mercredi 10 mars 2010

Belle escapade (2nde partie) de Baux Francis


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Lorsque la voiture quitta les Baux, après une visite du village à laquelle Belle ne put participer du fait de sa condition de passager clandestin séquestrée par la force des choses, la situation était tendue. Pour Belle la révélation de son mystérieux pouvoir : rendez –vous compte si en plus de la crise financière et de la politique il fallait prendre l’avis des animaux (même domestiques…) pour gouverner. Et Belle justement prenait de plus en plus la mesure de la menace qui pesait désormais sur elle : si elle était démasquée en sa qualité de « Chatte qui parle » elle serait exécutée. Elle pensait aux services secrets aux barbouzes, enfin tous les assassins de l’ordre qui sont payés pour que les lois de la République triomphent. Il fallait comme on le dit filer en catimini c'est-à-dire discrètement dés ce soir rejoindre la horde des animaux « domestiques » qui n’empêchent pas le monde de tourner. Pour bien comprendre les enjeux c’est comme si la presse officiellement reconnue en France se mettait à dire aux gens, les citoyens lambdas ce qu’ils savent grâce à telle « sourie ou minet » bien placé dans les palaces du pouvoir.
Dernièrement Belle avait entendue parler d’une histoire de ce genre mais peut-être que ne parlant pas l’argot elle n’avait pas bien compris le sens des mots « vous ne m’avez pas bien compris… » C’était l’expression qu’elle entendait le plus souvent quand ses maîtres suivaient une émission d’information ou un débat à la télévision.
Elle ne s‘imaginait pas en chat qui plaide et elle risquait la déportation dans une fourrière dans le meilleur des cas. Le pire n’est jamais certain alors pour se calmer elle se concentra sur tout ce qui se passait dans la voiture et autour d’elle : rester zen, comme le disaient ses maîtres lorsqu’ils recevaient des factures à payer.

Tendue également car le couple n’était pas au retour de la ballade dans le village le même qu’a la descente de la voiture. Faut expliquer.
Pierre avait ouvert la portière brusquement et dit « maintenant on rentre ! » Il avait la mine fâchée et la voix sèche des mauvais jours. Une dispute sans doute mais pourquoi ?
-Je ne peux imaginer que cette « créature » soit une collaboratrice de rien d’autre que de sauteries mon cher et tu veux que je te crois en jurant sur la tête de notre fils, quelle honte !
Le premier avec de ténébreuses basses et la seconde avec trop d’octaves : la crise de jalousie. La moins grave de toutes les crises mais la plus ravageuse pour l‘organisation d’une journée. Belle nota qu’ils n’avaient pas encore mangés le pique nique et qu’il n’était plus question de suaves paroles ou encore moins de main sur le genou. L’orage dans le couple, c’est comme en montagne il peut arriver très vite.
-Tu es ridicule ce n’est pas moi qui choisit la secrétaire comme tu le sais…
-Tais toi et rentrons, je ne souhaite pas avoir plus de preuves de ta lâcheté.
-Quelles preuves…
-Je me comprends démarre !
La voiture roula quelques instants dans un silence oppressant de défiance réciproque. Belle pensa que les disputes des hommes ressemblaient à ses combats pour le territoire qu’elle livrait régulièrement sur les toits pour imposer des limites.
Pierre ne roula pas en direction du chemin du retour juste pour contrer son épouse, il avait l’air en colère mais aussi bien ennuyé de la tournure que prenaient les évènements. Il tenta un petit coup de replis.
-Si je pouvais m’expliquer ce serait mieux…
-Non, mais tu as vu son allure et comment elle s’adresse à toi …sans me considérer…sait-elle que tu es mon mari ?
-Maintenant il est certain que oui, après une pareille scène devant tout le monde…
- C’est qui « tout le monde »
-Les gens sur la petite place de l’église, en haut, celle devant laquelle tu criais…
-Alors maintenant tu t’intéresse aux touristes mon pauvre Pierre !
- Arrêtons ! Veux-tu ! Lucile !

Belle venait d’entendre pour la première fois que la jeune femme avait pour prénom « Lucile » et ne comprenait pas ce qui se jouait dans cette voiture. Le territoire sexuel des chats est bien plus simple que celui des humains, ce qui est de nature à vous couper la parole …
Si on pense c’est que l’on est humain …
En me taisant je fais la bête moi qui suis un chat qui parle : que vaut-il mieux choisir ?
-Je me demande ce que tu as dans la tête dit Lucile.
-Belle eut juste le temps de réaliser que la question s’adressait au conducteur et se mordit la moustache pour ne pas répondre.
Elle aurait dit son embarras et cette malédiction qui faisait d’elle un « monstre » car à un certain niveau de différence les hommes n’acceptent pas ! Ce qui arrive alors est terrifiant de cruauté et la violence des humains est bien supérieure à celles des fauves les plus féroces. Belle avait vu « Nos amis les bêtes » à la télévision et dans la savane rien n’égale l’horreur de la guerre.
Ils ne vont pas se réconcilier tout de suite et on va rentrer plus tôt, il faut que je m’évade avant l’entrée du garage et passer par les toits pour revenir à la maison : ensuite que vais-je dire ?


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Si on possède un pouvoir comment renoncer à l’exercer, c’est bien là toute la question que ce pose cette chatte intelligente et sensible.
Belle est surdoué nous le savons et on peut lui faire confiance mais il y en a tellement d’autres qui à sa place seraient d’une totale perversion. Elle pourrait intervenir dans la voiture et jouer sur la stupeur des personnes. Ou faire un faux témoignage. Ou demander un statut particulier : star des félins sur terre elle dominerait le monde…
Elle n’arrivait pas à se décider alors que Pierre roulait vite excédé par la tournure que prenait la dispute et que bientôt ils seraient de retour. Il mit même la radio mais tomba sur « France Culture » et un débat retransmis traitant « du sentiment libidineux comme vecteur de la jalousie dans le couple » …il y a des jours ! Il coupa net pour enchaîner avec « la chanson de vieux amants » sur Nostagie…
Il coupa le son et finit par se calmer adressant un clin d’œil interrogatif à son épouse toujours coincée.
Parler ou se taire à jamais se torturait la pauvre chatte qui n’avait rien demandé au bon Dieu comme elle savait pourtant que beaucoup (enfin ?) de personnes le font tous les dimanches.

- « Il est nécessaire de laisser du temps au temps… » Elle avait entendu cette phrase à la télévision, et ne se souvenait plus à quel propos mais qu’importe sans doute comme la plupart des personnes qui écoutaient ce jour là « Dieu » le dieu du moment qui avait été élu Président.
Sur les toits de la ville les chats ne sont pas organisés démocratiquement ils se battent à la loyale et c’est le plus fort qui commande et impose. Dans la rue où se déroule souvent le combat des hommes tout est bien plus compliqué à saisir. Encore une complication de plus pour Belle qui douée de parole avait la possibilité de se « présenter devant la tribu des hommes. Toutefois, se dit-elle fine psychologue je ne dois pas espérer un instant que chacun oublie mes origines même si je réussi une thèse brillamment à Sciences po.
Bête je suis, bête je resterai, en dépit de n’importe laquelle des mutations.



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Il arrêta la voiture dans la pinède non loin de Fontvieille car en réalité désorientés par la dispute ils avaient tournés en rond. Souvent la colère qui est « une courte folie » ne permet pas grand-chose d’autre. Dans notre cas cette autre étape, comme une saison, une période dans la vie permit avec le changement de cadre une autre orientation pour tous les occupants du véhicule.
Pierre et Lucile, avaient choisis la pinède avant l’entrée dans Fontvieille pour réguler cette crise qui venait gâcher ce beau couple. Ils partirent dans une éclaircie de soleil et d’humeur aussi pour faire la paix, pour pique niquer et remâcher cette rencontre improbable qui avait déclenché la jalousie de Lucile.
Ventre et bas ventre sont les deux mamelles de notre civilisation. C’est un peu court mais en grande partie les nerfs dune guerre froide dans les idées du XXI éme siècle qui avec la mondialisation doit se regarder de plus haut que du clocher villageois.

Belle dans le monde animal est protégée, comme la nature dont on vient de se rendre compte qu’elle était menacée par son principal prédateur « l’homo économicus » si vous me permettez là aussi un raccourcie. C’est que je ne veux pas risquer de m’éloigner de la tragédie qui frappe cette chatte d’exception alors que personne ne s’en préoccupe. C’est un hasard assurément mais il faut que cette aventure soit la destinée d’une femelle –d’une femme pourrais-je dire – pour que les choses se compliquent car les grandes orientations, les changements les plus profonds ont été révélés et initiés par des hommes.
Si demain nous admettons que les animaux puissent s’exprimer et compter comme le genre humain alors c’est « le Chat botté » mais Belle, c’est une chatte ! De gouttière en plus. En résumé une vie provenant d’un genre inférieur qui viendrait de sa « banlieue » nous dire les termes d’une révolution ?

- « Yes we can » en quelque sorte dirait cette chatte !
Non mais en Provence, on veut bien rire mais attention pas de « chat » chez nous car sinon on se fâche. Le sens du sacré bouge tous les jours dans ce pays aux si nombreuses variétés de fromage. Moi qui suis de Toulouse comme Nougaro et je veux bien chanter New York mais pas en mode Aristo Chats car je suis encore dans le terroir.
Si on raconte des histoires il y a des limites : celles d’aujourd’hui sont composées d’intolérance et d’un zeste de fascisme.
-« Je reste sur mes gardes et je n’arrive pas à me décider » se dit Belle qui n’est qu’une pauvre bête qui a glissé d’un toit…

Belle qui est seule et toujours enfermée dans le coffre de la voiture réfléchit car les secrets trop lourds à porter nous étouffent et vous avez bien compris qu’elle doit, dés son retour se décider : « dire ou ne pas dire » à ses maîtres son incroyable pouvoir : elle accède désormais à la parole, elle a gagné son émancipation du monde animal puisque tel un humain elle parle !
Réfléchir dans les cas sérieux qui conduisent à quelques débouchés enviables c’est d’abord et surtout se souvenir, puis comparer les divers aspects de ce que l’on sait avec tout ce qu’on ignore et enfin opérer un choix. Réfléchir ce n’est pas si banal et c’est compliqué car le plus souvent le temps nous est compté : aller vite !
Le couple dans le bois prend le temps de se réconcilier car le bonheur vaut bien autant qu’une RTT comme dirait le salarié qui compte son temps et son argent.
Belle pense et conclue à cette première et prudente analyse :

- Depuis sa naissance elle ne se souvient pas de tout : elle est trop jeune encore. Les premiers instants qui lui reviennent en mémoire sont ceux de ses premières années après le sevrage où elle peut se glisser partout et observer tout se qui se déroule dans cette famille sympathique et ouverte qui est la sienne.
Dans sa famille auprès de ses maîtres elle apprend la littérature, la musique, la gastronomie et l’amour de la vie dans le cadre idéal d’une maison campagnarde. Sur les toits avec ses pairs elle doit combattre pour se maintenir dans son statut de « chat pas perdu, avec collier ».
Belle a dons l’habitude des nuances et se pose en exemple, « surdouée » a dit le vétérinaire, « philosophe » faudrait-il ajouter.

Des animaux qui parlent ? Il y a le perroquet, alors je ne serai pas la première !
Mais je ne suis pas un perroquet et des chats qui parlent je n’ai jamais su qu’il en existât. Ou alors de ses chats maléfiques des sorciers. Les chats noirs qui font peur à ceux qui ne passent pas sous les échelles… Donc, je ne connais personne de ma communauté qui soit fréquentable et qui parlerait. Problème : comment une telle nouveauté sera perçue ? « Très mal » lui souffle une voix intérieure qui est souvent présente pour relayer les esprits créatifs dan leurs efforts pour construire une vie meilleure.
Autre chose : le perroquet parle mais pour répéter ce qu’on lui a appris…
Belle n’est pas du genre influençable et vous allez bientôt pouvoir le constater. Elle est fine, discrète, élégante et douée c'est-à-dire le contraire de tous ses « moutons » qui suivent le berger….

Si je prends la parole, je veux pouvoir dire ce que je crois et qui m’importe de proclamer car sinon quelle souffrance. C’est une illusion du pouvoir et porte aussi un autre nom : la censure. Combien de gens a-elle-entendus qui disaient ce qu’ils étaient autorisés de dire : quasiment rien. Les pauvres, ils mènent « une vie de chien » comme disent les autres du genre plus ou moins humain.

Si je prends la parole je veux être utile ? Elle se demanda si avec les mots qui sont si difficiles à manier elle ferait plus que de miauler, si ses « ronronnements » n’étaient pas tout aussi expressif que ces « je t’aime » qui fusaient partout autour d’elle et qui finissaient dans des sanglots.

Si je prends la parole je veux être plus heureuse demain que maintenant !
Revendiquer pour qui ? Les chats sont habituellement muets, privés de parole et cependant ils furent érigés en Dieu tout puissant au début de l’histoire de l‘humanité.
Dire, pourquoi faire, de plus où autrement: je suis à poils et à pattes et pas debout et glabre…

Si je prends la parole je serai fichue et au mieux sinon plus malheureuse de vouloir tellement décrocher la lune…Et c’est l’histoire d’Icare qui veut voler, de la grenouille qui veut être grosse comme le bœuf et de tous ceux qui n’acceptent pas les limites normales de leur condition.
Si j’étais aussi bête qu’un homme qui ne veut pas vieillir, qui ne veut pas mourir.

C’est ainsi que cette chatte d‘exception décida dans ces conditions particulières de voyage initiatique avec des voisins étrangers de prendre la décision de se taire. Enfin pas totalement. En effet le silence comme la parole ne souffrent pas d’excès car ils deviennent complicité ou maladie grave pour l’un et accusation ou mensonge pour l’autre.
« Au commencement était le verbe » mais il faut voir où cela nous mène ! Peut-être que tout cela est trop compliqué pour moi se dit Belle sans fausse modeste mais usant de la prudence légendaire des chats, et des sages !
Elle dirait son extraordinaire histoire à son maître qui « en fera ce qu’il voudra, du moment que je dis la vérité » : cette vérité simple mais précieuse qui s’appelle « témoignage ».

Belle vit arriver le couple de ses voisins dans le reflet du rétroviseur comme dans le cadre d’une jolie photo. Ils se tenaient par la main et souriaient, le panier et la glacière accrochés au bout du bras de Pierre : rien ne pesait, tout avait été vidé.
Les portières s’ouvrirent dans un bel ensemble comme si l’union créait un rythme, une harmonie pour le moins.
Il était presque 17h ce fût la seule chose que Belle entendit de plus depuis sa cachette car Pierre conduisait d‘une main et de l’autre posée sur le genou de Lucile semblait vouloir tellement en faire qu’il ne disait plus rien. La confession avait eu lieu avant, si elle avait eu lieu ?


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Le moment de l’évasion se rapprochait et la chatte aux aguets fit les mouvements d’approche qu’il fallait : l’organisation de la chasse pour les félins est un exercice qui les entraîne à la ruse. Belle pensa que le paysage étant le même qu’au départ il valait mieux revenir sous le siège conducteur pour mieux se préparer à sortir le moment voulu.
Les amoureux sur les bancs publics c’est bien connu, mais dans une voiture il s’en passe des choses et dans certains cas par discrétion il faut détourner les yeux ou ne rien dire, surtout si personne ne vous a invité a voyage.
Le couple coquin ne fit pas attention au petit froissement de tissu qu’ils auraient pu percevoir lorsque Belle se glissa du coffre jusqu’à sous le siège du passager. Elle avait choisi délibérément cet endroit en faisant le pari suivant :
-« Lorsqu’ils arriveront devant le garage ….elle dira, avant qu’il ne le demande pour signifier combien l’incident était clos,
-Ne te dérange pas mon chéri je vais ouvrir le portail (ou quelque chose d’approchant, pensait Belle)
Et alors elle laissera la portière ouverte après la descente de voiture pour réaliser cette manœuvre et il faudra choisir ce moment pour sortir de la voiture. Facile pensa la chatte qui ne doutait pas de gagner son coup de poker.
Belle installée sur la moquette du siège passager sentait les effluves du parfum de la robe de Lucile qui émanaient jusqu’à ses moustaches.

Pile ou face combien de destinées se jouent sur ce mode simple. Belle notre chat raisonnable et joueur ne s inquiétait plus depuis que sa décision était prise et qu’elle savait comment se conduire avec ses maîtres. Pour être tranquille il faut sortir le plus souvent de nos hésitations fondamentales et de la sorte connaître le cap à suive et dissoudre la peur du lendemain.
Demain prend racine maintenant et plus je l’installe plus il résistera au vent. Pas de fatalité pas de destin mais des rendez-vous manqués…

Belle préparée comme je viens de l’écrire ne rata pas le sien. Tout se déroula comme estimé et en très peu d’escalade et d’astuce de chat elle se retrouva enfin sur le toit attenant de la cour de chez ses maîtres : le toit de la glissade.
On glisse et on meurt ou alors ce n’est pas grave et au contraire l’expérience vécue apporte une « expertise » pour le reste de la vie. Il ne peut y avoir de justice possible si la même glissade conduit à de telles différences de sort et c’est pour cela « qu’il n’y a pas de justice » : les comptes se règlent peut-être ailleurs ?
Belle est toute émue de se retrouver ainsi au point de départ maintenant investie d’une mission qui découle de la promesse qu’elle s’est jurée (elle qui n’aime pas ça ) de réussir : convaincre son maître de son choix. Pour rappel il s’agit qu’il admette sans peur l’étrange récit de cette folle journée et AUSSI qu’il admette qu’elle redevienne ensuite une chatte ordinaire, qui ne lui parlera plus jamais !


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Le soir pointait sa petite brume au-dessus des toits alors qu’il ne restait aucunes traces de l’ondée du matin. Belle n’avait pas faim malgré son jeûne car sa petite tête de chat cherchait les mots « dire ».
Ceux qui ont eu une fois seulement à raconter une aventure incroyable qu’ils devaient obligatoirement relater à des personnes proches pour d’autres raisons que de se justifier savent quels sont les affres du dilemme « comment convaincre ».

SI c’est incroyable comment alors faire passer le message. Il faut utiliser la méthode « Patte de velours » qui n’est pas accessible pour toutes les bourses. Le prix est en monnaie de singe mais vaut de l’or dans le cœur des hommes qui souffrent. Il suffit comme le fera le petit Prince de tutoyer les étoiles nimbé de leur lumière d’ajouter dans le creux de l’oreille de la personne à convaincre :

-« Tu me fais confiance car tu sais que je t’aime. »
Alors commence la métamorphose. Le confident se transforme car tout est possible de la part de celui que l’on aime et ce qui est envisagé n’a pas de borne. Il y a quelque chose d’irrationnel dans l’amour.
La suite n’est pas surprenante puisque la fusion des esprits transforme la relation en réaction chimique : les endorphines dites-vous ? Je ne sais pas le nom mais ces voix qui murmurent sont celles des « chers disparus » comme le dit Verlaine.

-« Tu me crois parce que je te crois. »
La réciprocité n’est pas un marchandage mais la corde sensible qui permet d’écouter la même musique. Si je parle d’argent pour signer une couleur il n’est pas concevable que ce soit du papier monnaie qui surgisse à ton esprit. Il n’y a pas de hiatus entre les mots qui sont compris par celui qui raconte et par l’autre celui qui les écoute.

-« Notre secret nous protège des autres »
Ce qui est dévoilé ne peut se divulguer aux autres que si le narrateur le demande expressément sinon le silence doit être celui des tombeaux.

Belle qui savait bien tout cela est venue se frotter à mes jambes, doucement, sans coup de tête. Il fallait bien que je fasse la différence : elle ne venait pas me demander comme d’habitude une chose habituelle. J’ai eu le pressentiment qu’un moment d’exception se préparait : elle ne me sauta pas sur les genoux. Alors que j’écrivais sur le clavier de l’ordinateur pour suivre une pente inspirée elle se mit à côté de moi sur le plan de travail qui me sert de bureau et me regarda gravement. Non ! Aujourd’hui je crois que c’était « tendrement » mais vous savez avec les mots…


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-« Nous sommes seuls, écoute moi. »
Ces mots qui sortent de la gueule du chat ! Et moi qui croyait avoir de l’imagination alors que je sursaute stupéfait, ahurie ; enfin pas de mot pour le dire, c’est BELLE qui PARLE ?
Elle est campée sur son derrière, ses yeux fascinant et ses moustaches qui bougent au fur et à mesure qu’elle me raconte tranquillement, avec méthode, pédagogiquement son épopée.
Depuis j’ai beaucoup réfléchi à nos échanges. Ce fût un de ces moments si fort que parfois la vie nous accorde que j’ai hésité à vos le raconter pour les raisons que vous savez. C’est vrai que je cherche un public mais pas n’importe lequel il faut qu’il m’aime et réciproquement et que nous partagions nos secrets. Un public de cette qualité il faut le mériter dans une vie d’homme.
Encore plus que cela il faut le talent qui vient s’ajouter à la sincérité car des histoires comme celle –là, il y en a peu qui nous parviennent aux oreilles. C’est rare que des chats se confient à leur maître, ils n’ont pas assez confiance et l’amour et le secret ! J’insiste, permettez mais c’est capital.
Confiance, amour et secret voilà ce que m’a demandé de vous transmettre Belle car pour le reste, quelle importance ?
Je prendrais –si elle me le permet maintenant qu’elle miaule à nouveau- la liberté d’ajouter quelques mots de mon cru pour terminer ce récit. Des personnes mal intentionnées vont vous dire que je suis ceci où cela, comme toujours des jaloux ou des envieux sans doute. Je suis pour ces pages le biographe de Belle qui m’a comblé de bonheur en me confiant cette histoire de chat errant, faisant une escapade.

Que la vie vous trouble comme l‘a fait cet animal et que le message qu’il nous délivre soit bien clair :
« Il n’y a pas de sottes race mais que de mauvaises gens ». 

Moi je m’en balance … comme dans la Fiancée du Pirate.
J’ai dix ans… et j’adore le monde de l’enfance qu’il n’est pas question de quitter.

Adieu donc enfant de mon cœur… comme l’écrivait cet écrivain et travailleur social plus qu’à ses heures : Monsieur Gilbert Cesbron

Avec Belle ce sont mes références.

Fin

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Petits mots de Belle (en photo pour illustrer les 2 partie de cette nouvelle) :

Je suis « Belle »…


On m’a appelée ainsi car bébé chatte je fus recueillie aux BAUX de Provence
Je demeure maintenant avec d’autres Baux, mes maîtres portent aussi ce nom par coïncidence.


J’ai vécu une drôle d’aventure que LUI, qui se pique d’Ecrire, a voulu raconter : je lui ai donné mon autorisation et mes droits d’auteur…

« Patte de chat »
(Je ne sais pas signer)

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