mercredi 7 février 2024

L'homme sans sommeil d'Antonio Lanzetta

 


Le pitch : 

 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Bruno, treize ans, vit dans un orphelinat près de Salerne, et est soumis au harcèlement constant de ses camarades. Seule son amitié avec Nino, le petit nouveau qui prend sa défense, parvient à rendre son séjour dans l’institution supportable. L’été apporte un vent de liberté et Bruno et Nino sont choisis pour travailler chez les Aloia, une riche famille des environs. C’est là que Bruno rencontre Caterina, une étrange petite fille qui vit au dernier étage de la maison et qui lui fait découvrir les recoins de l’imposante bâtisse. Mais le jeu prend vite une tournure sinistre : Bruno commence à être tourmenté par d’inexplicables cauchemars, qui le laissent exténué à son réveil. La mise au jour, dans la propriété d’Aloia, de plusieurs cadavres en état de décomposition avancée jette un voile inquiétant sur la villa et ses habitants. À qui appartiennent ces corps ? Et pourquoi tout le monde semble savoir quelque chose que personne ne veut révéler ? 
Cette histoire est celle d’une amitié, de souvenirs brisés et d’un tueur brutal qui se nourrit de la peur de ses victimes. C’est l’histoire de Bruno, et de l’été où il est devenu l’Homme sans Sommeil.


« Un livre hautement recommandé pour tous les amateurs de thrillers et de romans noirs. » - Milan noir

 

 

 

 

Ce que j’en pense : 

 

 

L’auteur, Antonio Lanzetta, que j’avoue humblement n’avoir jamais lu auparavant et qui m’était totalement inconnu, m’a été présenté comme étant le Stephen King italien. Le moins que je puisse dire, c’est que la comparaison n’est pas anodine. Elle peut être lourde à assumer. D’ailleurs, je ne m’aventurerai pas sur ce terrain car je n’aime pas trop faire des comparaisons entre les auteurs qui doivent avoir chacun leur style, leurs qualités voir quelques défauts même si tout ceci est subjectifs. Et puis, mes lectures de Stephen King remontent à si longtemps que ce serait sans fondement.

En revanche, je puis dire que j’ai pris du plaisir à lire et découvrir ce roman classé dans le registre des thrillers. C’est déjà bien non ?

 

« L’homme sans sommeil » se lit aisément et même si au tout début, on doute un peu de ce que l’on croit comprendre, qu’on se demande si on a bien lu… On est vite conforté ou non dans nos impressions et on plonge dans l’intrigue. 

J’ai pris mon temps pour lire ce roman qui a une longueur parfaite. Ni trop, ni trop peu. J’ai eu envie de m’immerger et de vivre complètement cette histoire. Parfois, on dévore littéralement un livre, mais on est aussi un peu déçu du coup de quitter tout ce que nous happait. 

Les personnages sont en nombre raisonnable et on les identifie très bien. Aucune confusion. Chacun a son importance et amène une pierre à l’intrigue qui elle-même est bien construite. Pour une fois, je n’ai pas tout deviné à l’avance avec des ficelles plus ou moins grosses et sans être non plus totalement surprise, c’était agréable. 

Je n’en dirai pas beaucoup plus car je trouve que ce serai vous gâchez votre lecture. Entrez donc dans cette histoire venue du passé qui n’est peut-être pas terminée. 

 

Une petite remarque sur la belle couverture de ce livre. Beau choix d’illustration, de couleurs, de typologie… Sobre, mais efficace tout en étant élégant. 





lundi 17 juillet 2023

Le bureau d'éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant


 Le pitch : 

 

Au cœur de l’Allemagne, l’International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d’investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu’elle élève seule depuis son divorce d’avec son mari allemand.  
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé… Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent. 
Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l’Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d’éclaircissement des destins, c’est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l’Europe. Une fresque brillamment composée, d’une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent. 

 

 

 

Ce que j’en pense : 

 

C’est avec une découverte presque faite au hasard que l’auteur trouve l’idée fil rouge de son roman (les archives Arolsen en Allemagne qui depuis l’après-guerre détermine ce qui est arrivé aux victimes de la Shoah et plus globalement de la persécution Nazie). C’est assez fréquent d’avoir ainsi des idées qui fusent au détour d’informations qui nous parviennent, mais pour construire un récit tel que celui qui nous est livré, il a fallu en faire bien d’autres des recherches. Il y a eu tellement de livres écrits sur cette thématique et pourtant on n’en fera jamais vraiment le tour car chaque victime, chaque personne ayant vécu cette période aura sa vision. Et les autres ne pourront qu’imaginer… 

 

Le personnage d’Irène lui aussi arrive dans ces archives un peu par hasard et elle se prendra plus qu’au jeu. Cela va devenir une passion, une vocation. Ce côté « Sherlock Holmes » pour retrouver les descendants des victimes devient une seconde nature. Et évidemment, tout cela va impacter sa vie de manière plus personnelle. 

 

Ce livre est au final une ode à la vie plus qu’un rappel de la mort des toutes ces personnes disparues dans des conditions horribles. Avant d’avoir été des victimes, c’étaient des personnes bien vivantes et la restitution de ces fragments de vie, c’est les maintenir dans notre monde des vivants. On est dans l’entretien de la mémoire car le livre est très contemporain, tourné vers les jeunes générations, porteuses forcément d’espoir et pleine de vie, de promesses pour l’avenir alors que la guerre qui a tant détruit, laissé des traces si profondes, on essaie d’en tirer des leçons de vie. 

 

Tous les personnages du roman sont très forts et si on en préfère toujours certains à d’autres comme dans le monde réel, ils n’en sont pas moins ultra réalistes, bien pensés, si bien incarnés. 



Eloge de la surface de Tilla Relmani et Stella Lory

 


Le pitch : 

 

Yasmina, psychologue de 35 ans, est consommatrice de programmes de télé-réalité. Petite dernière d'une brillante famille d'universitaires, elle décide de leur prouver que la télé-réalité est un sujet de recherche digne d'intérêt et parvient à se faire embaucher sur le tournage d'une émission comme journaliste.
Plutôt que de s'arrêter au constat méprisant que ces émissions sont au mieux mainstream et au pire avilissantes, les autrices interrogent avec intelligence et humour les mécanismes psycho-sociaux qui viennent se nicher dans ce désir addictif de regarder l'intimité d'inconnus à la TV.
Un décryptage entre humour et analyse documentaire, grâce au regard de Tilila Relmani, psychologue passionnée de télé-réalité et nourrie d’échanges avec des journalistes spécialistes du sujet.

 

 


 

 

Ce que j’en pense : 

 

Avec cette bande dessinée, vous allez tout apprendre et comprendre le pourquoi du comment ça marche en fait la téléréalité. Oui en gros, c’est toute la téléréalité pour les nuls ! 

Que vous soyez consommateur ou pas de ce type de programmes, on gagne à mieux cerner la chose et ainsi à ne pas rester sur des idées préconçues. Quoiqu’on en dise, on a en toutes et tous en tête. J’avoue que mes propres connaissances en la matière étaient des plus limitées ou datées et j’ai ainsi pu dépasser certains stades assez primaires de mon raisonnement. 

 

J’ai certainement plus apprécié le fond que la forme car les dessins ne m’ont pas enthousiasmé, même si je leur reconnais très volontiers une efficacité certaine. Et c’est le principal car ils n’ont pas été un frein non plus. 

 

C’est encore une fois un titre qui gagnerait à se trouver mis en valeur dans les CDI des collèges et lycées, ainsi que dans les médiathèques pour toucher un maximum de public. Et un public averti en vaut bien d’autres ! 

mardi 27 juin 2023

Le cycle de Lyoness, tome 1 : Le jardin de Suldrun de Jack Vance


  

Le pitch : 

 

Autrefois, sur des îles aujourd’hui englouties sous les flots de l’océan Atlantique, s’étendait une contrée où les créatures magiques vivaient en harmonie avec les humains. Un monde de magnificence, d’aventure et de sombre magie. De ces Isles Anciennes, jadis, les ancêtres du roi Arthur s’étaient élancés pour atteindre les côtes de l’Angleterre. Là vivait Suldrun, une princesse dont la beauté mélancolique déchaînait toutes les convoitises et pouvait servir l’ambition sans limite de son puissant et malfaisant géniteur, le roi Casmir de Lyonesse. Un jour, la jeune fille découvre sur une plage le corps presque sans vie du prince Aillas de Troicinet...

 

 

Ce que j’en pense : 

 

Voilà longtemps que je ne m’étais pas lancée dans une lecture (même audio) d’une trilogie fantasy. C’est un genre que je délaisse un peu et j’ai tort. Mon âme d’enfant s’y plait : La magie, les créatures fantastiques, les chevaliers, les rois, les princesses…. Et même un fond de véracité si on cherche un peu profondément… Enfin qu’est-ce qui est vrai en ce bas monde… ? On se le demande… N’est-ce point de la poudre aux yeux ?

 

Le roman est riche, les personnages très nombreux et fort heureusement l’écriture est assez méthodique pour que toutes les pièces se mettent au fur et à mesure en place. Pas d’affolement donc au début où franchement, on se dit : Je n’y comprends plus rien, mais qui est qui et qui fait quoi ? Les jeux de pouvoirs ? Laissez-vous guider. 

 

La version audio doit beaucoup au lecteur qu’est Marvin Schlick. Il sait moduler sa voix, la faire changer suffisamment pour que l’on ne confonde pas les divers protagonistes qui interagissent. Il donne corps et vie au texte.

 

Après oui, on pourra dire que c’est assez caricatural. On y trouve bien des poncifs. Certaines ficelles sont un peu grosses, mais en me glissant dans ce récit un peu chaque jour, j’avais l’impression qu’on me racontait justement un conte long et pas désagréable du tout au final. J’ai même envie de poursuivre avec les deux prochains volets. Je suis restée une grande enfant qui aime les histoires.

GILTLa guilde des temporalistes indépendants d'Alisa Kwitney et Mauricet


 

Le pitch : 

 

GILT, c'est Sex in the City + Absolutely Fabulous + Code Quantum, saupoudrés de Twilight Zone ! C'est surtout un envoutant récit de fantaisie et de SF, signé Alisa Kwitney (The Sandman Presents) et du dessinateur belge Mauricet (Harley Quinn).

Hildy Winters est une survivante, une dure à cuire de l'Upper West Side de New York, une sacrée vieille bonne femme qui possède son propre portail lui permettant de voyager dans le temps. Hildy appartient à La Guilde des Temporalistes Indépendantes, des femmes capables de voyager dans le passé (sans le modifier !), tout en bénéficiant de leur expérience accumulée jusqu'à présent.

 

 


 

Ce que j’en pense : 

 

Le résumé m’a titillé et j’ai sauté le pas. J’ai franchi le vortex… Ou plus simplement, j’ai tourné les pages de cet album. 

 

C’est d’inspiration plutôt comics que BD type Belge déjà. Tout y est plus moderne, un peu plus tranché, net, plus froid sans que ce soit désagréable. Je n’ai néanmoins pas pu vraiment me fondre dans le récit. Et pourtant, j’adore la plupart des références citées dans le pitch… Il m’a manqué un je ne sais quoi de supplément d’âme que je n’ai point déniché. 

 

L’ensemble est bien fait, correctement mis en valeur (couleurs, texte, dynamique de chaque page), mais… Je n’ai pas eu de coup de cœur. 

C’était amusant, parfois agaçant, rarement dérangeant. Cela s’est voulu porteur de références et je ne les ai pas toutes retrouvées au top niveau. 

 

A découvrir, à faire connaître, mais pas certaine que cela restera dans nos annales… 

 

 

lundi 19 juin 2023

Le regard invisible tome 1 de Ferrari Elisa



 Le pitch : 

 

Voilà sept ans, cinq amis, adolescents à l'époque, ont vécu une expérience traumatisante lors d'un séjour en montagne. Aujourd'hui, alors qu'ils vivent chacun leur vie mais gardent ce secret enfoui dans leur mémoire, des lettres leur parviennent qui font explicitement référence à leurs souvenirs. Qui connaît autant de détails ?... 
Ils trouveront des réponses mais qu'ils paieront au prix fort...




 

 

Ce que j’en pense : 

 

Ce n’est guère original le scénario du groupe d’amis qui après une expérience hors norme s’éparpille un peu partout, vit sa vie jusqu’à ce que… Le passé refasse surface. Ce qui est plus intéressant, c’est comment on mène la barque une fois la grenade dégoupillée. Et dans ce cas précis, il y a des petits plus qui renforcent la tension autour de l’intrigue principale. J’ai aimé cela car en prime, cela renforce le côté plausible de la chose même si on sait pertinemment que c’est de la fiction. On a plus envie d’y croire et de frissonner.

 

Dans le cas de ce premier volet aussi, tout est très bien fait pour vous mettre l’eau à la bouche. On en montre tout juste assez pour que votre curiosité soit émoustillée et pas trop, pour ne pas éventer le(s) secret(s). Un bon dosage pas si évident. 

 

J’ai particulièrement apprécié également le coup de crayon qui donne à cette bande dessinée véritablement vie. Il y a du rythme, de la variété, du détail, de belles couleurs. On est happé. 

Les protagonistes sont divers et chacun à sa personnalité. Classique, mais bien vu dans l’équilibre de ce groupe que l’on nous présente sans faire un effet : casting. 

 

On va attendre avec une certaine impatience le second volet pour rentrer encore plus dans le dur. Oui, vraiment on n’attend plus que cela. On piétine même ! 

mardi 13 juin 2023

La chair est triste hélas d'Ovidie


 

Le pitch : 

 

« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n’avais pas joui. À tous ces coïts où j’avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d’épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l’argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d’être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu’on regarde avec pitié. Un jour, j’ai arrêté le sexe avec les hommes. »

Autrice et documentariste spécialiste de l’intime et du rapport au corps, Ovidie retrace ici la trajectoire qui l’a conduite à quatre années de grève du sexe.

Dirigée par Vanessa Springora, la collection « Fauteuse de trouble » articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel. 


 

 

Ce que j’en pense : 

 

Ovidie a plus d’une casquette et pourtant on la retrouve toujours sur des thématiques assez engagées et parfois un peu sulfureuses pourraient dire certaines personnes un peu coincées. Parce que oui, elle a débuté comme actrice dans la porno. Elle a ensuite réalisé des films toujours classés dans cette catégorie, mais avec une vision plus féministe. Elle se tournera vers les documentaires ensuite et l’on peut découvrir avec elle, les faces peu reluisantes de cette industrie très lucrative qu’est devenue la pornographie, ses films, ses plateformes… Si on ne possède pas ces clefs de départ, il est fort possible que l’on passe à côté de l’ouvrage d’aujourd’hui. 

Pour autant, il serait trop réducteur de ne considérer que ces expériences. Ovidie, c’est aussi une femme très cultivée (elle a un doctorat en lettres), journaliste, écrivaine et interlocutrice de choix dans divers médias comme des podcasts. 

« La chair est triste hélas » n’est donc pas un texte isolé, mais qu’il faut prendre comme une pièce de toute son œuvre bien loin d’être achevée. Une étape. 

 

Qu’une personne ayant vécu semble-t-il la sexualité comme un élément essentiel, devienne ainsi une femme retirée du « Game » (les relations avec des hommes seulement car elle ne se déclare pas asexuelle) peut surprendre et pourtant, c’est certainement plus logique qu’on ne le croit car justement, Ovidie sort de sa zone de contrôle et livre un texte rempli de sentiments forts, avec peu, voir pas de filtres. 

Son écriture est vivante. Ce texte n’est assurément pas un essai bien policé. Et cette spontanéité m’a touché. J’ai pu sentir ses émotions voir en partager certaines. Solidarité féminine ? Possible car on a toutes eu des passages qui se ressemblent. Après, je ne suis pas d’accord sur tout, loin de là même. Elle pousse trop en avant pour moi. Je diverge. 

 

Les hommes peuvent aussi lire ce titre. Ils en prennent pour leur grade, mais ils peuvent en ressortir grandis. On apprend de ses erreurs. Nous ne sommes pas parfaites, nous les femmes, mais nous sortons de notre mutisme. Je ne suis pas une féministe, juste une femme. Ovidie est avant tout une femme aussi. Ce livre est un état des lieux et rien n’est absolument gravé dans le marbre. Les choses peuvent évoluer. On ne revient pas sur le passé plus que nécessaire, autant voir aujourd’hui et demain. Alors même si encore une fois, je trouve qu’elle va trop loin pour moi, que je ne partage pas toutes ses idées, ses réflexions, sa logique, sa colère, c’était intéressant de la lire car elle ne semble pas être isolée.