consommatrice de programmes de télé-réalité. Petite dernière d'une brillante famille d'universitaires, elle décide de leur prouver que la télé-réalité est un sujet de recherche digne d'intérêt et parvient à se faire embaucher sur le tournage d'une émission comme journaliste.
Plutôt que de s'arrêter au constat méprisant que ces émissions sont au mieux mainstream et au pire avilissantes, les autrices interrogent avec intelligence et humour les mécanismes psycho-sociaux qui viennent se nicher dans ce désir addictif de regarder l'intimité d'inconnus à la TV.
Un décryptage entre humour et analyse documentaire, grâce au regard de Tilila Relmani, psychologue passionnée de télé-réalité et nourrie d’échanges avec des journalistes spécialistes du sujet.

 

 


 

 

Ce que j’en pense : 

 

Avec cette bande dessinée, vous allez tout apprendre et comprendre le pourquoi du comment ça marche en fait la téléréalité. Oui en gros, c’est toute la téléréalité pour les nuls ! 

Que vous soyez consommateur ou pas de ce type de programmes, on gagne à mieux cerner la chose et ainsi à ne pas rester sur des idées préconçues. Quoiqu’on en dise, on a en toutes et tous en tête. J’avoue que mes propres connaissances en la matière étaient des plus limitées ou datées et j’ai ainsi pu dépasser certains stades assez primaires de mon raisonnement. 

 

J’ai certainement plus apprécié le fond que la forme car les dessins ne m’ont pas enthousiasmé, même si je leur reconnais très volontiers une efficacité certaine. Et c’est le principal car ils n’ont pas été un frein non plus. 

 

C’est encore une fois un titre qui gagnerait à se trouver mis en valeur dans les CDI des collèges et lycées, ainsi que dans les médiathèques pour toucher un maximum de public. Et un public averti en vaut bien d’autres ! 

mardi 27 juin 2023

Le cycle de Lyoness, tome 1 : Le jardin de Suldrun de Jack Vance


  

Le pitch : 

 

Autrefois, sur des îles aujourd’hui englouties sous les flots de l’océan Atlantique, s’étendait une contrée où les créatures magiques vivaient en harmonie avec les humains. Un monde de magnificence, d’aventure et de sombre magie. De ces Isles Anciennes, jadis, les ancêtres du roi Arthur s’étaient élancés pour atteindre les côtes de l’Angleterre. Là vivait Suldrun, une princesse dont la beauté mélancolique déchaînait toutes les convoitises et pouvait servir l’ambition sans limite de son puissant et malfaisant géniteur, le roi Casmir de Lyonesse. Un jour, la jeune fille découvre sur une plage le corps presque sans vie du prince Aillas de Troicinet...

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Voilà longtemps que je ne m’étais pas lancée dans une lecture (même audio) d’une trilogie fantasy. C’est un genre que je délaisse un peu et j’ai tort. Mon âme d’enfant s’y plait : La magie, les créatures fantastiques, les chevaliers, les rois, les princesses…. Et même un fond de véracité si on cherche un peu profondément… Enfin qu’est-ce qui est vrai en ce bas monde… ? On se le demande… N’est-ce point de la poudre aux yeux ?

 

Le roman est riche, les personnages très nombreux et fort heureusement l’écriture est assez méthodique pour que toutes les pièces se mettent au fur et à mesure en place. Pas d’affolement donc au début où franchement, on se dit : Je n’y comprends plus rien, mais qui est qui et qui fait quoi ? Les jeux de pouvoirs ? Laissez-vous guider. 

 

La version audio doit beaucoup au lecteur qu’est Marvin Schlick. Il sait moduler sa voix, la faire changer suffisamment pour que l’on ne confonde pas les divers protagonistes qui interagissent. Il donne corps et vie au texte.

 

Après oui, on pourra dire que c’est assez caricatural. On y trouve bien des poncifs. Certaines ficelles sont un peu grosses, mais en me glissant dans ce récit un peu chaque jour, j’avais l’impression qu’on me racontait justement un conte long et pas désagréable du tout au final. J’ai même envie de poursuivre avec les deux prochains volets. Je suis restée une grande enfant qui aime les histoires.

GILTLa guilde des temporalistes indépendants d'Alisa Kwitney et Mauricet


 

Le pitch : 

 

GILT, c'est Sex in the City + Absolutely Fabulous + Code Quantum, saupoudrés de Twilight Zone ! C'est surtout un envoutant récit de fantaisie et de SF, signé Alisa Kwitney (The Sandman Presents) et du dessinateur belge Mauricet (Harley Quinn).

Hildy Winters est une survivante, une dure à cuire de l'Upper West Side de New York, une sacrée vieille bonne femme qui possède son propre portail lui permettant de voyager dans le temps. Hildy appartient à La Guilde des Temporalistes Indépendantes, des femmes capables de voyager dans le passé (sans le modifier !), tout en bénéficiant de leur expérience accumulée jusqu'à présent.

 

 


 

Ce que j’en pense : 

 

Le résumé m’a titillé et j’ai sauté le pas. J’ai franchi le vortex… Ou plus simplement, j’ai tourné les pages de cet album. 

 

C’est d’inspiration plutôt comics que BD type Belge déjà. Tout y est plus moderne, un peu plus tranché, net, plus froid sans que ce soit désagréable. Je n’ai néanmoins pas pu vraiment me fondre dans le récit. Et pourtant, j’adore la plupart des références citées dans le pitch… Il m’a manqué un je ne sais quoi de supplément d’âme que je n’ai point déniché. 

 

L’ensemble est bien fait, correctement mis en valeur (couleurs, texte, dynamique de chaque page), mais… Je n’ai pas eu de coup de cœur. 

C’était amusant, parfois agaçant, rarement dérangeant. Cela s’est voulu porteur de références et je ne les ai pas toutes retrouvées au top niveau. 

 

A découvrir, à faire connaître, mais pas certaine que cela restera dans nos annales… 

 

 

lundi 19 juin 2023

Le regard invisible tome 1 de Ferrari Elisa



 Le pitch : 

 

Voilà sept ans, cinq amis, adolescents à l'époque, ont vécu une expérience traumatisante lors d'un séjour en montagne. Aujourd'hui, alors qu'ils vivent chacun leur vie mais gardent ce secret enfoui dans leur mémoire, des lettres leur parviennent qui font explicitement référence à leurs souvenirs. Qui connaît autant de détails ?... 
Ils trouveront des réponses mais qu'ils paieront au prix fort...




 

 

Ce que j’en pense : 

 

Ce n’est guère original le scénario du groupe d’amis qui après une expérience hors norme s’éparpille un peu partout, vit sa vie jusqu’à ce que… Le passé refasse surface. Ce qui est plus intéressant, c’est comment on mène la barque une fois la grenade dégoupillée. Et dans ce cas précis, il y a des petits plus qui renforcent la tension autour de l’intrigue principale. J’ai aimé cela car en prime, cela renforce le côté plausible de la chose même si on sait pertinemment que c’est de la fiction. On a plus envie d’y croire et de frissonner.

 

Dans le cas de ce premier volet aussi, tout est très bien fait pour vous mettre l’eau à la bouche. On en montre tout juste assez pour que votre curiosité soit émoustillée et pas trop, pour ne pas éventer le(s) secret(s). Un bon dosage pas si évident. 

 

J’ai particulièrement apprécié également le coup de crayon qui donne à cette bande dessinée véritablement vie. Il y a du rythme, de la variété, du détail, de belles couleurs. On est happé. 

Les protagonistes sont divers et chacun à sa personnalité. Classique, mais bien vu dans l’équilibre de ce groupe que l’on nous présente sans faire un effet : casting. 

 

On va attendre avec une certaine impatience le second volet pour rentrer encore plus dans le dur. Oui, vraiment on n’attend plus que cela. On piétine même ! 

mardi 13 juin 2023

La chair est triste hélas d'Ovidie


 

Le pitch : 

 

« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n’avais pas joui. À tous ces coïts où j’avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d’épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l’argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d’être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu’on regarde avec pitié. Un jour, j’ai arrêté le sexe avec les hommes. »

Autrice et documentariste spécialiste de l’intime et du rapport au corps, Ovidie retrace ici la trajectoire qui l’a conduite à quatre années de grève du sexe.

Dirigée par Vanessa Springora, la collection « Fauteuse de trouble » articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel. 


 

 

Ce que j’en pense : 

 

Ovidie a plus d’une casquette et pourtant on la retrouve toujours sur des thématiques assez engagées et parfois un peu sulfureuses pourraient dire certaines personnes un peu coincées. Parce que oui, elle a débuté comme actrice dans la porno. Elle a ensuite réalisé des films toujours classés dans cette catégorie, mais avec une vision plus féministe. Elle se tournera vers les documentaires ensuite et l’on peut découvrir avec elle, les faces peu reluisantes de cette industrie très lucrative qu’est devenue la pornographie, ses films, ses plateformes… Si on ne possède pas ces clefs de départ, il est fort possible que l’on passe à côté de l’ouvrage d’aujourd’hui. 

Pour autant, il serait trop réducteur de ne considérer que ces expériences. Ovidie, c’est aussi une femme très cultivée (elle a un doctorat en lettres), journaliste, écrivaine et interlocutrice de choix dans divers médias comme des podcasts. 

« La chair est triste hélas » n’est donc pas un texte isolé, mais qu’il faut prendre comme une pièce de toute son œuvre bien loin d’être achevée. Une étape. 

 

Qu’une personne ayant vécu semble-t-il la sexualité comme un élément essentiel, devienne ainsi une femme retirée du « Game » (les relations avec des hommes seulement car elle ne se déclare pas asexuelle) peut surprendre et pourtant, c’est certainement plus logique qu’on ne le croit car justement, Ovidie sort de sa zone de contrôle et livre un texte rempli de sentiments forts, avec peu, voir pas de filtres. 

Son écriture est vivante. Ce texte n’est assurément pas un essai bien policé. Et cette spontanéité m’a touché. J’ai pu sentir ses émotions voir en partager certaines. Solidarité féminine ? Possible car on a toutes eu des passages qui se ressemblent. Après, je ne suis pas d’accord sur tout, loin de là même. Elle pousse trop en avant pour moi. Je diverge. 

 

Les hommes peuvent aussi lire ce titre. Ils en prennent pour leur grade, mais ils peuvent en ressortir grandis. On apprend de ses erreurs. Nous ne sommes pas parfaites, nous les femmes, mais nous sortons de notre mutisme. Je ne suis pas une féministe, juste une femme. Ovidie est avant tout une femme aussi. Ce livre est un état des lieux et rien n’est absolument gravé dans le marbre. Les choses peuvent évoluer. On ne revient pas sur le passé plus que nécessaire, autant voir aujourd’hui et demain. Alors même si encore une fois, je trouve qu’elle va trop loin pour moi, que je ne partage pas toutes ses idées, ses réflexions, sa logique, sa colère, c’était intéressant de la lire car elle ne semble pas être isolée. 

 



jeudi 8 juin 2023

Sofia, tome 1 : la plage de la chaise rouge de Davide Tosello


 

Le pitch : 

 

Sofia et Tea (17 et 15 ans) sont deux soeurs qui ont grandi près de la célèbre "plage de la chaise rouge".

Les deux soeurs sont très unies mais vivent selon des points de vue différents.

Surfer, lire des livres, écrire, manger sainement, nourrir l'esprit et le corps sont les principes fondamentaux qui animent le quotidien de Sofia. Téa est accro aux réseaux sociaux et passe le plus clair de ses journées à tchater en ligne avec ses amis.

Après une matinée de surf, Sofia quitte la plage avec son skateboard pour aller travailler sur un nouveau programme informatique. Elle se retrouve subitement propulsée dans un monde étrange, peuplé de créatures du cyberespace. Aurait-elle réussi l'impossible, se projeter elle-même dans le web à la recherche d'une vague mystique qui pourrait bien signer la disparition d'internet... ?

 

 

Ce que j’en pense : 

 

A bien y réfléchir, beaucoup de mots pour évoquer notre activité sur Internet possèdent un rapport avec le monde de l’eau. Notez :

-       On navigue sur le Net

-       On se noie sous les spam et autres mails

-       On s’abreuve de contenus en ligne

-       On surfe sur la Toile

Et je pense que l’on peut en trouver d’autres encore. Mais du coup, je trouve que l’approche dans Sofia, la plage de la chaise rouge est extrêmement bien vu. 

 

La lecture de cet album fut agréable et je vais en plus pouvoir le relire avec la playlist complète que j’ai pu trouver justement sur le net… Une excellente idée pour renforcer le plongeon (tiens encore un terme aquatique ?) dans les méandres de cette intrigue à peine futuriste.

 

Le seul bémol que je pourrais trouver, c’est qu’il est un poil complexe de tout saisir au premier abord avec une lecture type détente et que le public jeune, qui pourrait lire cette bande-dessinée, risque d’avaler la tasse (désolée). Et pourtant, je trouve que tellement d’aspects de ce que l’on trouve sur le Net sont abordés avec une justesse exemplaire, qu’il me parait judicieux de partager cette lecture avec le plus de monde possible. 

 

Les graphismes et les couleurs sont magnifiques. On est littéralement submergé. J’avoue en avoir pris plein les yeux. C’était apaisant et en mouvement. Plein de détails et même temps dans des palettes de couleurs très harmonieuses. 

 

N’hésitez pas, venez prendre la vague ! 






mardi 30 mai 2023

Grand Louis, tome 1 : Le marcassin de Louis de la Taille


 

Le pitch : 

 

Louis et sa compagne peinent à se trouver de l'espace entre leur job et leurs trois enfants. Mais c'est encore pire lorsque que des animaux sauvages envahissent soudain Paris... dont un marcassin qui s'incruste chez eux. Une vraie pandémie de grosses bébêtes ! Obligée de se confiner, la famille va devoir apprivoiser ce drôle de vivre ensemble, alors que dehors cerfs et blaireaux prennent calmement le contrôle de la capitale...
Une fable confinée, poétique et décalée, premier tome d'une tendre chronique familiale réalisée par Louis de La Taille.

 

 

 

Ce que j’en pense : 

 

On a toutes et tous envie d’oublier les histoires de pandémies, de confinement et autres parce qu’il faut bien le dire, vivre pleinement, c’est le plus important. Néanmoins, avec ce premier tome de bande dessinée, on accepte de replonger dans une ambiance qui n’est pas sans nous rappeler des situations vécues, il n’y a pas si longtemps… A quelques détails près qui n’en sont plus, je vous l’accorde. 

Alors oui, on oublie les virus pour passer du côté des animaux plus ou moins gros, plus ou moins crédibles pour envahir la capitale et en prendre possession. Les habitants ont pris la fuite ou se terre chez eux. 

 

Le graphisme est sympa, mais j’avoue que j’ai trouvé les animaux plus réussis que les humains (un peu trop simple, limite caricaturale par rapport justement aux premiers cités). Les couleurs sont intéressantes et collent bien au récit. Aucun problème. 

Les situations du quotidien sont bien rendues et je pense qu’il y a du vécu là-dessous. 

Après on sent un message plus profond qui se met en place en toile de fond. Franchement, si croiser un lynx en pleine ville peut être hyper perturbant, voir inquiétant car c’est impressionnant, il faut savoir que cet animal est très difficile à observer dans son habitat naturel donc… Mais avoir peur de cervidés ? Il y a un décalage entre les urbains et la Nature qui n’est certes pas douce, ni tendre, mais… 

 

J’ai apprécié cette mise en bouche sans pour autant dire que c’est un grand coup de cœur. La suite me surprendra peut-être et ce sera avec plaisir. 




La femme de chambre de Nita Prose


 

Le pitch : 

 

« Je suis votre femme de chambre. J’en sais tellement sur vous. Mais en fin de compte, vous : que savez-vous vraiment de moi ? »

Bienvenue au prestigieux hôtel Regency Grand, avec ses tapis de velours rouge, ses dorures et ses employés plus rocambolesques les uns que les autres. La jeune Molly, discrète, solitaire et zélée, y travaille comme femme de chambre et en connaît tous les recoins.

Un jour, elle trouve la richissime Mme Black dans sa suite, paniquée, aux côtés du corps sans vie de son mari – une pagaille bien compliquée à ordonner. Mêlée malgré elle à cette étrange affaire de meurtre, Molly mène l’enquête, aidée de quelques précieux collègues et amis. Elle va alors découvrir que, derrière la magnifique façade, le Regency Grand cache bien des secrets.

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Molly est une jeune fille de 25 ans, femme de chambre au Regency Grand, donc une personne invisible aux yeux du grand monde, voir même de ses collègues. 

Des amis ? C’est peu dire qu’elle est isolée car elle n’en n’a pas vraiment et en plus, elle a perdu ce qui lui restait de famille, sa grand-mère, il y a quelques mois. C’est pourtant elle qui va nous raconter toute l’affaire à travers son prisme que l’on sent très rapidement biaisé par un trouble du spectre autistique non diagnostiqué et non évoqué clairement par l’auteur, mais pour moi, cela ne fait aucun doute. C’est un peu ennuyeux car pour qui ne connaît rien à ces particularismes, le personnage de Molly peut paraître clairement stupide dans certaines situations, décalée, voir avec « l’électricité, mais pas à tous les étages ». Je trouve dommage de ne pas être aller jusqu’au bout de l’idée. Cela dessert le personnage, décontenance certains lecteurs et c’était pourtant une très bonne idée. 

 

Je ne sais pas si la version livre classique n’est pas un plus pour ce cas car en version audio, Molly peut vite devenir agaçante. J’avoue que la lectrice n’est pas mauvaise du tout (elle fait très bien la voix de la grand-mère qui trotte dans la tête de Molly), mais certaines situations narrées m’étaient insupportables. Le côté spécial de Molly fait que l’on peut avoir envie de la secouer ou au contraire de la prendre sous son aile. Sa façon de voir les choses est déroutante pour le plus grand nombre alors qu’elle est parfaitement logique. 

L’intrigue passe un peu trop au second plan par moment également et je n’ai pas souvent eu l’impression d’être dans un ouvrage policier, mais une adaptation bien pensée à l’écran pourrait être réussie car elle imposerait certainement un autre rythme narratif et un côté visuel à certaines scènes.

 

En résumé, de bonnes idées, de bonnes intentions, mais il aurait été encore plus intéressant de clarifier certains faits pour en faire un excellent bouquin (audio ou non). 




mercredi 24 mai 2023

Harry Dickson, tome 1 : Mystères de Jean Ray


 

Le pitch : 

 

Londres, prison de Hammersmith. Baltimore Harmon, un condamné à mort, est exécuté à l'aide d'un étrange prototype de chaise électrique. Le tout sous le discret regard de la romancière Delphina Cruyshank, qui observe la scène au télescope depuis une luxueuse tour, accessible à elle seule. Le premier va s'échapper à la suite de son exécution. Alors que la seconde va disparaître de ses appartements... Entre mystère, chambre close et surnaturel, la journée d'Harry Dickson s'annonce compliquée...

 



 

Ce que j’en pense : 

 

Harry Dickson est le Sherlock Holmes américain. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est affirmé sur chacun des fascicules des premières publications (178 en tout) de l’œuvre de Jean Ray qui lui-même avait repris le personnage. 

De fait, Harry Dickson possède un physique qui n’est pas sans rappeler son homologue détective, mais je le trouve peut-être plus athlétique. Changement d’époque aussi qui explique cette impression certainement car nous sommes dans les années trente. Il y a aussi ses déductions, ses méthodes… Notons encore qu’il vit au 111 B Backer Street… On est très proche du 221 B Backer Street. Et puis, il y a une gouvernante, un inspecteur de Scotland Yard, le jeune Tom Wills, son acolyte.

Bref, on a tout pour les fans du genre.

 

Cette nouvelle adaptation en bande dessinée assez classique n’est pas à dénigrer. 

Je n’ai pas noté de révolution dans le traitement du sujet. 

Les graphismes me font penser à « Black et Mortimer ». Les couleurs sont toujours celles d’espaces sombres, mystérieux, peu accueillants… Bref assez stéréotypés, mais qui collent à l’ambiance du récit. 

L’intrigue est rétro, surprenante car certains rebondissements sont assez peu crédibles, mais qu’importe, on se laisse entrainer car l’ensemble est de bonne facture et assez fidèle à l’univers de Dickson. 

Mystéras n’est pas le Fantomas de mon enfance, mais il y a ce kitch que l’on aime retrouver. 

A voir pour la suite car nous n’en sommes qu’au premier volet. 

 

 




mardi 23 mai 2023

Tremblez de McSkyz


 


Le pitch : 

 

Quatre amis assassinés au bord d’un lac en Finlande, une famille de fermiers tuée en France, une jeune maman torturée en Grèce, une adolescente disparue en Australie…

Les histoires que vous allez lire sont toutes vraies et ont fait les gros titres des journaux ces dernières années. Pour chacune, découvrez-le déroulé des faits et de l’enquête, la psychologie des protagonistes, les débats pendant les procès et des focus sur les avancées de la criminologie.

Comme il le fait si bien sur sa chaîne YouTube, McSkyz nous tient en haleine au fil de ces 10 affaires de true crime françaises et internationales, ultra documentées et racontées comme si vous les viviez en direct.

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Je l’avoue sans peine, je fais partie de ces personnes qui sont fascinées depuis toujours par les affaires criminelles. Ces faits divers, le plus souvent atroces car perpétrés par des gens très ordinaires, comme vous, comme moi. Je mets un peu à part les serial killer et autres affaires plus particulières.

Avant nous avions Pierre Bellemare (oui, les plus jeunes ne savent certainement même pas de qui je parle), puis Christophe Hondelatte qui continue d’ailleurs. Et d’autres podcasteurs et youtubeurs qui se sont lancés avec plus ou moins de succès. McSkyz est ceux-là. Je l’ai découvert avec plaisir avec ce livre audio qui nous fait faire le tour du monde avec dix affaires que je ne connaissais pas.

 

Belle découverte aussi car effectivement chaque histoire est bien documentée, mais aussi bien racontée. McSkyz nous livre aussi par petites touches ses impressions personnelles, certains de ses ressentis et donc cela crée une certaine connivence, empathie plus grande. 

Excellente diction, bonne organisation pour la narration (il suit un schéma logique quasiment identique pour chaque affaire). On n’est jamais perdu et au final, on est troublé par ces cas dont certains sont à ce jour encore non résolus. 

 

Je pense que je vais aller découvrir ce qu’il fait sur sa chaine YouTube car l’expérience Audio-livre fut un réel plaisir. 

 


mardi 16 mai 2023

Dans mon obscurité de Valentin Musso


 

Le pitch : 

 

Et s’il fallait affronter l’obscurité pour trouver sa vraie lumière ?
Ludivine, une lycéenne de 17 ans, tombe amoureuse pour la première fois de sa vie. Mais le garçon étrange et secret qui l’attire fait peser sur elle un danger dont elle est loin de se douter.
Emma, correctrice de 24 ans, mène une vie bien réglée. Jusqu’au jour où des événements étranges viennent bouleverser son quotidien et la plonger dans la terreur. Quelqu’un la harcèle-t-il ?
Ou la solitude et les lourdes épreuves qu’elle a traversées la font-elles sombrer dans la paranoïa ?
Zora, 34 ans, travaille à l’unité des affaires non résolues de la Brigade criminelle de Paris. Dans le dos de ses supérieurs, elle prend le risque de rouvrir un vieux dossier portant sur une disparition inquiétante. Ses recherches officieuses vont la conduire dans sa ville natale, où elle mettra au jour une terrible vérité…
Trois femmes unies par un lien secret, qui devront se battre pour faire face à une menace invisible.
Dans ce roman aux rebondissements plus inattendus les uns que les autres, Valentin Musso tisse un suspense psychologique implacable et nous manipule jusqu’aux dernières pages.

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Si un auteur arrive à vous faire sentir proche de l’un ou de plusieurs de ses protagonistes alors la partie est presque gagnée. Je dis presque car évidemment, il y a d’autres facteurs qu’il faudra maintenir dans le vert afin que l’expérience soit concluante. Donc sur ce premier point, Valentin Musso a marqué des points. 

Si je ne suis plus lycéenne depuis très longtemps, j’ai une fille qui l’est encore et donc je me projette assez bien. 

Si je ne suis pas déficiente visuelle et plus âgée qu’Emma, certaines de ses craintes/failles ne me sont pas totalement étrangères. 

Si je ne suis pas enquêtrice, Zora ne me laisse pas de marbre non plus. Son arrivée plus tardive dans l’intrigue va donner encore un petit coup d’accélérateur que j’ai apprécié. Casser les rythmes de narration donne du peps au texte. 

Bref, trois femmes différentes, mais dans lesquelles la lectrice que je suis trouve des aspérités auxquelles je puis me raccrocher. 

 

Style simple en apparence, les pages défilent assez vite et bien. On aurait peut-être pu condenser encore quelques menus détails pour gagner en intensité, mais c’est chipoter un peu. 

 

Il faudra aller vraiment au bout de sa lecture pour tout comprendre et être surpris. C’est de plus en plus rare et j’aime cette sensation de ne pas avoir tout deviné depuis le début ou presque. 

Pas de révolution littéraire néanmoins. C’est juste bien fait, bien pensé, bien construit. Et c’est déjà très bien. 




lundi 8 mai 2023

La sage-femme du roi d'Adeline Laffite et Hervé Duphot


 

Le pitch : 

 

Au siècle des lumières, Angélique du Coudray, sage-femme à plus d'un titre, écrit un Abrégé de l'Art de l'accouchement et conçoit une « machine » aussi efficace qu'inattendue pour transmettre ses précieuses connaissances...

Sage-femme au XVIIIe siècle, Angélique du Coudray a révolutionné l'enseignement de son Art. Jusqu'à cette époque, les morts en couche étaient monnaie courante. Afin de résoudre ce problème de santé publique, elle mit au point une méthode pédagogique innovante qui lui permit de former nombre de sages-femmes mais aussi des chirurgiens, aussi peu experts en obstétrique que les matrones, aux pratiques superstitieuses...

 


 

Ce que j’en pense : 

 

Aujourd’hui accoucher n’est plus synonyme de gros risques à quelques exceptions médicales prés en générale bien identifiées et gérées par nos praticiens. Mais longtemps, mettre au monde un enfant était presque jouer sa vie à la roulette russe. 

Madame de Coudray fait partie de ces femmes qui ont aidé à ce que de nos jours c’est une formalité si j’ose dire au point que l’on critique régulièrement que ce soit devenu trop médicalisé parfois. Mais ceci est un autre débat. 

 

Dans cette bande dessinée de très belle facture, nous suivons la vie de Madame de Coudray. 

Le scénario est sans grande fioritures, mais le propos ne s’y prêtait guère je trouve donc tant mieux. Le choix de la narration fut classique et linéaire, mais au moins, on y gagne en clarté à défaut de fantaisie. 

 

Une belle documentation a dû être faite en amont. On a un beau tableau de la situation à Paris et en province. On saisit aussi toutes les idées préconçues par les différentes couches de la population et les corps de métiers, les penseurs d’alors. 

 

Une lecture agréable, instructive et fort bien illustrée.

A lire et faire lire. 





SHerlock Holmes et les mystères de Londres, tome 1 de Jean-Pierre Pécau, Michel Suro et Scarlett

 



Le pitch : 

Une nouvelle série constituée de récits apocryphes qui, pour la première fois, reflètent la véritable personnalité de Holmes qui fut un véritable anarchiste, ne respectant rien ni personne. Le premier Holmes politique !

Une jeune fille est retrouvée morte, noyée dans la Tamise. Elle porte un masque étrange sur le visage. Aussitôt, les autorités pensent à la communauté jamaïcaine de l'East End, mais le célèbre détective n'est pas d'accord. Pour étayer ses dires, il va faire appel à Felix Fénéon, spécialiste des masques anciens, mais qui est poursuivi pour avoir posé une bombe dans un restaurant parisien !





Ce que j'en pense : 

Une nouvelle bande dessinée avec pour protagonistes principaux Sherlock Holmes et son compagnon d’enquêtes, le Docteur Watson. A priori rien de très novateur et pourtant, ce premier tome devrait ravir les amateurs du genre. 


Outre un graphisme soigné, au tracé précis, au rythme parfois nerveux, l’intrigue est intéressante, inédite et sordide à souhait avec une ribambelle de guest de l’époque. 


Belle recherche historique pour intégrer en sus des faits, des affaires du moment.


On ne connaitra pas le dénouement de cette affaire dans ce premier tome donc vivement la suite que j’espère dans la même veine car j’ai été conquise. 






mardi 18 avril 2023

Le testament des abeilles de Natacha Calestrémé


 


Le pitch : 

 

Paris. Des personnes meurent brutalement, comme frappées par un mal invisible. Pourquoi ne trouve-t-on pas de mobile, ni d’ADN suspect, encore moins d’arme de crime ? Aucun lien apparent entre ces drames, si ce n’est un étrange symbole retrouvé à proximité des différentes affaires. Secte, bioterrorisme ou œuvre d’un psychopathe ? Toutes les pistes sont étudiées par le major Yoann Clivel, jusqu’à la découverte d’un testament. Ce document énigmatique servirait-il de fil conducteur à un assassin ?

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Une nouvelle découverte et un petit coup de cœur pour ce titre « lu » en version audio. 

Florian Wormser m’a vraiment fait vivre cette intrigue et la réalisation générale est de très bonne facture. J’ai très envie de découvrir maintenant d’autres ouvrages de l’auteur. 

 

Pour en revenir à ce polar, il est bien documenté et rondement mené. 

L’intrigue se déroule en 2008, mais à quelques détails près cela pourrait se passer aujourd’hui. Elle est assez classique et ce n’est pas vraiment un défaut. L’efficacité est là. 

Les protagonistes sont bien dépeints et on les aime ou pas, mais globalement, il ne nous laisse pas de marbre. Ils sont assez réalistes et crédibles. On peut s’identifier à eux, à leur travers, leurs manies, leur qualités…

Il y a un petit côté ésotérique qui ne fut pas pour me déplaire. 

 

A noter que le roman est furieusement d’actualité plus que jamais. A lire, à écouter.