mardi 22 juin 2010

Venus & Hottentote de Carole Sandrel


L’Histoire de l’humanité est jonchée d’évènements peu reluisants. On ne peut même pas prétendre que l’Homme apprend de ses erreurs passées car bon nombre d’entre elles se répètent inlassablement. De quoi effectivement miné le moral des plus optimistes d’entre nous.
Et pourtant, certains essaient de nous ouvrir les yeux par tous les moyens mis à leur disposition. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent dit-on. Espérons que l’ouvrage de Carole Sandrel trouve un public assez large pour faire passer son message, son témoignage pour Sarah Bartman à qui l’on a tout imposé, même l’indicible.
Découvrez : "Vénus & Hottentote".

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L’auteur :

Carole Sandrel est journaliste. Elle a créé la Société des amis de Bernard Lazare, premier défenseur du capitaine Dreyfus.

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L’intrigue : (quatrième de couverture)

Qu'avait-elle de si particulier, Sarah Bartman, femme khoi d'Afrique du Sud, pour qu'au début du XIXe siècle, on l'exhibe comme un animal dressé, dans les foires et au Muséum, devant les badauds d'Angleterre et de France ? Il ne s'agissait pas seulement de l'attraction de ses fesses aux dimensions exceptionnellement généreuses, prodige de la nature aux yeux des savants et bateleurs, mais de particularités intimes qu'elle se refusa à dévoiler jusqu'à sa mort.
Alors seulement l'éminent Georges Cuvier, père de la paléontologie, put les examiner, après prélèvements, et sans état d'âme, comme en témoigne son rapport d'autopsie qui, pendant longtemps, ne choqua personne. Sarah Bartman était esclave, son fessier extraordinaire devait inspirer ce commentaire à un contemporain : " Elle était stéatopyge jusqu'à la faute... " C'est le destin terrible de cette femme, surnommée la " Vénus Hottentote " et dont les " restes ", presque deux cents ans plus tard, sont revenus en majesté dans son pays natal, l'Afrique du Sud, que Carole Sandrel restitue ici dans un récit bouleversant.

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Ce que j’en pense :

Avec l’opération Masse critique sur le site de Babelio, on a la chance de pouvoir découvrir des titres qui sortent de l’ordinaire et dans des genres assez variés.
Cette fois, j’ai pu apprécier la plume de Carole Sandrel qui revient sur le cas très intéressant de Sarah Bartman, une jeune femme originaire d’Afrique du Sud. Avec la coupe du monde de football dont on nous rabat les oreilles, je trouve important d’avoir là un autre éclairage sur l’histoire de ce pays, de ses premiers habitants, des autochtones qui n’avaient pourtant rien de bêtes foire, mais à qui l’on a même refusé le statut d’être humain.
L’histoire, la destinée de Sarah est symbolique, mais on dépasse largement l’anecdote... On touche du doigt les fondements, les racines d’un mal qui pourrit encore de nos jours nos sociétés bien pensantes et si moralisatrices : le racisme.

Évidemment, cela s’est passé, il y a presque 200 ans. C’est de l’histoire ancienne, on a beaucoup changé depuis… Et pourtant je n’en suis pas si sûre !
On agirait très différemment, cela c’est certain, mais de là à dire que tout est réglé, rien n’est moins sûre ! Les préjugés ont la vie dure. Au moins autant que celle que vécue Sarah.

Le style fluide, sans doute lié à la profession originelle de l’auteur, rend la lecture aisée de ce document. Les citations, les références sont solides. La maîtrise du sujet est totale.
On sent un peu de féminisme derrière, mais je ne pourrais pas le lui reprocher. Non pas parce que je suis moi-même une femme, mais parce que sans doute Sarah Bartman a essuyé encore plus d’affronts à cause de son sexe.
Ce dernier, excitant les curiosités de tous, fut bien mis à mal après son décès. Même la mort ne sera pas réellement une délivrance. À aucun moment, on ne cherchera à la traiter comme un être humain, cela n’a pas traversé les esprits un seul instant. Elle était reléguée presque plus bas qu’un animal. On parlera même de chaînon manquant dans l’évolution humaine à son propos.

L’ignorance fit beaucoup de dégâts.
Au nom de la science, on en fit encore plus.
L’horreur n’avait pas de limites alors qu’une simple bonté humaine, de la compassion et du bon sens auraient pues tellement adoucir les vexations, les injustices, les insultes, les blessures de Sarah, mais aussi de tous les autres…
La vie est complexe, mais pourtant si simple aussi. Respectons les différences, apprenons intelligemment.

Ma note finale : 16 / 20

Nota bene : Merci à Babelio et aux éditions Perrin pour ce partenariat.

4 commentaires:

Hélène a dit…

Il m'a l'air vraiment intéressant comme livre. Ta critique donne envie de le découvrir.

El Jc a dit…

Oui l'humanité poursuit sa lente (très lente) évolution, mais les préjugés ont la vie dure. L'étranger quel qu'il soit attire toujours sur lui les regards sombres, les soupçons et la crainte, quand ce n'est pas tout simplement la haine. Comme tu le dis rien n'est réglé. Les consciences tentent de refouler ses agissements et ses pensées dans l'inconscient collectif et le passé. Pourtant aujourdéhui encore, parmi les peuples premiers qu'ils soient d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique les gens souffrent encore dans l'indifférence générale. Je suis personnellement plus au fait du sort de ceux que l'on nomme les Amérindiens, et là aussi, même de nos jours, le constat a de quoi faire frémir ou pleurer...

lagrandestef a dit…

belle critique que voilà; je le note ce livre

Amethyst a dit…

Ce n'est pas du tout mon genre de livre mais ta critique me donne envie de le lire.
Malheureusement,le racisme est toujours présent dans notre société....