mercredi 21 octobre 2009

La musique des mots ---- "Et si on dansait" d'Erick Orsenna - Livre


L’écriture me passionne, mais je l’avoue bien humblement, malgré mes lectures aussi multiples que variées, récurrentes depuis mon enfance, j’ai toujours des faiblesses dans mon orthographe. Les mots se jouent de moi bien plus que je ne suis capable de jouer avec eux.
Quant à la ponctuation, je ne la connais pas si bien que cela. Erik Orsenna décrit d’ailleurs merveilleusement mes rapports avec elle qui sont courtois, mais assez distants :
« La ponctuation ? Jusqu’alors, je saupoudrais mes textes de virgules et de points. Un peu au hasard, il faut l’avouer. »

N’ayant aucune envie de m’endormir sur un ouvrage particulièrement rébarbatif sur les tenants et aboutissants de ce formidable instrument de mesure qu’est la ponctuation, j’ai préféré découvrir un auteur que l’on connaît au moins de nom dans notre jungle littéraire : Erik Orsenna.
Il nous livre dans « Et si on dansait ? » des clefs essentielles pour jouer ces partitions avec ce récit poétique dont je vais vous parler et je l’espère, vous donner envie de le découvrir.

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L’auteur :

Pourquoi ne pas citer cette source d’information où vous allez trouver tout ce que vous voulez savoir sur Erik Orsenna sans jamais oser le demander ? Suivez l’URL et voilà votre souhait exaucé en un clic. La magie des nouvelles technologies…
http://www.erik-orsenna.com/plan.php

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L’intrigue : (4 ème de couverture)

Après « La grammaire est une chanson douce », après « Les Chevaliers du Subjonctif », après « La révolte des accents », Erik Orsenna poursuit les aventures grammaticales de son héroïne Jeanne et de son frère Tom. Ou comment vont-ils découvrir cette fois l’art de ponctuer leur vie…

Jeanne a seize ans désormais. Depuis les débuts de son exploration de la grammaire, elle a grandi et s’est enhardie. Elle est aujourd’hui à la tête d’un commerce illicite : elle rédige et monnaye les devoirs des élèves de l’île. De fil en aiguille, elle va devenir le nègre des hommes politiques et rédiger leurs discours. C’est à cette occasion, l’élargissement de sa clientèle au monde politique, que l’importance de la ponctuation lui saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles. Avec l’aide de Tom, son frère musicien, elle apprend les bases de la musique et du rythme pour parfaire les discours qu’elle écrit. Car qu’est-ce qu’un discours sinon une sorte de chanson où la musique, le ton, le rythme jouent un rôle aussi grand que les paroles ?
Jeanne va trouver à cette recherche un intérêt tout particulier. Car elle est tombée amoureuse. Et la ponctuation n’a-t-elle pas été inventée pour exprimer les sentiments, marquer le rythme du cœur, noter les nuances affectives ?
Alors comment ponctuer un texte ? Comment animer sa vie ? Et si, au lieu de la subir, on la dansait ?

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Ce que j’en pense :

J’ai entendu parler de ce nouvel ouvrage d’Erik Orsenna en visionnant l’une de mes émissions favorites sur France 5, « La grande librairie ». Je ne connaissais pas du tout l’écriture de cet auteur qui a plus d’une corde à son arc. Il est en effet des écrivains que l’on n’a pas encore eut le temps de « rencontrer » soit par manque de temps, soit parce qu’on appréhende d’aborder leur prose. On ne se sent pas à la hauteur.
Il faut pourtant franchir ce premier pas qui coûte tant car de belles surprises nous y attendent.

La couverture a un aspect désuet, pastel, mais dont le charme est presque magique. On est attiré par elle, on a envie d’ouvrir ce livre et d’aller à la rencontre de cette écriture venue d’un autre âge.
Qu’on ne s’y trompe pas, Erik Orsenna est un auteur bien de son temps et certaines références que l’on retrouve dans « Et si on dansait ? » en sont les meilleures preuves. Il y a juste un parfum de classicisme qui flotte, mais c’est plus un air de famille, de nos racines qui flotte ainsi librement et qui nous sert de boussole.

Les personnages de cette intrigue seront reconnus par les fidèles lecteurs d’Orsenna. Il y a Jeanne qui a maintenant 16 ans et sait trouver bien des formes de revenus grâce à son talent pour jongler avec les mots. Il y a aussi Tom, son frère, dont Jeanne s’occupe seule puisque leurs parents, à nouveau amoureux, ont bien d’autres choses à penser qu’à subvenir aux besoins de leurs rejetons. Ahhh l’amour !

Les mots sont donc importants, mais pour qu’ils puissent avoir du sens, une profondeur, il faut aussi que les phrases construites aient une dynamique. Cette dernière dépend essentiellement de la ponctuation, souvent délaissée ou méconnue.
Il y a les signes que l’on utilise à tort et à travers. Ceux que l’on aime plus que tout comme :
« Chères parenthèses qui permettent d’intercaler dans la phrase des précisions, des explications, des remarques personnelles.
Mes professeurs m’ont dit, et répété, qu’elles ne sont pas essentielles au sens, qu’elles ralentissent le rythme, qu’elles alourdissent le texte…
Je suis une fille intelligente. Je comprends ces arguments. Alors pourquoi m’obstiné-je dans ma maladie ? Vais-je continuer longtemps à truffer mes écrits de parenthèses ? »
Il y a aussi ceux que l’on néglige car on ne sait plus très bien à quoi ils correspondent. Je pense alors au point-virgule.
Il existe des signes qui peuvent faire mal comme le point final, mais il en existe d’autre qui ont le pouvoir de redonner le sourire : « Il suffit à un point d’en ajouter deux autres pour que le final devienne suspensif. Et que l’espoir renaisse. »

Des illustrations parsemées dans l’ouvrage en font vraiment un livre d’exception. On est dans le conte qui relate des faits, à la fois fantastiques, mais aussi tellement terre à terre. Cela tient à la fois de la conversation, de l’invention afin de nous détromper…
Un livre qui en plus d’être instructif reste beau. On a envie de s’y plonger, voir de s’y replonger. On part à la pêche aux mots, aux signes de ponctuation… On est dans l’épave (voir le récit complet), on est sur la rive, on est partout.

Un conte que l’on peut lire aux enfants alors en plein apprentissage de notre belle langue parfois un peu retorse. Voilà qui peut les aider à mieux comprendre certaines règles de grammaire, à l’appréhender d’une manière totalement nouvelle et tellement plus ludique.
Ce livre est pour moi un petit bijou de cette rentrée littéraire 2009 et me conforte dans mon choix de me plonger dans le début de cette saga au pays des mots.
Les rêves ont un sens et les contes ne sont pas que de simples histoires pour se distraire. On oublie trop souvent la racine du mot conter : de l’ancien français conter, même mot que compter (graphie savante apparue au XIIIe siècle spécialisée au sens de « calculer »), du latin computare « calculer, compter, prendre en compte » et « énumérer », d’où, par glissement de sens, « conter, raconter », en latin populaire…

Ma note finale : 17 / 20

jeudi 15 octobre 2009

Une fine lame de la fantasy à découvrir ---- "Les lames du Cardinal" de Pierre Pevel - Livre

L’amour que j’ai pour les vieilles pierres et pour l’Histoire de manière plus globale, me vient sans doute de mes lectures passées, mais aussi du fait que j’ai toujours eu un penchant pour les films de capes et d’épées. Alors je vous l’accorde, le passé n’est pas seulement romanesque, mais il est plus propice à stimuler mon imagination débordante.
On peut tout créer avec ces vestiges d’une autre époque, même un avenir différent.

L’univers de la Fantasy française (ou étrangère) ne m’est pas particulièrement familier, mais parfois j’y découvre quelques perles qui me laissent presque sans voix.
La couverture de cet ouvrage de Pierre Pevel : « Les lames du Cardinal » m’a tout de suite attirée. La lecture de la quatrième de couverture m’a stimulée et enfin, la découverte de l’œuvre m’a enchanté.

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L’auteur :

Pierre Pevel, né en 1968, est l’un des meilleurs écrivains de Fantasy français.
Auteur de 7 romans, il a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire en 2002 pour « Les Ombres de Wielstadt » et le prix Imaginales 2005 pour « L’élixir d’oubli ».
Avec une verve et un talent dignes des plus grandes heures du feuilleton romanesque de cape et d’épée, il s’approprie avec bonheur les codes de deux genres littéraires dans ce roman d’aventure et de Fantasy épique.

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L’intrigue :

Paris, an de grâce 1633. Louis XIII règne sur la France et son éminence Armand Jean du Plessis de Richelieu gouverne avec lui. L’une des personnalités les plus puissantes et les plus menacées de son temps, le cardinal doit se garder de tous ceux qui jalousent l’influence qu’il exerce sur le roi, et se prémunir contre les attentats ourdis par les ennemis de la France, au premier rang duquel l’Espagne et sa Cour des Dragons sont plus qu’une simple menace.
Dans cet univers hybride de Fantasy et de roman de capes et d’épées, des intrigues alliant espionnage, politique et sorcellerie menacent de faire vaciller le trône !
Or, en cette nuit de printemps 1633, Richelieu décide de jouer une carte maîtresse et reçoit en secret un bretteur exceptionnel, un fidèle parmi les fidèles dont le dévouement lui a autrefois valu d’être trahi et déshonoré : le capitaine La Fargue, chef des Lames du cardinal. L’heure est venue de reformer cette élite, secrète autrefois, dissoute ensuite sur l’autel de la raison d’Etat.

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Ce que j’en pense :

« Les Lames du Cardinal » est un formidable roman d’aventures où action et magie se mélangent magistralement. Les amateurs de récits de capes et d’épées du 19 ème seront ravis ainsi que ceux de Fantasy. J’avoue que la plume de Dumas doit en vibrer de colère tant le genre est à la fois novateur et respectueux de la tradition. Pierre Pevel réalise là un grand écart entre les genres et le tour de force réside dans le fait de parvenir à marier les deux sans provoquer autre chose que des vagues de plaisir aux lecteurs !
Les intrigues et les dénouements (à plusieurs niveaux) présents dans « Les Lames du Cardinal » seront totalement imprévisibles et interminables. L’auteur sait susciter notre curiosité et provoquer la surprise grâce à une multitude de changements de rapport entre les diverses accointances politiques des parties s’affrontant avec fougue. Nous serons toujours sur la brèche.
L’action sera omniprésente et fort bien retranscrite. On imagine sans peine les batailles, les duels et autres combats armés ou non.

La profusion de personnages ne m’a pas le moins du monde gêné alors que je la redoute d’ordinaire. Elle se justifie et la narration est si bien menée que la confusion n’a pas lieu d’être. Tout le monde a sa place, ses caractéristiques… Encore que les points de vue peuvent, comme dans la vie réelle, évoluer dans le temps.

Les lieux sont aussi fidèlement décrits que cela est possible. Rien ne manque pour nous plonger dans une époque où les complots étaient légion et conservaient néanmoins ce côté aventureux que l’on ne retrouvent plus toujours dans les romans actuels.

L’écriture de Pierre Pevel est très agréable. Les différents éléments du récit s’emboîtent à la perfection. On est toujours tenté de lire encore un paragraphe de plus car le texte est très découpé sur la forme, mais point sur le fond. C’est bien là l’essentiel.

J’ai pris un immense plaisir à lire ce premier volet de ce que j’espère sera sans nul doute le début d’une longue saga. Un second tome vient de paraître sous le titre de « L’alchimiste des ombres » et je compte bien m’y plonger sans plus attendre !

Ma note finale : 18 / 20

lundi 12 octobre 2009




Depuis le temps que je le dis et le répète, vous devez bien le savoir que j’aime les livres. Ils m’entourent partout où je vis, partout où je vais (si cela est possible car je ne dois plus porter de trop gros poids maintenant, sous peine d’être toute cassée avant l’âge).
Côté genre de lecture, je suis très hétéroclite et tout ou presque m’intéresse. Je passe d’un style à l’autre sans aucune vergogne. Pire, j’adore cela !

D’humeur un peu morose pour cause de virus qui s’installe comme chez lui dans mon organisme bien trop accueillant à mon sens pour des profiteurs tels que lui, j’ai jeté mon dévolu sur un livre de poche au titre évocateur : « Ma vie est tout à fait fascinante » de Pénélope Bagieu.

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L’auteur :

http://www.penelope-jolicoeur.com/
C’est là que les aventures tout à fait fascinantes sont nées et se poursuivent avant la sortie d’un prochain opus.

http://www.penelopebagieu.fr/
C’est ici que l’on en sait un peu plus sur l’auteur. En tout cas sur son travail et ses réalisations.

Pour le reste, merci qui ? Merci Wikipédia !

Pénélope Bagieu, née le 22 janvier 1982 à Paris, est une illustratrice française. Elle s'est fait connaître grâce à son blog BD « Ma vie est tout à fait fascinante », où elle expose avec humour des instants de sa vie quotidienne sous le pseudonyme de Pénélope Jolicœur.

Un baccalauréat économique et social en poche, elle passe une année en classe préparatoire, puis entre à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Multimédia et animation sont au programme. En décembre 2006, Pénélope Bagieu sort diplômée de cet établissement. Elle décide alors de revenir à une activité d'illustratrice, et trouve rapidement un agent.

Entre-temps, elle réalise tout de même un court-métrage d'animation, intitulé Fini de rire, qui connaîtra une diffusion sur Canal+ et diverses nominations dans des festivals de films, notamment en 2006 au Festival international du film d'Amiens.

Elle est également à l'origine des illustrations d'une campagne de communication pour les surgelés Marie, sur support télévisuel, en affichage et sur Internet.

En septembre 2008 sort le premier volume de Joséphine, une bande dessinée dont elle assure elle-même les textes et les illustrations, qui met en scène un personnage commandé par le magazine Femina.

Pour Noël 2008 elle met en place le site web Mon beau sapin en partenariat avec la Croix-Rouge et Orange, dont le but est d'offrir des cadeaux aux enfants défavorisés.

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L’intrigue :

Pas de trame à proprement parlé, mais des instantanés de la vie qui justement sont amusants car sortis de leur contexte, ils perdent toute notion de gravité pour ne conserver que leur substance humoristique.

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Ce que j’en pense :

Un dessin ou une petite série de dessins et voilà un billet d’humeur.
C’est simple et cette petite recette a bien pris sur les blogs qui fleurissent un peu partout sur la Toile. Seulement voilà, encore faut-il les alimenter régulièrement et avoir en plus d’un coup de crayon pas trop moche, des idées qui vont faire que l’internaute va avoir envie de revenir.
Pénélope Bagieu a tout cela pour elle et voilà pourquoi elle peu publier maintenant même en dehors d’Internet.

Son graphisme est assez épuré, mais avec un brin de couleur, cela devient beaucoup plus réaliste. C’est suffisamment caricatural pour ne conserver que l’aspect mélo-dramatico-comique de la situation.
Pénélope, c’est vous, c’est elle, c’est moi.
On se retrouve tellement facilement dans ces moments pas si unique de nos existences. On rit de Pénélope, mais aussi beaucoup avec Pénélope.

Petit livre sans grande prétention, mais qui fait du bien au moral, c’est déjà pas si mal en ce temps de crise (même si on nous promet une reprise pour maintenant à l’instant).
J’avoue que l’avoir sorti en format de poche ne présente que des avantages car autant il me plaisait en grand format, autant son prix me freinait. Là, j’ai pu concilier les deux et même ma banquière ne m'a pas téléphoné pour me dire que là, franchement le 67 ème livre du mois, ça commençait à bien faire !

Ma note finale : 15 / 20

vendredi 2 octobre 2009

Ma pomme !!!! ---- "Facebook, et moi ! Et moi ! Et moi ! " De Nina Testut --- livre



Facebook, tout le monde connaît maintenant. Ce réseau social sur la Toile a tellement fait parler de lui et pas seulement en bien, qu’il faudrait sortir d’un long coma pour ne pas savoir de quoi il retourne. Ensuite, personne ne vous oblige à vous y inscrire et à grossir le nombre toujours grandissant de ses utilisateurs, de ses adeptes mêmes.
Je l’avoue, j’en fais partie. Si j’ai mon ordinateur sous la main et une connexion valide à Internet, je m’y connecte. Je trouve cela pratique, ludique, parfois même instructif !

Ce phénomène numérique a inspiré Nina Testut, sociologue. Cette spécialiste justement a étudié celui de la colocation en France, elle ne pouvait pas rater l’occasion de se pencher sur ce buzz planétaire ! Il en résulte cet ouvrage intitulé : « Facebook, et moi ! Et moi ! Et moi ! »

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L’intrigue : (4ème de couverture)

Sur Facebook, se croisent Diane, Vincent, Alice, Mike, Sylvia, Martin, Bob le Chat, Simon, Paul, Marie Mie, la narratrice, et les autres. Des hommes, des femmes, des natifs du numérique, des trentenaires nostalgiques, des networker militants, des intermittents sans spectacle, des no-life : tous ensemble dans l’aire du jeu, s’amusent, s’aiment, crânent, tâtonnent, mâtent, travaillent, militent, partagent, s’agrègent, se rencontrent et se fâchent. Chacun y a droit à son quart d’heure de gloire, à sa vitrine dans l’écran. Facebook est leur domiciliation fixe, le territoire de leur ennui aussi.

À travers ces différents personnages, l’auteur analyse par le trou de la serrure le phénomène de ce réseau social et l’étonnante addiction qu’il provoque chez plus de cent soixante-quinze millions de « moi » dans le monde dont cinq millions de Français ! Qui sont ces gens dans la vitrine, et que font ces « amis » ainsi réunis, pour le meilleur et pour le pire ? Facebook, est-ce l’ère du vide ou de l’intelligence collective ?

Entre fiction et document, Facebook Et moi ! Et moi ! Et moi ! est un portrait humoristique, partial et subjectif de ce théâtre numérique, une photographie de l’air du temps illustrée par les dessins de Jean-Marc Dumont.

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Ce que j’en pense :

Je suis une utilisatrice de Facebook depuis plus d’un an et je crois en connaître assez bien les rouages. Cependant, je reste curieuse et je ne suis jamais contre prendre l’avis de personne extérieure. De plus si ce que l’on me propose est agréable à lire, amusant même tout en restant sérieux sur le fond, alors je signe en bas de la page sans même y réfléchir plus longtemps.
Je suis comme cela !

Nina Testut n’est pas là pour pointer son doigt accusateur sur les utilisateurs de Facebook. Elle ne critique pas et souhaite simplement voir dans ce nouveau phénomène numérique le reflet des rapports humains d’aujourd’hui. Elle a envie de nous montrer combien ces nouveaux moyens de rester en contact, nous pousse sans doute vers plus d’individualisme que jamais. On est bien dans le règne du Moi surdimensionné. On ment sans vergogne, on se ment encore plus. On se dévoile toujours plus qu’on ne le croit.

L’auteur ne se voile pas la face et précise même les points noirs de la « bête » : Les questions de vie privée et d’utilisation des données personnelles demeurent l’une des grosses bêtes noires de Facebook, et les critiques sur le système tournent bien souvent autour de ce point. »
Et pourtant Facebook, c’est un monstre, un géant. Il peut faire peur, mais que penser quand on connaît ces chiffres ?
«Facebook, c’est quoi ? Un réseau social, un pilier de la galaxie Web 2.0, une plateforme communautaire, un agrégateur de contenus et de fonctionnalités. C’est aussi le plus beau coup d’Internet ces dernières années, un développement exponentiel, une valeur estimée à plusieurs milliards de dollars : un gros business. C’est, en mars 2009, 175 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 5 en France, soit une concentration incroyable de données, un abysse juridique. »

On apprend une foule de choses qui nous font plus ou moins plaisir comme par exemple le fait qu’à plus de 30 ans, on est catalogué sans vergogne comme un vieux croûton. Le nombre moyen d’amis est de 120 ; j’explose donc cette donnée avec mes 418 contacts. Je tiens à préciser que tous ne sont pas des amis intimes et véritables. Je sais ce qu’est un réseau et je ne me berce pas d’illusion non plus. Il n’empêche que grâce à ces « amis », mes journées sont bien remplies et les échanges parfois très riches.
« Ami, c’est plus fun que contact, il fallait personnaliser l’interface, le système. On est quand même là pour s’amuser. Ami sur Facebook, c’est un gros hold-up et c’est peut-être la clef du succès après tout. C’est un gros hold-up parce qu’on me vole le sens d’ami, on m’en dépossède, puisque tout le monde devient mon ami même ceux qui ne le sont pas. Or c’est précieux un ami. »
Et puis, on peut avoir des centaines d’amis sur Facebook et vouloir s’inscrire à ce groupe : « J’ai 100 amis Facebook et je déjeune seul à la cantine. »
Reste qu’en avoir un maximum (d’amis) reste un des objectifs que tout le monde ou presque a sur Facebook. « Parce qu’avoir pleins d’amis, c’est la classe. C’est glamour. Ça dit de nous que nous sommes digne d’intérêt, peut-être même un être séduisant, drôle, intelligent, irrésistible, voire un peu connu. ». Notre ego est flatté, on ne veut pas être la honte nationale. Ah oui, Nina Testut appuie là où cela peut faire mal, mais rien de bien grave, on ne meurt pas de ces petites blessures de son moi tout-puissant ! lol

L’analyse est fine, moderne, actuelle et valable pour bien d’autres réseaux sociaux que Facebook, dont le fameux Twitter, très à la mode en ce moment.
On ne s’ennuie pas et on lit rapidement cet essai (où se mêle aussi des éléments fictifs pour que le récit soit plus facile et crédible) qui va nous faire aimer la sociologie car ce livre n’est pas du tout une thèse, ni une étude au sens académique du terme. Chic alors, on sort des sentiers battus, mais on se cultive tout de même.
Merveilleux !


Ma note finale : 15 / 20