mardi 15 mars 2011

Le fils de Michel Rostain

Je n'aime pas les récits larmoyants et c'est justement parce que l'on m'avait dit que ce n'était pas du tout le cas que je me suis autorisée à lire "Le fils" de Michel Rostain.
La perte d'un enfant est indescriptible, je le pense et depuis que je suis maman, je refuse d'y penser justement. Sans doute parce que c'est un peu contre nature. Les parents ne doivent pas survivre à leur descendance. L'ordre ne serait pas respecté.

Michel Rostain n'est pas un écrivain, du moins, c'est son premier roman publié. Jusqu'ici, il racontait des histoires, mais à travers la musique.
Né en 1942, Michel Rostain est avant tout un metteur en scène d'opéra.
Il dira d'ailleurs que c'est la mélodie de la voix de son fils qui a rendu possible l'écriture de ce récit. Il a souvent eu l'impression de le sentir pas très loin de lui après sa disparition brutale, une méningite foudroyante.
En tout cas, ce premier ouvrage fut couronné par le prix Goncourt du premier roman.

Ce que vous pourrez lire en quatrième de couverture :

Avec une écriture incroyablement percutante et lucide, un père fait parler son fils Lion, foudroyé par une méningite à 20 ans, pour raconter le deuil difficile, heurté, et pourtant inéluctable.
Par la voix tendre et ironique de son fils, Michel Rostain nous dit tout, du plus bouleversant au plus absurde, sur les jours et les semaines qui suivent la mort : emmener la couette chez le teinturier, les achats de supermarché, chaque minute du jour fatidique, le marketing des catalogues de cercueils, mais aussi ses secrets, la musique, le théâtre, l'éruption du volcan islandais… Il nous dit aussi le chaos et la solitude qui suivent l'enterrement, quand l'absence commence véritablement, et la vie qui force, pourtant, son chemin têtu jour après jour.

Ce que j'en ai pensé après l'avoir lu :

Le livre est assez court (173 pages en tout), mais c'est un beau condensé sans être indigeste.
Il y a indéniablement un style très contemporain, percutant, rythmé, presque saccadé comme si ces secousses rendaient mieux compte de la douleur. De ces chocs à répétition, on retire une chose : ils vous font comprendre que l'être cher n'est plus là et qu'il vous manque. Des piqûres de rappel amers, insidieuses.

Le narrateur est le défunt, ce jeune homme, étudiant, plein de vie, fauché par un méchant microbe en moins de 24 heures.
Il utilise un ton très actuel, assez spontané. Il observe son père et commente ses faits, ses gestes, sa tristesse. Il n'est plus là physiquement, mais on ressent bien sa présence. Je comprends mieux ce que voulait dire Michel Rostain en évoquant sa façon d'écrire ce récit. Il sentait son fils et c'est lui en quelque sorte qui lui a permis d'écrire cet ouvrage. Il a été son secrétaire.

On va s'attacher à des petits riens.
Tous peuplent nos vies et on les laisse derrière nous quand on disparait. Nos proches les voient comme des reliques, cherchent à comprendre des éléments qui leur resteront parfois à jamais obscur. Ils culpabilisent aussi, se demandent si… Mais non, c'est impossible. Ils imaginent tout un tas de choses.
Ces petits rien sont aussi autant de petits bonheurs. Des perles de la vie qu'il faut cueillir.

Le plus surprenant, c'est que l'on ne tombe jamais dans le voyeurisme malsain alors que l'on nous donne des détails très personnels. J'imagine bien que Michel Rostain a transformé un peu le tout, mais la base est bien réelle (hélas pour lui car c'est de son fils unique dont on parle).
Il y a même de belles touches d'humour :
"Sûr, si les cendres de Lion sont déposées là, ils vont se tirer une balle."
" Je n'ai rien à dire : un mort ça ferme sa gueule. D'ailleurs, un mort, ça n'a pas de gueule."
Elles rendent l'ouvrage tellement humain, tellement parlant.

C'est un livre qui respire, transpire la vie alors que l'on n'y parle que de mort. Mais la mort fait parti de la vie et oui, on peut vivre avec ça !

Lien vers une interview écrite de l'auteur : http://www.oheditions.com/spip.php?page=interview&id_article=155

Ma note finale : 16 / 20

4 commentaires:

mandorla a dit…

Bonjour,

j'étais intriguée par ce roman qui a obtenu un prix. Mais, la 4ème de couverture m'a fait un peu peur. N'était-ce pas trop morbide ? Ton commentaire m'a rassurée !! Cela semble moins noir que je le croyais. A l'occasion, je tenterais de le lire. Merci.

Emeralda a dit…

Je te rassure, j'avais eu la même approche que toi et c'est en écoutant l'auteur à "La grande librairie" que je me suis décidée pour le lire.

Le sujet n'est pas gai, il est même grave. Le pire qui soit peut-être, mais je n'ai pas eu de peine à le lire alors que je suis très craintive.

Anne Sophie a dit…

je préfère passer pour le moment, vraiment dur comme sujet !

Anonyme a dit…

et si c'était vrai "petit lion" que tu as eu ce pouvoir de bloquer le transport aerien en avril 2010 ! Alors merci à toi petit ange,ainsi j'ai eu la chance de rester plus lontemps en Belgique avec mon fils ainé qui est porté par l'amour de ses parents comme toi tu l'es. Vois tu c'est important cette amour,tu es parti trop vite et trop brutalement mais toi tu savais que ton papa et ta maman t'aimaient ça c'est sûr. Aujourd'hui j'ai 52 ans et je n'est pas eu cette amour,je m'occupe d'enfants,c'est mon travail(je répare ...) Eh ben tu sais je me trimbale depuis toutes ses années ces casseroles ou ces casses gueules de la vie ! Alors je lutte , je donne autant que je peux mon amour et crois moi je vois beaucoup d'enfants en carrance affective. J'ai lu le récit,merci papa Michel et merci à ta maman et à toi. Je voudrais tellement rencontrer tes parents comme ils méritent d'être connus ! mais je leur fais confiance ils doivent savoir s'entourrer d'amis qui comme eux sont sensibles et plein de bon sens.Aussi je voulais te dire que je connais Douarnenez je suis heureuse que tu reposes aussi dans cette belle ville "petit havre de paix".C'est comme ça la vie:moments de paix et de tulmutes .Je pense à toi depuis la lecture de ce livre permets moi te te dire que je t'aime,enfin j'aime la famille ROSTAIN.