Le livre :
Soigner et souffrir : 14 juillet 2016, ils ont pansé les plaies de Nice de Marc Magro aux éditions First, 320 pages, 16€95.
Publié le 1er juin 2017
Pourquoi cette lecture :
J'avais envie de comprendre comment on peut faire face à un événement d'une telle ampleur et aussi terrible.
Il s'agit d'un partenariat avec les éditions First.
Le pitch :
" La plupart d'entre nous n'étaient pas du service. On aurait pu être perdus, mais non. On s'est serré les coudes, on s'est remonté le moral, on s'est encouragés. C'était une chaîne incroyable de solidarité ... J'ai trouvé ça très beau, réconfortant, et j'espère que les patients l'ont ressenti pareillement. Parce qu'on était vraiment là pour eux. " Fabrice, infirmier, venu spontanément en renfort aux Urgences le 14 juillet au soir.
Qu'ils soient médecins, infirmiers, aide-soignants, pompiers, ambulanciers, brancardiers, secrétaires, pharmaciens, psychologues, personnels funéraires ; qu'ils aient été de garde, mobilisés, ou se soient trouvés dans la foule en civil ; qu'ils aient sauvé des vies, tenu des mains blessées ou compté des morts : la nuit du 14 juillet 2016 restera gravée dans leur mémoire. A travers les paroles de soignants, ce livre-mémoire raconte les forces et les fragilités d'hommes et de femmes, leur capacité à faire face à l'imprévu, aux drames, et à se relever pour continuer.
Ce que j'en pense :
J'aime lire pour me détendre, mais j'aime également lire pour comprendre comment fonctionne le monde. L'actualité n'est jamais gaie, mais parfois on frise, voir on est complètement dans l'horreur la plus impensable. Quand les lieux de ces drames nous sont connus, c'est sans doute encore plus terrible. C'est le cas pour l'immonde attentat de Nice du 14 juillet 2016.
Avec ce livre témoignage, on vit minute par minute, ces heures qui ont marqué l'Histoire de notre pays, mais aussi des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes... dans leur chair, dans leur âme.
Ce n'est pas du voyeurisme, c'est écouter la parole de ceux qui y étaient, qui ont vu, qui ont vécu cet événement meurtrier et sanglant, qui ont aidé, soigné, orienté, évacué etc... On leur donne enfin la parole et sans limite de temps et/ou sans trop de montages (comme dans certains reportages qui ont besoin de la phrase choc pour leur audience). Dans un livre, on a plus de marge, la notion de temps n'est pas du tout la même et pour l'effet sensationnel qui n'est pourtant pas le coeur de la cible, le poids des mots est souvent plus marqué.
C'est également un livre qui nous informe de manière précise et pas trop indigeste sur les procédures qui peuvent être mises en place au seins des cellules de secours, des hôpitaux, parfois des forces de l'ordre. Dans le chaos règne une certaine organisation pensée en amont et que des événements comme l'attentat de Nice peuvent faire évoluer pour être encore plus pertinente et performante au moment T.
Cet ouvrage enfin donne une voix aux victimes, toutes les victimes. Il y a en premier lieu celles qui sont mortes sur le coup, celles qui n'ont pas survécu, puis il y a les grands blessés qui gardent à jamais des handicapes plus ou moins marqués, les victimes plus légères sur le plan physique, mais aussi tous les témoins même seulement visuels de cet attentat et de ses conséquences. Il restera une marque indélébile et cette voix est un moyen de vivre avec, d'être reconnu, compris, moins seul...
Cette lecture ne laisse pas indifférente, elle brasse le lecteur, le bouscule et s'il reste protéger derrière ces lignes, il partage néanmoins une minime portion du fardeau de toutes les personnes qui ont contribué volontairement (les témoins) ou involontairement (les victimes) à l'élaboration de ce titre.
Mon regard d'historienne me fait classer ce livre dans les prochaines sources des chercheurs futurs ou ceux qui se penchent sur l'Histoire immédiate. Dans tous les cas, c'est un écrit de valeur.
Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20
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