lundi 23 septembre 2019

Tout quitter d'Anaïs Vanel



Rentrée littéraire 2019


Le livre : 

Tout quitter d’Anaïs Vanel aux éditions Flammarion, 192 pages, 18 € 00.
Publié le 25 septembre 2019



Pourquoi cette lecture : 

Il s’agit d’un partenariat pour cette rentrée littéraire 2019.



Le pitch : 

« Un jour, j’ai acheté un Berlingo. J’ai mis quelques cartons dans le coffre et je suis partie. J’ai pris la route comme ça. Après ma journée de boulot, comme on part en week-end. J’ai avalé les kilomètres, en écoutant King of the Road, de Roger Miller. Et enfin. Les pins. Les dunes. Les embruns. L’appartement. J’ai éventré les cartons. Trouvé mon maillot de bain. Et je suis allée me jeter dans les vagues. »

Au rythme des saisons et des vagues de la Sud, la grande plage près de laquelle elle vient de s’installer, Anaïs retrouve les souvenirs qui habitent en elle. Devant l’étonnante simplicité des choses, tout quitter signifie la réconciliation avec soi.



Ce que j’en pense : 

Trouver un livre qui fait du bien n’est pas si facile. La plupart des romans tournent autour de sujets graves, pesants, terrifiants parce que oui, lire juste une intrigue où rien de méchant ne se déroule, cela peut vite être ennuyeux. Le bonheur, la joie de vivre, le plaisir ne sont pas forcément très vendeurs. 
Pour autant, je pense que trop regarder la noirceur de ce monde ne peut qu’être nocif. Vivre dans un environnement toxique l’est tout autant. Il faut donc trouver la force, le courage de partir, s’en donner les moyens. Anaïs Vanel l’a fait et dans son roman autobiographique (mais pas que), elle nous donne énormément. 

Parce qu’elle n’en pouvait plus, parce que c’était devenu une évidence, presque une question de survie, elle est partie d’un monde trop surfait, trop surestimer pour se reconnecter à ses rêves d’enfants, à une couleur (le bleu), à un monde plus tangible, plus véridique, palpable, plus simple…

Son texte se découpe en quatre parties, en suivant le rythme des saisons. 
Anaïs reconquiert le temps, celui qui passe, mais sans tout écraser sur sa route comme celui qui est lié au stress du toujours plus vite, toujours plus fort. Là, on respire, on sent, on prend la mesure des choses, on les touche, on les vit. Parfois, on replonge dans le passé pour y retrouver des racines qu’on avait oubliées, caché sous des tonnes de devoirs que l’on pensait incontournables. Ces coups d’œil dans le rétroviseur font que l’on s’enracine dans ses choix. Cela fait sens. 

Je me suis forcée à ne pas dévorer ce livre pour mieux le savourer et faire mienne cette expérience qui me parle vraiment et profondément car elle s’inscrit dans un désir commun avec ma moitié. Tout quitter, Anaïs Vanel l’a fait. Nous, on y songe et comme elle, on attend juste le déclic qui viendra car pour aujourd’hui, c’est impossible, mais demain ? On attend la vague et Anaïs est bon professeur, guide et amie. Elle a trouvé ce qu’elle cherchait, notre quête est différente, mais pas si éloignée. 

Un livre qui fait du bien, qui conforte et réconforte. 
Un livre à picorer encore et encore.



Et s’il fallait mettre une note : 17 / 20


Pour aller plus loin : 

lundi 2 septembre 2019

Le temps des orphelins de Laurent Sagalovitsch


Rentrée littéraire 2019 



Le livre : 

Le temps des orphelins de Laurent Sagalovitsch aux éditions Buchet-Chastel, 224 pages, 16 € 00.
Publié le 15 août 2019


Pourquoi cette lecture : 

Il s’agit d’un partenariat.
Le sujet, grave, a été mainte fois traité, mais chaque regard est différent.


Le pitch : 

Avril 1945. Daniel, jeune rabbin venu d’Amérique, s’est engagé auprès des troupes alliées pour libérer l’Europe. En Allemagne, il est l’un des premiers à entrer dans les camps d’Ohrdruf et de Buchenwald et à y découvrir l’horreur absolue. Sa descente aux enfers aurait été sans retour s’il n’avait croisé le regard de cet enfant de quatre ou cinq ans, qui attend, dans un silence obstiné, celui qui l’aidera à retrouver ses parents.

Quand un homme de foi, confronté au vertige du silence de Dieu, est ramené parmi les vivants par un petit être aux yeux trop grands.


Ce que j’en pense : 

L’ouvrage est sorti durant l’été pour débuter cette rentrée littéraire 2019 et force est de constater que ce n’est pas une thématique légère. C’est rarement le cas, vous me direz dans la pléiade de romans qui sortent pour cette occasion, mais tout de même. 
Sujet éculé ? Vu et revu ? On a déjà tant écrit sur la Shoah, c’est vrai, mais pourra-t-on un jour dire que tout aura été dit ? Je ne pense pas. Ce roman est donc le bienvenu avec sa vision, ses personnages, son récit.

Roman assez court, il n’en demeure pas moins fort. 
Certes le sujet ne peut pas être mièvre, il choque encore et c’est tant mieux. 
On croit tout savoir, mais on est vite rattrapé par un détail, une pensée. Et on prend une douche froide là où l’on pensait être presque à l’aise, limite immunisé par justement une connaissance plus ou moins complète de la période historique, le thème particulièrement atroce et globalement bien documenté. 

Le choix du protagoniste principal m’a surprise dans le bon sens. C’est la première fois que je retrouve un jeune rabbin dans cette situation. Daniel savait que la guerre lui donnerait des visions d’horreur, mais à ce point ? Qui aurait pu l’imaginer ? Quasiment personne et certainement pas un jeune homme doué de sensibilité et foi, venu apporté un peu de réconfort dans la barbarie des hommes. 

J’ai vraiment aimé l’abime qui sépare ce que vit et découvre Daniel avec notamment la première lettre de sa jeune épouse Ethel qui débute le roman. Comment passer de la futilité, du gaspillage (un cake au citron jeté à la poubelle) alors que sur le vieux continent, tout est rationné, que les rescapés des camps sont plus morts que vifs ayant subi des privations inhumaines sans parler de tout le reste…. 

Après, on peut reprocher à l’auteur des maladresses (certaines comparaisons m’ont semblé déplacées ou pas forcément adéquates) ou des omissions, mais je n’ai pas envie de m’y attarder trop car cette lecture possède plus de qualités que de défauts. Même ces derniers nous ramène vers le côté dérisoire de nos mots pour tenter de raconter l’indicible. 


Et s’il fallait mettre une note : 15 / 20