Le livre :
Si c'est une femme, vie et mort à Ravensbrück de Sarah Helm aux éditions Calmann Levy, 894 pages, 27 € 50
Publié le 4 avril 2016
Pourquoi cette lecture :
Il s'agit d'un partenariat avec les éditions Calmann Levy.
Ma curiosité d'historienne...
Le pitch :
"Les femmes, qui arrivaient parfois de nuit, croyaient être près de la côte car le vent y avait un goût de sel et elles sentaient le sable sous leurs pieds. Quand venait le jour, elles voyaient que le camp était construit au bord d'un lac et entouré de forêts. Himmler aimait que ses camps soient dans des lieux d'une grande beauté naturelle, et de préférence dissimulés. Aujourd'hui, le camp est toujours hors de vue ; les horribles crimes qui y ont été commis et le courage des victimes restent largement ignorés." De 1939 à 1945, au camp de Ravensbrück, 132 000 femmes et enfants furent les victimes silencieuses des nazis.
Résistantes, Tziganes, Témoins de Jéhova, handicapées, prostituées ou juives, elles étaient pour le Reich des déclassées, des "bouches inutiles". Parmi elles, 8000 Françaises dont Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Fruit d'un travail d'enquête minutieux à travers le monde à la rencontre des dernières rescapées et des familles des déportées, ce livre exceptionnel redonne la parole à ces femmes, vibrantes héroïnes d'une histoire restait trop longtemps marginale.
Ce que j'en pense :
Le titre de cet ouvrage est un clin d'œil à un autre livre important, essentiel même, sur les survivants de la Soah et pour le souvenir : celui de Primo Levi, "Si c'est un Homme".
Entre 30 000 et 90 000 femmes périrent dans le camp de Ravensbrück (chiffre imprécis car trop de documents ont été détruits par les nazis pour que l'on sache vraiment, mais dans tous les cas, c'est juste horrible !). Moins connu que d'autres camps pour d'autres raisons historiques que l'auteur nous donne avec précision et simplicité, on plonge via cet ouvrage dans un univers que l'on voudrait fictif, mais hélas, il en est tout autrement. Les survivantes racontent... Et ce ne fut pas facile car le temps fut un ennemi non moins terrible, sans compter l'omerta qui était particulièrement tenace.
Ce livre est une biographie de Ravensbrück. L'auteur n'a pas personnifié le camp, c'est le camp lui-même qui est une entité. Le camp a eu une naissance, une existence et une fin.
Aujourd'hui, il reste le souvenir à travers les témoignages, les faits, les réalités.
Cet ouvrage pèse son poids tant par le nombre de pages que par son contenu qui est sidérant. Encore une fois, on voudrait que ce ne soit que le fruit d'une imagination particulièrement torturée, mais non.
La force de l'auteur est d'avoir pu rendre au mieux et de manière organisée toute la matière première qu'elle a pu glaner. Ce n'est pas indigeste au niveau du style. Ce qui peut l'être, ce sont les faits commis dans le camp de Ravensbrück.
A noter pour les étudiants et/ou les passionnés d'Histoire, les notes bien gérées, ordonnées à la fin du livre. On y trouve toutes les références citées, exploitées etc.
Cette monographie est une somme impressionnante et mérite d'être lue, connue.
Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20
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