vendredi 25 novembre 2011

Du bulgom et des hommes d'Amandine Dhée

Le livre :

Du bulgom et des hommes d'Amandine Dhée, aux éditions La Contre Allée, 14 €, 112 pages



Pourquoi ce livre ?

Je poursuis mon petit bonhomme de chemin dans l'opération organisée par Libfly : un éditeur se livre avec cette fois les éditions de La Contre Allée.
Ceci est le troisième livre que je découvre dans cette aventure toujours dans le même corpus éditorial. Les genres se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Tant mieux, j'adore être surprise et cette fois-ci ce sera en théorie par Amandine Dhée, une jeune auteur de la région Nord Pas de Calais.
Bon assez bavardé, en route pour de nouvelles péripéties littéraires.


Le pitch :

« Les gens dans la ville ne peuvent pas faire que s aimer. Ils doivent aussi manger. Une saine vie médiatique nous le rappelle : cinqfruitsetlégumesparjour. Et aussi qu'il faut mangerbouger. Cette injonction me laisse songeuse : qu attend-on de moi exactement ? Faut-il que je bouge juste après avoir mangé ou faut-il que je bouge en mangeant ?
Mais dans la ville on peut pas fabriquer soi-même ses légumes à cause de la terre de ville qui est nostalgique, et qui garde en elle des souvenirs des entreprises d avant où maintenant c est du chômage mais n empêche.
J ai bien tenté d éditer mon propre livre de recettes : La cuisine aux métaux lourds, c est facile ! mais je me suis sentie très peu soutenue. »

Vieilles dames armées, super héros souterrains, conseillers municipaux inspirés, ... autant de personnages avec lesquels Amandine Dhée passe au crible les comportements humains en milieu urbain à la façon d un documentaire animalier.
Un ton décalé et un humour corrosif distinguent ce premier ouvrage, jubilatoire.

Une adaptation audio est à télécharger en complément sur le site des éditions. www.lacontreallee.com


Ce que j'en ai pensé : (attention chronique un peu déjantée)

Ce livre est un recueil de texte qui certainement passent très bien à l'oral (forme de communication privilégié tout d'abord par l'auteur), mais que pour ma part, je découvre à l'écrit. Je sais bien qu'il y a une version audio de l'ouvrage disponible et que l'on peut télécharger, mais je ne me précipite pas immédiatement dessus. Je vais prendre mon temps et je l'écouterai sans doute bien plus tard.

Avec le tout premier texte intitulé : "La ville pousse", c'est le manque total de ponctuation qui me gène.
Très franchement les premiers paragraphes sont presque incompréhensibles pour moi et je dois les reprendre une fois, deux fois, trois fois, pour enfin saisir toute la portée de cette écriture minimale, mais absolument pas minimaliste. Les mots s'enchainent et ce sont des flashs de l'enfance, d'une enfance (celle d'Amandine peut être, ce prénom est cité) qui m'apparaissent. La construction est donc chaotique, mais bien complète.
Je m'y retrouve enfin, cette époque me parle, j'ai vécu à peu de chose près des expériences similaires. Cet écrit est court, mais riche. Pour être déroutée, je l'ai été. La surprise fut désagréable au tout début, puis, j'y ai pris goût. C'est comme s'il m'avait fallut réapprendre, réapprivoiser une certaine forme de communication.

Dès le second texte, la ponctuation fait son retour. Ouf car même si j'ai fini par apprécier le premier texte, ce n'est pas de tout repos.
"Dessous la ville", il y a parfois un métro que l'on emprunte sans vraiment y penser parce que c'est bien pratique, relativement rapide et puis parfois, on n'a pas d'autres choix !
Dans ce texte, on va avoir une nouvelle vision de ce mode de transport, de ceux qui font ce qu'il est et de ceux qui l'empruntent  avec nous. C'est doux-amer avec un trait à peine forcé vers l'absurde. Voilà une vie sous la terre qui pourrait aussi vous faire frémir, sourire, en bref réagir.

"Verte ville" est le troisième texte et forcément, on va aborder un autre élément qui compose nos citées urbaines : les espaces verts.
En ces temps où l'écologie est partout, Amandine Dhée aborde le sujet, mais encore une fois au détour de propos décalés qui nous conduiront ensuite vers le Bulgom (cette matière souple se trouve souvent sur les aires de jeux pour les enfants car c'est elle qui est censée amoindrir le choc de leurs chutes). Bulgom que l'on retrouve cité dans le titre et qui comme moi a dû vous interpeller ou vous faire poser la question suivante : Mais c'est quoi du Bulgom ? (Si avouez que vous ne saviez pas à quoi cela correspondait… Que je me sente moins seule).
La ville, symbole du paradis ou de l'enfer pour certain car soit on est un citadin, soit on ne l'est pas. Dans tous les cas, cela n'empêche nullement de souffrir entre ses murs car on peut s'y sentir bien seul.

"Vieille ville "est la suite logique de "Verte ville". Les textes se suivent et s'enchainent sans peine. On prend un certain rythme dans notre lecture et on se sent de plus en plus à l'aise avec cette écriture peu banale.
Là, on commence comme dans un reportage dignes 'Histoire naturelle" que seuls les insomniaques peuvent véritablement regarder sans craquer (hélas pour eux). Ah si les vieux également !!! (Sûre qu'Amandine Dhée aurait pu l'écrire cette vacherie là !).
Bref, tout ceci n'est guère politiquement correct, mais on s'en fiche complètement car l'important, c'est de communiquer, de tisser des liens sociaux avec les autres, même si c'est au prix fort, c'est-à-dire en choquant les gens. C'est moins terrible que les dernières pubs Benetton quand même, mais c'est moins mercantiles également.

Tout cela, nous conduit au texte suivant donc : La ville c'est les autres. (sans la virgule, je sais bien, mais c'est pas moi, c'est elle !!!!!!!)
Là, en lisant les première lignes, je me revois parfaitement passer mon attestation de secouriste en milieu de travail (nous étions 2 pour 20 agents). Et j'ai aussi cette angoisse (comme la narratrice) quand survient un accident ou un incident en ma présence. Je ne sais plus rien des belles théories à mettre en pratique pour venir en aide à la victime. Ouf, je ne suis donc pas différente de l'auteur qui elle aussi panique à l'idée d'aller intervenir. Bon pour le moral pour moi, mais mauvais pour la victime… Oh et puis tant pis pour elle, elle n'avait qu'à faire attention aussi ! (Oups I did it again !!!!). Voilà encore une autre vacherie inspirée par le style d'Amandine Dhée. Elle me met donc en forme la petite dame, mais attention à ne pas me "claquer" en route car oui à l'endurance plutôt qu'à la performance… Et vlan, nous voilà au texte suivant qui aurait pu s'intituler aussi : Hommes et Femmes, mode d'emploi ?

Enfin fournir tous ces efforts, ça creuse l'estomac et tout naturellement, on arrive à la "Ville mange".
Nourriture à base de bons mots qui me rassasient pleinement sans jamais que cela ne soit indigeste. D'ailleurs, c'est tout bonnement impossible car les portraits des commerçants du quartier sont garantis sans OGM (Original Gag Miteux), mais plutôt tous label rouge. Même remarque pour les portraits des habitants dudit quartier. Tous plus véridiques que des caricatures car on le sait bien, plus c'est gros et plus ça passe ! (peut-être aussi parce que c'est vrai, la fiction se faisant lamentablement doublée par cette bonne vieille réalité).

Un livre court à lire avec l'esprit ouvert, un peu de bonne humeur et un brin de nostalgie aussi.
Un ouvrage avec un humour souvent un peu sombre, limite désabusé, mais il vaut mieux en rire que d'en pleurer, pas vrai ?????


Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20


Les bonus :


La fiche de l'auteur sur le site de l'éditeur : http://www.lacontreallee.com/auteurs/amandine-dhee

mardi 22 novembre 2011

Aux âmes sombres de Jérôme Fagnoni


Le livre :

Aux âmes sombres de Jérôme Fagnoni, aux éditions LU, 189 pages, 10 €


Pourquoi ce livre ?

Comme toujours, c'est pas curiosité que j'ai voulu découvrir cet ouvrage, mais cette fois-ci, j'avais en plus un tout autre motif : je connais l'auteur personnellement. Il s'agit d'un ami d'adolescence que j'avais perdu de vue pendant quelques années et que j'ai retrouvé via la magie (un moteur de recherche) de la Toile (merci Facebook pour une fois).
"Aux âmes sombres" est le premier roman que je lis de Jérôme Fagnoni, mais ce ne sera assurément pas le dernier car j'ai eu un cadeau d'avant Noël un peu spécial : l'intégrale des oeuvres littéraires de l'auteur ! Pour moi, il n'y a pas de plus beau cadeau que des livres et si cela peut aider à faire connaître un ami alors, je saute à pied joint sur l'occasion !
Cependant, mon avis sera aussi objectif que possible car je ne veux pas juste faire plaisir à mon ami. Ce ne serait d'ailleurs pas lui rendre un véritable service, si le roman était mauvais, que de lui dire à toute force le contraire. Donc à partir de maintenant, ce n'est plus l'amie qui va s'adresser à vous, mais plutôt la lectrice assidue, rodée en partie aux lectures critiques grâce à de multiples partenariats et quelques jury littéraires de lecteurs. Je vais essayer d'être aussi professionnelle que possible dans mon amateurisme.


Le pitch :

Paul est un trentenaire que nous allons rencontrer dans un hall de gare un soir où la température ne sera pas des plus clémentes.
Que fait-il ici ?
Qui est-il venu attendre ?
Pourquoi ?
Qui va-t-il rencontrer ?
Cela va-t-il changer le court même de son existence ?
Tout cela et encore bien d'autres choses, vous le saurez si vous lisez ce premier roman de Jérôme Fagnoni.



Ce que j'en ai pensé :

Tout va commencer dans une gare que j'ai longuement fréquenté…
La Drôme, c'est toute mon enfance. j'y suis même née, mais c'est sans un remord que j'en suis partie à 18 ans, mon bac littéraire en poche.
Débuter donc ce roman dans la gare de Valence m'amuse un peu et fait resurgir bien des souvenirs : aller-retour en train pour ma nouvelle ville universitaire, Grenoble. Je revois parfaitement cette ambiance glaciale pleine de courant d'air, d'annonces incompréhensibles et de tableaux d'information avare d'information justement sauf pour les temps de retard des trains à l'arrivée ou au départ. Et comme je prenais souvent le train assez tard, voir carrément de nuit pour être moins bousculée, je trouve le décor parfaitement dépeint.

Paul, l'un des héros centraux de ce récit, est un trentenaire comme Jérôme ou moi-même (nous sommes des conscrits). Il est assez facile donc de suivre son raisonnement, de comprendre toutes les références qui sont faites à divers artistes ou oeuvres du 7ème art, de la chanson ou autre pour moi. Oh et puis la trentaine, c'est le bel âge parait-il, celui où tout est possible, mais c'est également celui où l'on prend ses premières véritables claques. On n'est plus tout à fait aussi jeune, on aborde bientôt un virage important. Paul n'y échappe pas plus que les autres. Peut-être même moins.
Il peste, il râle, bref, c'est un bon français moyen qui grogne et avec la SNCF comme "VIP" durant toute la première partie du roman, ce n'est guère étonnant quand même.

Quelques petits détails dans les propos de Paul situe le récit à la fin des années 2 000, nous sommes donc bien dans de la littérature purement contemporaine et cela me convient assez bien. 

Pour en revenir à Paul, il possède une gestuelle, des sortes de tics qu'il me semble bien reconnaître (cela fait des années que je n'ai plus revu Jérôme et nos contacts sont uniquement postaux ou sur la Toile). Je dirai donc que ces gestes sont semblables pour certains à ceux que faisait Jérôme il y a quelques années en arrière, mais c'est sans doute normal car Paul est quelque part un peu son double fictif (pas sur tout fort heureusement).

L'attente est un prétexte assez logique que Jérôme utilise dans sa narration pour justifier la succession de rencontres que va faire Paul dans la gare de Valence. ça et le fait qu'effectivement une gare est un lieu de transit pour beaucoup de monde même à des heures aussi tardives et par grand froid.
Une rencontre est égale à un chapitre au début. Voilà donc un découpage simple et fort pratique pour le lecteur qui ne peut pas se perdre et qui peut même imaginer un peu ce qui va suivre grâce au titre des chapitres.
Certaines de ces entrevues vont donner lieu à des dialogues surprenants, presque surréalistes comme celle avec le "Sybarite".
D'autres seront avec une valeur ajoutée moindre. Comprenez par là qu'elles m'ont semblé plus mornes, moins intéressantes ou moins bien exploitées par l'auteur.
D'autres encore vous feront sourire ou réagir. Et je crois que le but de Jérôme est bien là : provoquer en nous un sursaut, faire jaillir une étincelle…

Et pour Paul, il y aura une escarbille qui pourrait bien allumer un grand feu. Catherine va éveiller en lui plus que de l'intérêt.
Rencontres du hasard, complicité ou non du moment et… Bref lisez et vous saurez tout !

Côté style, j'ai bien remarqué quelques faiblesses et des petites erreurs ou incohérences ici ou là, mais elles restent mineures. Il ne faut pas oublier que nous sommes là avec un premier roman et forcément, c'est un peu plus maladroit.
Il y a cependant de bonnes idées et donc cela me plait assez dans l'ensemble. Cela me touche même. J'oublie les imperfections pour saisir ce qui est essentiel : le coeur de la réflexion, le questionnement universel. Reste juste que cette première partie (la moitié du livre en somme) est un peu poussive et pourrait ennuyer certains lecteurs. Ce serait dommage car la seconde partie m'a très agréablement surprise. Elle tranche assez (le cadre, le rythme de vie et l'arrive du personnage d'Aurore) et me semble bien meilleure, plus captivante bien qu'elle comporte encore quelques clichés (attendus).

Paul vit des moments très difficiles, pour ne pas dire insurmontables au moment où nous le rejoignons. Le titre "Aux âmes sombres" est parfaitement justifié par le contenu du roman comme vous pourrez le découvrir par vous-même si vous décidez de lire cet ouvrage. Cependant, je puis vous assurer qu'il n'est pas aussi désespéré que certains pourraient aisément l'imaginer. Une âme par exemple, c'est le principe vital, transcendant ou immanent de toute entité dotée de vie. C'est assez positif quand même. Quant à "sombres", c'est vrai que c'est moins lumineux, mais ce n'est pas pour autant obscur.
J'ai envie de voir là un côté non définitif, juste passager car tant qu'il y a de la vie sur cette terre, les possibilités qui s'offrent aux vivants sont innombrables pour qui veut bien les saisir (les comprendre et les mettre en oeuvre). Il peut bien évidement y avoir quelques "ratés", mais une chose est certaine, j'ai été complètement absorbée par ma lecture à partir de la seconde partie de cet ouvrage.
Donc après des débuts quelques peu poussifs, répétitifs, caricaturaux parfois, mais non dénués de sens comme on le verra par la suite, j'ai trouvé un texte plus rythmé, vivant, vivifiant et entrainant.

Le final sera différent de ce que l'on pourrait attendre (mais je ne dirai rien même sous la torture) et je me dis : Vivement la suite !
Enfin personnellement, ça ira, elle n'est pas bien loin donc le suspens, je le vis très bien…

Une plume à découvrir, qui se cherche encore, mais qui ne manque pas d'idées.



Et s'il fallait mettre une note : 14 / 20


Les bonus :

Le blog de l'auteur pour mieux le découvrir car oui, il n'a pas sa langue dans sa poche et il y exprime ses idées. Venez vous aussi enrichir le débat : http://www.jerome.fagnoni.fr/
C'est aussi là que vous pourrez commander l'ouvrage.

lundi 21 novembre 2011

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson


Le livre :

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, aux éditions Gallimard, 267 pages, 17 € 90



Pourquoi ce livre ?

Je ne vais être originale et je vais encore vous dire que j'en ai entendu parlé dans mon émission littéraire favorite du jeudi soir sur France 5 : La grande librairie. C'est vrai, je note des tonnes de livres par le biais de ce programme.
Mais ce n'est pas tout, j'avais lu auparavant aussi quelques bons articles dans la presse spécialisée (en littérature). Cela a encore éveillé ma curiosité.
L'invitation au voyage était trop belle pour ne pas être saisie. C'est une expérience que je n'aurai jamais l'occasion de mener moi-même et donc que je vais vivre par procuration grâce à un auteur et un récit.
De plus, c'est à la médiathèque que j'ai pu retirer mon livre sans peine dans le rayon des nouveautés toujours bien garni et donc me voilà partie.
En route pour l'aventure !!!!`
                                                                                                               


Le pitch :

Sylvain Tesson, pour rassasier son besoin de liberté, a trouvé une solution radicale et vieille comme les expériences des ermites de la vieille Russie : s’enfermer seul dans une cabane en pleine taïga sibérienne, sur les bords du Baïkal, pendant six mois.
De février à juillet 2010, il a choisi de faire l’expérience du silence, de la solitude, et du froid. Sa cabane, construite par des géologues soviétiques dans les années brejnéviennes, est un cube de rondins de trois mètres sur trois, chauffé par un poêle en fonte, à six jours de marche du premier village et à des centaines de kilomètres d’une piste. Vivre isolé du monde nécessite avant tout de s’imposer un rythme.
Le matin, Sylvain Tesson lit, écrit, fume, ou dessine. Puis ce sont cinq longues heures consacrées à la vie domestique : il faut couper le bois, déblayer la neige, préparer les lignes de pêche, réparer les avanies de l’hiver… Le défi de six mois d’ermitage, c’est de savoir si l’on réussira à se supporter. En cas de dégoût de soi, nulle épaule où s’appuyer, nul visage pour se lustrer les yeux. L’inspecteur forestier Chabourov qui l’a déposé sur cette grève le premier jour le savait.
Il lui a glissé, énigmatique, en se touchant la tempe : « Ici, c’est un magnifique endroit pour se suicider ». La solitude finira par se révéler fertile : quand on n’a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux ; le carnet de note, un compagnon poli. C’est ce journal que nous offre à lire Sylvain Tesson. En notant minutieusement, presque quotidiennement, ses impressions face au silence, ses luttes pour survivre dans une nature hostile, ses désespoirs, ses doutes, mais aussi, ses moments d’extase, de paix intérieure et d’osmose avec la nature, Sylvain Tesson nous fait partager une expérience hors du commun.
Finalement « la vie en cabane apprend à peupler l’instant, à ne rien attendre de l’avenir et à accepter ce qui advient comme une fête. Le génie du lieu aide à apprivoiser le temps ». Une expérience comme seule la littérature peut la ressaisir afin qu’elle ne soit pas seulement une aventure isolée, mais une aventure exceptionnelle à la portée de tous.


Ce que j'en ai pensé :


La Sibérie n'est certainement pas la première destination que vous choisiriez pour vos prochaines vacances, ni même si vous deviez prendre un long break de 6 mois ailleurs que chez vous.
Je vous rassure, ce n'est pas mon choix personnel non plus, mais ce fut celui de Sylvain Tesson qui n'arrivait plus à trouver assez de réconfort dans ses multiples voyages et errances sur le globe. Pourtant, ces périples, c'était toute sa vie. C'est en marchant, en parcourant le monde qu'il se sentait bien, mais la magie n'opère plus aussi bien. Et c'est dans l'immobilité qu'il pense trouver la solution. Certes, c'est un peu extrême, mais pour lui, c'est presque la routine. Et puis, ce paysage, ces rives du lac Baïkal, il avait promis d'y revenir !

Ce livre est en fait son carnet de bord, ce qu'il a consigné durant cette retraite volontaire du monde (bien qu'il ne fut pas complètement isolé…. On peut même être envahi dans des coins aussi reculés que cela, incroyable, non ?!).
6 mois, c'est long et c'est court. Le temps n'est plus tout à fait le même une fois que l'on sort de notre société de consommation, de ce carcan mondialisé où ce qui a réellement de la valeur est négligé au profit de quêtes aussi futiles qu'éphémères. Pour cela, j'avoue que j'ai un peu la même vision que Sylvain sur le fait que je souhaite avoir un vie, une existence pleine et qui vaut la peine d'être vécue.
Nous lisons donc les lignes écrites par Sylvain Tesson juste avant de se retrouver seul dans sa cabane (on débute avec le voyage qui va le conduire jusqu'à son refuge de rondins sur les bords du lac Baïkal) et jusqu'à son retour parmi nous ou presque.

L'auteur s'étonne lui-même. Il s'attache à des choses, des éléments qu'il aurait cru presque insignifiants auparavant, même si c'est forcément un amoureux de la nature et de ses merveilles pour avoir choisi un tel lieu.
Le voilà quand il parle d'une mésange qui vient le voir régulièrement :
"La visite du petit animal m'enchante. Elle illumine l'après-midi. En quelques jours, j'ai réussi à me contenter d'un spectacle pareil. Prodigieux comme on se déshabitue vite du baryum de la vie urbaine."
Il s'interroge également :
"La vie de cabane est peut-être une régression. Mais s'il y avait progrès dans cette régression ?"
Je m'interroge aussi. Je ne vis pas dans une cabane, mais j'essaie de ne pas trop me laisser happer par notre monde qui a certes du bon, mais qui ne me plait pas toujours. Je m'émerveille encore devant des choses toutes bêtes car je les trouve magiques par leur apparente simplicité alors que c'est en réalité tout le contraire.

On pourrait penser que vivre ainsi en hermine est un calvaire. Certains s'effraient à la perspective de ne pouvoir parler à personne, mais je l'avoue, cela ne me gènerait pas tant que cela. Et puis, 6 mois, ce n'est pas l'éternité non plus. Il faut relativiser.
Sylvain Tesson aime les gens taciturnes et donc le calme. Le fait que l'on ne soit pas obligé de déverser non plus un flot de paroles en continue pour échanger avec autrui est un plus pour lui. Cependant, il se rendra chez ses voisins (des heures de marche dans une météo par toujours clémente : - 32 °, -34° etc...) de temps en temps et recevra des visites dans sa cabane. Reste que parfois, ces rencontres vont presque le déranger :
"Je crois bien que je vais espacer mes visites".
Il va même se retenir de ne pas chasser parfois les visiteurs. Ils dérangent sa tranquillité non d'une pipe en bois !

Les habitudes se mettent en place et sont nécessaires car sans l'oeil critique d'un tiers pour nous faire avancer et une certaine volonté personnelle, l'homme est de nature à se laisser aller.
Sylvain Tesson y trouvera même du plaisir à cette routine imposée, des gratifications qui réchaufferont son âme presque tout autant que son corps. Il vaut mieux d'ailleurs par de telles températures polaires (voir le début du journal de bord).
Je suis un peu étonnée de trouver autant d'allusion à de l'alcool, mais après tout nous somme en Sibérie et les Russes n'ont point la réputation de carburer à l'eau plate. Définitivement, je ne peux pas m'imaginer vivre la même expérience à cause du climat, mais aussi à cause de ce facteur alcoolisé. Il me resterait bien les litres de thé à avaler, mais rien que la perspective de me rendre toutes les 1/2 heures aux toilettes dans ce froid, m'en fait passer l'envie immédiatement. Non, il me faudrait trouver un coin plus tempéré et je crois bien que j'ai ma petite idée, mais chut…. Ce n'est ni l'endroit pour vous le révéler, ni le propos de ce billet.

L'auteur et ses voisins possèdent la faculté de regarder des heures par la fenêtre. Le paysage qui s'offre à eux est plus captivant que bien des programmes télévisés que l'on a chez nous. Sur ce point, je peux les comprendre car j'ai également la chance de bénéficié d'un panorama magnifique : j'ai le Mont-Blanc à quelques encablures à peine. Je ne me lasse pas de l'observer au fil des saisons. Il n'est jamais tout à fait le même. A chaque minute, la lumière est différente, les nuages passent et parfois me le dissimule, mais je sais qu'il est là et je l'imagine, je me projette au delà de ce voile. En bref, il me dépasse, il se dégage une certaine magie, une puissance que Dame nature veut bien me laisser admirer. Le lac Baïkal doit être tout aussi captivant avec ses eaux prisonnières des glaces, ses forêts tout autour, sa faune, les caprices de la météo…
Dépaysement garanti.

Ce journal est agréable à lire même si l'on n'est pas fan de "nature writting" : genre littéraire où se mêle l'observation de la nature qui nous entoure et des considération autobiographiques.
Sylvain Tesson sait agrémenter volontairement ou non certaines de ses pages de traits d'humour qui m'ont bien déridés durant ma lecture :
"Ils ont des gueules à dépecer le Thétchène et ils partagent délicatement leur biscotte avec la mésange."
"25 mai. Je passe des heures à fumer dans mon hamac au sommet de l'éminence, les chiens à mes pieds. A Paris, les miens me croient aux prises avec le froid sibérien, ahanant comme un sourd sur mon billot pour fendre le bois dans le blizzard.
"
Le décalage entre ce que l'on croit connaître et la réalité est à son comble. Cela fait du bien de pouvoir être encore surpris et de se dire que tout n'est pas encore perdu.

Introspection, réflexion, méditation… Tout cela est présent. Six mois pour faire le tour de soi-même et aussi du monde qui nous entoure. On pense également à celui que l'on a quitté et que l'on devra rejoindre passé cette retraite.
Solitude et rencontre, tel pourrait être le sous titre de cet ouvrage qui décidément incite à ouvrir vraiment nos yeux.
Pour moi qui recherche de la profondeur dans mes lectures (même s'il m'arrive de lire des choses très légères également), ce fut parfait. Sylvain Tesson avait emporter avec lui beaucoup de lecture et il fait très souvent des parallèles entre les pages qu'il dévore, celles qu'il gratte et ce qui lui sert de cadre d'existence. Il nous suggère parfois de faire de même sans pour autant partir en Sibérie. Peut-être aurions nous un regard plus neuf alors, plus réaliste, plus responsable ?




Et s'il fallait mettre une note : 17 / 20



Les bonus :

La fiche wikipédia de Sylvain Tesson : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvain_Tesson

La page officielle de l'auteur sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/Sylvain-Tesson-Page-Officielle-%D0%A1%D0%B8%D0%BB%D1%8C%D0%B2%D0%B5%D0%BD-%D0%A2%D1%8D%D1%81%D1%81%D0%BE%D0%BD/101775643215647

Une interview pour le figaro magazine en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=0RgF5EAojBc
Vous verrez, il y a des photos superbes et cela va vous donner encore plus envie de lire ce livre.

Une autre interview à la radio sur Europe 1 avec Marc-Olivier Fogiel mise en vidéo (parce que vous on peut aussi regarder la radio maintenant !!!! lol) : http://www.youtube.com/watch?v=0dCNHIfQu1k

Et enfin un teaser de 10 minutes sur cette expérience qui est aussi exceptionnelle : http://www.youtube.com/watch?v=wCnGiztNOes
A voir absolument !!!
Et sinon, vous pourrez voir ici, le film dans son intégralité : http://www.youtube.com/watch?v=9-CxXrRieCM

lundi 14 novembre 2011

La fabrique du Bonheur de Martin Seligman


Le livre :

La fabrique du bonheur de Martin Seligman, aux édition InterEditions, 362 pages, 24


Pourquoi ce livre ?

Je lis pas mal et je cherche toujours à trouver de quoi alimenter cette passion dévorante.
Je dévalise régulièrement les étalages des librairies, celles des médiathèques dans lesquelles je suis abonnée, mais j'ai aussi la chance parfois de bénéficier de quelques partenariats. Le plus souvent le deal est simple : un livre contre un billet (entendez par là, une critique).
C'est par le biais de l'opération masse critique organisée par Babelio que j'ai ainsi obtenu "La fabrique du bonheur" de Martin Seligman. Un titre qui m'intriguait et m'attirait car je suis toujours à la recherche de mieux être. Je suis une angoissée de nature, assez pessimiste (mais je me soigne), dépressive (là aussi je me soigne) et j'en passe. La vie ne m'a pas toujours fait que des cadeaux (comme pour beaucoup de personnes) et j'essaie surtout d'apprendre à tirer profit (le terme n'est pas très bien choisi), bénéfice de ce qui m'arrive, m'entoure. Voilà, c'est histoire d'apprendre à voir le verre plutôt à moitié plein, que vide. J'y parviens de mieux en mieux, mais si un bouquin avec quelques bons conseils peuvent m'aider à aller encore plus loin, pourquoi pas ? ça ne mange pas de pain donc j'essaie.


Le pitch :

Très complet, enrichi de nombreux questionnaires et tests, cet ouvrage est un manuel d'apprentissage du bonheur.
Il présente au lecteur de façon pratique les conclusions de la psychologie positive et lui montre comment les appliquer dans sa vie. La psychologie positive est en effet l'approche qui a révolutionné la psychologie en renversant son objet d'étude : elle s'est intéressée à comprendre non pas  pourquoi une personne va mal mais ce qui fait qu'une personne aille bien ou comment naît le bonheur.Ce livre constitue ainsi à la fois un manuel de psychologie positive, clair et étayé, et un guide pratique et pragmatique pour comprendre à quoi tient le bonheur, "la vie bonne".
Et se l'appropier !



Ce que j'en ai pensé :

Le préambule de l'éditeur, par lequel on débute notre lecture, présente encore mieux l'ouvrage en question "La fabrique du bonheur" que le pitch lui-même.
On sait que l'on va trouver des questionnaires ainsi que des tests et l'on nous invite à y répondre afin profiter au mieux des enseignements divulgués dans le corps de ce livre. Cela rend l'apprentissage plus personnel et un brin plus ludique aussi (qui ne s'est jamais amusé à faire des tests dans les magazines juste pour voir ce que cela donnait au final ?).
On sait également que le public visé par cette publication est double : le grand public, mais aussi les professionnels. On s'attend donc à un écrit de qualité, bien documenté et cela sera le cas. Les notes en bas de page s'adressent justement plutôt aux professionnels car ils y trouveront les références sur lesquelles Martin Seligman s'est appuyé pour rédiger son ouvrage, ainsi que des explications plus techniques que le profane ne maîtrise certainement pas. L'éditeur nous dit donc sans détour que suivant notre statut, nous pouvons très facilement nous passer de la lecture de ces notes en bas de page. Ouf, je n'avais pas envie de me compliquer plus l'existence, ni ma lecture. Après tout, c'était contraire à ma source de bonheur !!!

Ce que j'ai ensuite retenu de l'introduction, c'est que tout le monde peut augmenter son taux de bonheur et durablement. C'est assez contraire à la pensée populaire et même scientifique qui a bien du mal à quantifié cela. Cependant, c'est possible avec des études appropriées que je ne vais certainement pas toutes vous décrire ici. Ce n'est pas mon propos, mais sachez que c'est rigoureux quand même, en bref, c'est de la science pas du charlatanisme.
Le primordial pour ma part, c'est que rien n'est jamais perdu et que même en partant de bas, j'ai toute les chances de parvenir à une "vie bonne" selon Aristote lui-même !
Tant mieux car tel est bien mon objectif et je ne rechigne jamais devant une opportunité pour parvenir à mes fins (wahou limite je deviendrai diabolique, ah, ah ah !!!!!!)

Partant de faits ou d'histoires concrètes, on parvient sans trop de mal à suivre le raisonnement de l'auteur. Ces illustrations ne sont pas là pour faire joli (d'ailleurs, il n'y a pas de dessins), mais pour fixer chez le lecteur les fondements, les bases de la psychologie positive.
Certains vont dire que c'est de la foutaise tout ceci, mais non, je puis vous assurer que c'est très sérieux. Les maladies mentales ou psychiques ne sont plus prises à la légère et c'est tant mieux. On sait très bien aujourd'hui qu'une dépression prise en charge correctement peut trouver un dénouement positif si elle est légère et traité à temps. De même, les dépressifs chroniques (plutôt mon cas) ressentent un réel confort de vie avec un traitement adéquat et régulier.

Cependant, ce n'est pas un roman. Il faut à mon sens faire quelques petites pauses durant votre lecture afin que le contenu s'imprime, si j'ose dire, dans votre esprit. Il faut mûrir certaines informations. Même mis au niveau du grand public, certains passages restent un peu trop techniques et sur le coup, j'ai eu l'impression de ne rien y comprendre, mais après un moment, l'essentiel me revenait à l'esprit. C'est un peu comme si mon cerveau avait donc fait la synthèse et me redonnait juste ce dont j'avais besoin pour avancer dans ma démarche personnelle.
Ouf, j'étais donc sauvée.

Le titre de l'ouvrage, "La fabrique du bonheur", est bien trouvé car effectivement, la source ne notre bonheur, de notre "vie bonne" est dans nos actes, dans nos forces intérieures. On fabrique véritablement notre satisfaction, nos gratifications, on ne passe pas trop par des raccourcis pour se faire du bien, même si évidement cela est parfaitement toléré. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir avec une barre de chocolat de temps en temps par exemple.

Les petits tests et autres questionnaires sont courts, mais pas si faciles à faire si l'on veut vraiment y répondre correctement.
Ce n'est pas que les questions soient incompréhensibles, pas du tout, cependant, elles sont précises et si l'on souhaite aller au bout de la démarche, on s'aperçoit assez vite qu'elles sont plus complètes qu'elles n'y paraissent de prime abord. Je trouve que c'est un gage de qualité et puis, au moins je me pose sans doute enfin les bonnes questions (?).

Ce que je retiens également de ma lecture, c'est que l'on a tout à gagner à être positif ou à ressentir des émotions positives :
- On est en meilleur santé
- On bénéficie d'une longévité revue à la hausse (et en meilleure forme, ce qui n'est absolument pas négligeable)
- On est plus productif, plus efficient
- On obtient globalement plus de résultats positifs dans notre existence (le positif attire le positif en somme)
- On encaisse mieux les coups durs (on les voit sous un autre angle et on les gère donc différemment)
- On prend plus soin de soi (et quand on se sent bien, on est plus à l'écoute des autres)
- On est plus enclin à partager, plus altruiste, plus populaire, plus attractif, plus social et donc moins centré sur notre nombril
Mais la question que je me posais était la suivante : peut-on donc augmenter son potentiel à être plus positif, à ressentir plus d'émotions constructives pour notre bonheur durable ?

La réponse était elle-même positive ! Ouf.
Il y a bien un facteur génétique qui peut nous brimer légèrement, mais on peut modifier et jouer sur d'autres facteurs tout aussi important dans la construction de notre bonheur.

La nature est assez bien faite, elle nous aide tout au long de notre vie.
Après certaines périodes compliquées, on revient en général dans nos "clous", notre bonheur s'auto-régule comme le ferai un thermostat avec la température dans un appartement.  Il y a bien quelques exceptions (deuil d'un enfant par exemple, mais ce n'est pas un cas que l'on rencontre tous, fort heureusement). Une fois notre maximum atteint, les valeurs bougent peu. Il y a donc une certaine stabilité qui ne me dérange pas du tout, elle me rassure même.
Mais il y a d'autres facteurs qui peuvent nous freiner un peu comme notre faculté aussi à nous habituer à une certaine dose de bonheur. On rentre donc dans l'escalade permanente, on en veut toujours plus. C'est un peu comme les personnes très fortunées qui souhaitent par exemple devenir sans cesse toujours plus riches. Et pourtant l'argent ne fait pas le bonheur (durable), on le sait bien. Cela a même été mesurer scientifiquement comme on nous l'explique dans le livre. Les gens n'ayant aucune difficultés financières ne sont pas plus heureux que les autres de manière significatives.
Chouette, mon banquier peut bien crier, je peux être heureuse ! (lol) Cela vous rassure également, non ? Et puis, souvenez-vous de cette chanson d'Alain Souchon qui disait "Le bonheur c'est d'en avoir plein nos armoires…", mais on le sait, ce n'est pas vrai pour autant. D'ailleurs, je suis en train de devenir de plus en plus minimaliste (sans passer à l'extrême non plus) et je ne m'en porte que bien mieux. Je profite pleinement de ce que j'ai et de ce que je m'offre. Ce moins est en réalité un plus.

Ainsi ce livre me confirme que certaines idées reçues ne sont pas totalement erronées puisque certaines données sont vérifiables, mais on peut également avoir de belles surprises avec ce que l'on croit savoir.
On travaille sur la vision de son passé, du présent et du futur. On consolide donc bien sa "maison" et pour moi, c'est un gage de sérieux que j'apprécie dans ce type d'ouvrage car il faut bien le reconnaître, dans cette thématique, on trouve de tout et souvent du n'importe quoi. Limite, on nous prend pour des débiles, des gogos prêts à avaler des bêtises pour aller mieux.
Alors oui, voir la vie sous un angle plus positif peut aussi nous faire paraître aux yeux d'autrui pour de gentils allumés, mais tant pis. D'ailleurs à ce propos, je trouve que cette citation issue de "La fabrique du bonheur" est parfaite pour illustrer mon propos :
"Ce n'est pas le travail de la psychologie positive de vous dire que vous devriez être optimiste, ou spirituel, ou de bonne humeur ; elle doit plutôt décrire les conséquences de ces traits (par exemple, être optimiste diminue la probabilité d'être dépressif, améliore la santé physique et permet de meilleurs accomplissements avec peut-être en contrepartie d'être moins réaliste). Ce que vous faîtes avec ces informations dépend de vos propres valeurs et objectifs."

J'ai également appris à faire la distinction entre les gratifications et les plaisirs. Cela paraît bête, mais en fait, notre langage ne permet pas toujours de bien les différentier. Et pourtant, ce n'est absolument pas la même chose. J'ai également ainsi mieux compris pourquoi je me sentais fort bien après certaines activités qui ne donnent pas vraiment des sensations agréables (rangement, ménage à fond, certains sports…), mais qui renforçaient quand même ma satisfaction personnelle et par le même biais me gratifiaient.
J'ai aussi appris à distinguer les forces que nous pouvions avoir et ainsi que nos talents propres. La frontière peut paraitre floue parfois, mais là également, j'ai bien compris ce qui les différenciaient. La force pédagogique de l'ouvrage réside vraiment dans les exemples trouvés par l'auteur pour nous amener vers la compréhension et donc l'assimilation des informations.

"La fabrique du bonheur" n'est pas un coup de coeur au sens où j'ai adoré ce livre, mais disons qu'il m'a beaucoup apporté durant sa lecture. C'est pour moi plus un manuel, un ouvrage utile dans lequel j'irai volontiers me replonger de temps en temps pour y puiser quelques explications ou soutien moral pour retrouver toute ma motivation.


Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20


Les bonus :

La fiche Wikipédia de l'auteur, Martin Seligman : http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Seligman

Une vidéo de l'auteur lors d'un séminaire (en anglais) : http://www.ted.com/talks/martin_seligman_on_the_state_of_psychology.html

vendredi 4 novembre 2011

Ces vies-là d'Alfons Cervera






Le livre :

Ces vies-là d'Alfons Cervera, aux éditions de La contre allée, 217 pages, 18€50.


Pourquoi ce livre ?

Je suis une amoureuse des livres, de la lectures et des découvertes que je peux faire au fil des pages. Je me sens alors l'âme d'une exploratrice (pas moins !).
Je suis curieuse (et pour une fois, ce n'est pas un vilain défaut à mon sens) et si je peux parfois me permettre de sortir des sentiers battus de la littérature en partant à la découverte de nouvelles maisons d'éditions et donc d'auteurs, je fonce !
C'est avec joie donc que je participe avec le site Libfly à l'opération : Un éditeur se livre. C'est la quatrième édition et l'aventure est toujours aussi belle car on déniche alors parfois des perles (pour peu que la ligne éditoriale nous convienne) qui sont un peu trop bien cachées du grand public. Il s'agit donc d'une lecture réalisée en partenariat, mais avec une totale liberté d'expression.


Le pitch :

« Elle aurait voulu que nous n’assistions pas à son inquiétante apathie, au présage sans remède d’un final de dévastation. Qui s’accompagne, et elle n’échappait pas à la règle, d’une ineffable vocation pour la cruauté. Le terrain des détails domestiques constitue le champ de bataille où s’affrontaient ses forces à elle et celles des autres. À elle.
Elle, c’est ma mère, elle était en train de mourir depuis qu’un an auparavant elle avait fait une chute dans les escaliers et commencé à mourir de peur. Juste de peur. La tumeur allait venir plus tard, comme viendraient plus tard les papiers qui parlaient de la condamnation de mon père à une peine de prison, dont je n’ aurais jamais soupçonné l’existence. »


Ce que j'en pense :

Le livre que j'ai eu entre les mains était sobre, à la couverture légèrement rugueuse. Pas de belle photo, d'illustration ou de papier glacé puis cartonné. Non, juste une reliure presque brute, minimaliste qui m'a semblé parfaite après avoir lu les deux premiers chapitres.
Le genre autobiographique est porteur (vendeur - il joue sur le côté voyeurisme qui sommeil en chacun de nous même si l'on s'en défend) même si bien avant cette avalanche de titres actuels, on lisait tout autant de récits possédant une large part véridique et personnelle de leur auteur. On le disait, mais à demi-mot, on restait pudique, on laissait un voile transparent. Aujourd'hui, on communique essentiellement sur ce point.
Bon dans ce roman autobiographique donc, rien d'impudique ne vous sautera aux yeux (pas de révélations sulfureuses en vue), rassurez-vous, on est dans une demi pénombre, celle de la fin d'une vie qui en bouleverse une autre.

Il ne faut pas être allergique au mode pavé, non pas que ce livre soit trop imposant avec 217 pages, mais en revanche, les chapitres sont écrits d'une traite, sans aucun retour à la ligne. C'est assez dense, contact, un peu comme le résumé d'une existence justement qu'il est bien difficile de rendre sur papier. 90 ans, c'est long, mais court également. D'ailleurs la richesse d'une vie ne se mesure pas en années, mais de part son contenu.
Teresa est maintenant partie, mais elle reste encore là. Elle est plus présente que jamais dans l'esprit de l'un de ses fils, deux semaines après sa mort.

A noter, j'ai même eu un chapitre entier sans aucune ponctuation, là c'était limite trop. L'indigestion m'a guetté, mais heureusement cela n'a point duré.
Déjà que l'auteur mélange les lieux, les moments de vie de chacun entre le passé, le présent… Il faut s'accrocher un peu.
Son style n'est pas mauvais, mais on ressent bien toute la confusion qui règne en lui après cette perte. Pour un peu, on est dans "Chronique d'une mort annoncée" que je n'avais pas vraiment aimé (je parle du livre, pas du film). Alfons Cervera se répète, revient sur des éléments déjà vu. Je pense que l'ouvrage aurait gagné à être plus court encore car il lasse un peu le lecteur. Au lieu de devenir sympathique, on envie de le secouer un peu. Oui, c'est dur de vivre justement des moments comme cela, oui, le passé peut nous péter à la figure, mais la vie continue. Alors vous me direz que chacun a sa "méthode" pour faire son deuil et je serais entièrement d'accord avec vous, mais là, on est dans un ouvrage qui est destiné à être lu donc cela me fait sans doute plus réagir.

Voilà un ouvrage traduit de l'espagnol qui a pour cadre en partie une ville que je connais assez bien pour y avoir effectué mes études universitaires : Grenoble.
Sans doute est-ce un avantage pour moi car je visionne parfaitement le jardin de ville, la maison de Stendhal avec sa terrasse et sa treille et bien d'autres coins et recoins. Ce qui n'en n'est pas un en revanche, c'est ma mauvaise connaissance de l'oeuvre de l'auteur classique. J'ai mes bases, mais guère plus. Heureusement, les allusions restent humaines essentiellement ou portent sur les plus grands de ses classiques donc je maîtrise encore.

Reste que la lecture de ce livre n'est pas évidente. Non pas que le style fut difficile comme je l'ai déjà évoqué, mais disons que cette fois-ci le thème n'est pas novateur (L'auteur le reconnait volontiers lui-même dans un passage sur l'écriture, les livres et la lecture) et même cet ouvrage peut vous "plomber" un brin le moral. Le récit du décès d'un proche (même d'autrui), en général, cela ne vous incite pas à aller faire la fiesta ?
Et puis, cette présentation peu aérée du texte lui-même induit une lourdeur que l'on ressent déjà dans les propos de l'auteur qui n'éprouve pas que de la haine pour la mort. Il se traine comme un boulet parfois. Il revient sur les 18 derniers mois de sa mère et là aussi c'est lent, pesant, car elle décline, elle s'enlise avant de s'éteindre. Bref, une fin de vie peu reluisante (y en a-t-il d'ailleurs ?) En cela, on éprouve bien les mêmes sensations qu'Allons Cervera. On est lourd, on se traine aussi. Les pages se tournent, mais lentement, au rythme de cette agonie qui semble choisie par la victime elle-même, Teresa.

Il sera question de beaucoup de choses dans cet ouvrage écrit durant un voyage de quelques jours en France d'Alfons Cervera.
On y parlera de la mémoire, des tours et détours qu'elle peut prendre.
On y parlera des maisons et des trésors qu'elles renferment, mais aussi de tous ces objets inutiles depuis des lustres et que l'on garde, entassés pour quel usage ? Pour qui ? On ne sait plus vraiment, mais on les garde, ils rassurent, ils sont l'âme de la demeure comme le soulignera alors l'auteur.
On y parlera de maladie, de la peur.
On y parlera aussi du temps, des temps, celui que l'on mesure et ceux qui nous échappent.
On y parlera de la mort, ce terme de la vie sur terre. Le titre même de l'ouvrage fait références encore à l'existence, à celles de ces êtres chers, mais déjà on sent qu'ils ne sont plus.
D'ailleurs je pense que l'auteur se préoccupe beaucoup de sa propre disparition sans vraiment y penser. C'est assez logique, il se retrouve seul, ses parents sont décédés maintenant et donc dans la logique des choses, le prochain sur la liste, c'est lui-même. On se pose alors beaucoup de question sur cet aboutissement qu'est la mort. On le craint car on ignore ce que cela implique réellement. Le néant ? Autre chose ? C'est l'inconnu et surtout c'est la fin de notre vie qui même si elle n'est pas parfaite, nous tient à coeur !

Voilà donc une lecture qui ne conviendra pas au gens pressés, à celles et ceux qui ne connaissent pas la lenteur, celle que l'on nous impose parfois et qui nous broie. C'est un livre qui m'a touché car je connais hélas la maladie d'un proche (mon père), la lente descente aux enfers d'un autre encore plus proche (mon grand-père).
Certaines phrases ont trouvé un écho en moi et pas seulement parce que la géographie de Grenoble n'a pas beaucoup de secret pour moi (mais cela a été indéniablement un plus).
Je ne peux pas dire que cette découverte littéraire m'a laissé de marbre. Elle ne m'a pas réjouie dans le sens où j'ai un peu cafardé à chaque fois que j'en lisais une partie, mais elle ne m'a pas non plus déplu. Je suis très mitigée et pour la noté, je reste embêtée.
Je crois que je suis aussi confuse que peut l'être ce livre.


Et s'il fallait mettre une note : 10 / 20




Les bonus :

La fiche biographique de l'auteur, Alfons Cervera :
http://www.lacontreallee.com/auteurs/alfons-cervera