lundi 27 février 2023

Le livre de Liane d'Agathe Lemaître


 

Le pitch : 

 

« Je l’affirme haut et fort : les mots peuvent tuer. »


Louise a quitté Toulouse pour une carrière loin des siens, à Singapour. En 2018, le jour de son anniversaire, alors qu’elle guette l’arrivée du premier texto, les mots de son père rompent la quiétude de la nuit. Liane, sa petite sœur, celle avec laquelle elle rêvait de parcourir le monde, a été retrouvée suicidée dans son studio.


Passé la déflagration de l’annonce, Louise n’a qu’une obsession : retracer les derniers mois de la vie de Liane pour comprendre ce qui l’a menée à ce geste définitif. Ce qu’elle va découvrir, jamais elle n’aurait pu l’imaginer. 

 

Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. À partir d’archives policières et du journal intime de sa sœur, Louise a remonté le fil de la tragédie. Cette tragédie porte un nom : harcèlement scolaire. 

 

Liane rêvait de devenir criminologue et écrivaine. Ce livre lumineux écrit à quatre mains, c’est le sien, Le Livre de Liane, pour dire la souffrance, les silences, la solitude. Célébrer aussi : la dignité et le sens du combat des victimes qu’on entend ici à travers sa voix.

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Le harcèlement scolaire est trop fréquent et il laisse des traces. Il pousse même un certain nombre de jeune gens à l’irréparable. Je ne l’ai pas connu et si ma fille aînée y fut confrontée, elle a eu le courage de nous en parler assez vite. On lui avait, comme à sa sœur, maintes fois dit que si un jour, un truc ne se passait pas normalement, il fallait en parler à un adulte. A nous, ses parents ou à toute autre personne pouvant l’aider. On a effectivement ouvert d’emblée cette possibilité car il est parfois plus simple, moins intimidant de se confier à un tiers. Le problème fut réglé en quelques semaines car tout le monde a pris les choses au sérieux. Nous avons eu de la chance. 

 

Le roman d’Agathe Lemaitre témoigne que d’autres fois, c’est bien plus tragique. 

Cet écrit traite d’ailleurs à mon sens plus du questionnement sur le mal être qui pousse la victime à ce geste ultime que sur le harcèlement proprement dit. Il traite également du deuil quasi impossible quand on n’a pas vu les signes avant-coureurs du drame. 

Durant ma lecture, j’ai plus été prise par Louise que par Liane sauf quand celle-ci parlait des faits mêmes liés au harcèlement qu’elle a subi des années durant dans une indifférence qui faisait certainement plus mal encore que les brimades verbales, les railleries, les gestes déplacés, les messages insultants… Je pense qu’à un moment donné, il est impossible de se taire ou de ne pas intervenir. Cela peut prendre plusieurs formes et cette absence est assourdissante. Alors quid des autres élèves, adultes ? 

 

Le style et la construction du roman est bien pensée. Elle laisse la possibilité d’entendre Liane, mais encore une fois, en dehors de certains passages évoquant les différentes phases du harcèlement, beaucoup des « extraits » de ses écrits ne sont pas assez forts. Ils ne m’ont pas permis de me sentir plus proche d’elle. Ils étaient pourtant dits plus personnels, moins directement liés à la narration des faits qui l’ont poussé au suicide. Certains m’ont même paru sans intérêt… Pourquoi ? Je ne saurai le dire. 

Louise et son impossibilité de faire son deuil m’a touché aussi, mais ensuite, je ne l’ai plus comprise. Ses proches non plus, qui échaudés auraient dû intervenir dans sa propre chute. 

Le final de l’ouvrage est… surprenant. Barré, mais pourquoi pas. C’est là que la fiction a le plus repris ses droits et c’est une idée. 

 

C’est un livre important qui pourra parler à plus d’une personne. Je pense qu’il serait intéressant que les médiathèques ou les CDI des établissements scolaires en possède un exemplaire. C’est aussi typiquement le genre de texte contemporain que l’on peut étudier en classe français.




mercredi 22 février 2023

Mamie Luger de Benoit Philippon

 



Le pitch : 

 

Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave.
Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Je l’avoue, je tourne autour de ce livre depuis quelques années, mais je n’ai pas pris le temps de le découvrir. La version audiolib est arrivée et là je saute le pas. 

Aucun regret sauf celui peut-être d’avoir tant attendu pour découvrir ce petit bijou.

 

Un coup de cœur !

 

Cela faisait un moment que je n’avais pas été autant surprise, ni émue par un récit qui l’air de rien vous colle quelques baffes bien senties ! C’est revigorant, vivifiant d’être ainsi un peu malmenée. 

Franchement, Benoît Philippon fait très fort. Avec son style qui n’est pas sans rappeler « Les tontons flingueurs », il a su avec sa galerie de personnages dont Berthe est le diamant, nous écrire un roman féministe (oui c’est un homme qui écrit et alors ?!), drôle, mais terriblement émouvant aussi, actuel tout en faisant la part belle à ce passé qui n’était pas mieux.

De 1914 à 2016, on aura une belle fresque de la société française et ce n’est pas joli-joli. Pas de quoi faire les coqs ! 

 

A découvrir de toute urgence car la vie de Berthe n’est pas un long fleuve tranquille. 

Le final est forcément grandiose avec ce petit truc qui va vous vriller un peu l’estomac et les glandes lacrymales. 

 

 

 

Détails techniques : 

 

Auteur

Benoît Philippon

Lu par

Fabienne Loriaux

Collection

Policier / Thriller

Éditeur d'origine

Les Arènes

Durée

8h52

 

 

EAN

9791035411961

Prix du format numérique

22,95 €

shopping basket

EAN numérique

9791035411961

Date de parution

25/01/2023

Code article

7865311

Format

Fichier audio

Poids

731 (Mo)

 




jeudi 16 février 2023

Celle qu'il n'attendait pas de Luca Casalanguida et Maryko

 


La quatrième de couverture :

 

Camille passe tout son temps libre devant une grande bâtisse sans que personne ne comprenne à quoi elle rêve. Mais un beau jour, le propriétaire Roland Mars, un vieil écrivain discret, l'embauche pour des travaux subalternes. Construite sur le modèle du temple de Louxor, la maison se révèle être un lieu initiatique duquel la jeune femme ne ressortira pas comme elle y est entrée...

 

 

 

Ce que j’en pense. : 

 

Un beau roman graphique en one shot.

La couverture est un appel à la lecture auquel je n’ai pas résisté. Ensuite… 

 

Cet album est un parfait exemple du fait que les planches ne sont pas une simple option, mais qu’à elles seules, elles peuvent en dire tout autant qu’un long texte. On alterne des passages avec des explications plus ou moins longues, des dialogues rapides et des pages sans aucun texte. C’est très bien ainsi. 

 

Graphiquement, c’est pas mal, mais ce n’est pas mon approche préférée. 

Les couleurs cadrent parfaitement avec l’ambiance. 

Les textes sont parfois ou trop courts ou trop longs… Mais franchement, le sujet traité n’est pas aisé. 

 

L’intrigue reprend pas mal d’idées déjà vues ou lues ailleurs, mais l’ensemble ainsi ficelé n’est pas mauvais du tout. Cela se lit globalement très bien et d’une traite. On ne s’ennuie pas. 

Camille est intrigante, plus que Roland Mars à mon goût. Après je pense que j’aurai apprécié encore plus un diptyque pour aller un peu plus loin. Certains passages sont comme les dialogues ou explications : trop rapides.




mercredi 8 février 2023

Le roi et l'horloger d'Arnaldur Indridason


 

La quatrième de couverture : 


Arnaldur Indridason met tous ses talents d’auteur de roman noir mondialement reconnu, sa maîtrise de l’intrigue, du découpage, du rythme de l’action ainsi que du suspense, au service d’un grand roman historique et d’une œuvre littéraire magnifique sur la paternité et sur les relations des hommes qui ne savent pas se parler.

Au XVIIIe siècle, l’Islande est une colonie danoise, gérée par les représentants de la Couronne qui souvent usent de leur autorité pour s’approprier des biens, en profitant en particulier des lois qui condamnent les adultères à la peine de mort. Le roi Christian VII, considéré comme fou et écarté du pouvoir, traîne sa mélancolie à travers son palais jusqu’au jour où il rencontre un horloger islandais auquel a été confié un travail délicat. Une amitié insolite va naître entre les deux hommes. À travers la terrible histoire du père de l’horloger, le souverain va découvrir la réalité islandaise et se sentir remis en cause par la cruauté qui s’exerce en son nom.

Des ateliers du palais aux intrigues de la cour et aux bas-fonds des bordels de Copenhague, nous accompagnons ces héros dans leur recherche tragique et vitale.

Un grand roman captivant et violent qui émeut le lecteur et le trouble en un crescendo qui va le laisser ébloui et inquiet devant la complexité du monde des sentiments que nous révèle Arnaldur Indridason.



Ce que j’en pense :  


Je connais un peu l’écriture d’Indridason avec ses romans policiers. C’est très différent ici. J’avoue que j’avais très envie d’être justement un peu bousculée, surprise par ce changement de registre, de thématique, de catégorie qui est en réalité un retour aux sources pour l'auteur (si on s'en tient à sa formation et ses débuts professionnels). 

Ce fut hélas un peu la douche froide pour moi. 


J’ai été effectivement décontenancée. Là n’est pas le problème en soi. Je le souhaitais, pas de déception sur ce point. 

J’ai été déçue en revanche par certains passages et par le style de l’auteur. Des répétions, des tournures, des situations qui m’ont paru lourdes, pesantes. Envie d’aller plus vite même si une certaine lenteur n’est pas toujours désagréable. Là, cela m’a agacé. 

Et pourtant, j’ai aussi trouvé certains passages très bien. De beaux détails, plus de profondeur (ce qui rendait le reste plus insupportable au final). Bref, une désagréable sensation de déséquilibre. 


Je ne nie pas le travail, ni le soin apporté par son auteur à ce récit. Ce serait lui faire injure. 

Juste, je crois que je ne suis pas parvenue cette fois à me laisser porter par cette histoire qui est pourtant originale, belle et aurait du me faire voyager dans le temps et les contrées. L’Islande tout de même ! Et puis un roi, un personnage de condition plus humble, mais à l’histoire riche, d’autres personnages encore ayant des existences rudes, tragiques, courageuses ou au contraire plus perfides comme leurs ambitions. Il y avait de la matière à...


Le roi a bien rencontré son horloger, son histoire et le reste. 

Personnellement, j’ai raté ce rendez-vous. Décidément, les histoires de timing…