La rentrée scolaire rime souvent en ce qui me concerne avec rentrée littéraire. Non pas que je me targue de pouvoir lire les 700 nouveaux ouvrages qui la composent pour ce cru 2008, mais j’avoue que je recherche toujours de nouvelles perles parmi ce flot de publications. Cependant, je reste fidèle à mes auteurs favoris qui eux aussi publient durant ce temps fort du monde de l’édition.
Alors tel un petit écureuil, je constitue de bonnes réserves de livres à lire pour les mois froids et sombres de l’hiver. Et oui, je crois que je suis un peu marmotte dans l’âme !
Avec la régularité d’un métronome, Amélie Nothomb publie chaque année son nouvel opus et c’est avec la même ponctualité que je me rends alors dans ma librairie favorite pour l’acheter. Je le fais avec d’autant moins de scrupule que je sais que ce livre passera entre mes mains en premier lieu, puis entre celles de mon homme et enfin dans celles de belle-maman. C’est donc un achat rentabilisé par trois fois au moins ! On est tous fan à la maison.
Mais que me réserve Amélie cette fois ?
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L’écrivain :
Amélie Nothomb est un auteur connu, reconnu même et c’est pour cette raison que je ne vais pas vous faire l’affront de vous écrire sa biographie et sa bibliographie que vous trouverez sans peine sur d’autres sites. La toile regorge d’informations sur ces deux points précis. Je préfère me concentrer sur l’essentiel, son nouveau livre, cru 2008 : « Le fait du prince ».
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L’intrigue :
Un inconnu sonne chez Baptiste Bordave qui lui ouvre sa porte afin que ce dernier puisse passer un coup de téléphone. Sa voiture est semble-t-il en panne. Jusque-là tout se passe bien, mais voilà que l’inconnu s’écroule raide mort sur le sol et c’est à peine s’il a eu le temps de composer un numéro d’appel.
Que faire ? Appeler les secours ? Non, assurément, Baptiste deviendrait un suspect comme le lui a si bien expliqué un autre inconnu rencontré lors d’une réception la veille, chez des amis communs. Non Baptiste Bordave va devenir cet homme qui a l’indélicatesse de venir mourir chez lui. Après tout, il lui doit bien cela maintenant…
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Mon avis :
Comme toujours Amélie sait trouver une situation banale qu’elle transforme en quelques pages en une situation un peu moins courante, ne serait ce rien que par le contenu des propos échangés par les protagonistes.
Il s’agit toujours de conversations plus ou moins enlevées et menées avec entrain. C’est extrêmement vivant et j’aime beaucoup ces joutes verbales qui semblent n’avoir ni queue, ni tête par instants et qui pourtant sont d’une logique imparable. On y pousse l’absurde jusqu’au bout, tant est si bien qu’il n’est plus tout à fait absurde… Navrée, je crois que c’est la plume d’Amélie qui déteint sur moi. Vous arrivez quand même à me suivre ?
Alors oui Amélie Nothomb, c’est avant tout un style d’écriture particulier. On aime ou l’on déteste, mais l’on est rarement indifférent. Personnellement, il m’a fallu du temps pour m’y faire et surtout plusieurs tentatives pour devenir une lectrice assidue de ses romans.
Au départ, j’ai trouvé cela carrément nul (non, je n’ai pas peur des mots que j’emploie). Et puis bien des années après, j’ai essayé de nouveau (histoire de ne pas mourir idiote quand même) et là, j’ai trouvé cela plutôt tordu. Un troisième essai m’a convaincu. Oui, le dicton ne dit-il pas : jamais deux sans trois ? Trois tentatives, c’est ce qu’il m’a fallu pour apprécier le style Nothomb. La moralité, je crois qu’il faut essayer et si cela ne vous plait pas, surtout ne pas insister. Il faut laisser venir à vous les récits d’Amélie. Ce sera rarement l’inverse, car alors, le plus souvent c’est la chronique d’un échec annoncé.
Dans « le fait du prince », Amélie joue encore avec les mots, mais moins sans doute qu’avec les situations. L’auteur s’amuse avec une suite de hasards et noie l’ensemble dans les crus de champagne millésimés. Les quipropos sont assez nombreux, mais renforcent l’absurdité de cette situation romanesque. Les habitués savent combien elle apprécie cela et ses inconditionnels également.
Notre vrai faux suédois (Baptiste Bordave) va devoir aller jusqu’au bout de sa supercherie s’il veut avoir la moindre chance que son usurpation d’identité réussisse. Il sera aidé généreusement par le sort car à vrai dire, il est peu probable qu’une telle histoire soit véridique (hier, aujourd’hui ou demain). On se demande même comment l’intrigue peut se tenir parfois et c’est sans doute cela, la petite faiblesse de ce cru 2008.
Le ton est franc, direct, mais là encore, c’est un peu la signature même d’Amélie Nothomb Son écriture est efficace, mais toujours emprunte d’une certaine délicatesse, un peu comme les bulles du champagne qui coule à flot à travers les pages du roman.
Il y a si peu de changement de lieu qu’une pièce de théâtre pourrait en être aisément inspirée. L’avenir me dira si cette impression se confirmera ou pas.
Un petit mot sur la couverture qui est très belle, assez liturgique et qui correspond si bien à l’auteur excentrique qu’est Amélie Nothomb. Elle est réalisée par Pierre et Gilles et c’est une première en littérature.
Un livre qui se lit vite, comme toujours. Dans son édition grand format, il ne se compose que de 170 pages, ce qui est court, mais les récits d’Amélie sont rarement très longs, ce qui n’empêche pas qu’ils soient délectables pour le lecteur.
Cela en freinera sans doute beaucoup car le prix reste de 15 € 90. À moins d’être fan, l’essentiel des lecteurs attendra la sortie en format de poche ou l’empruntera en bibliothèque. Pour ma part et comme je le disais en introduction, voilà un livre qui va connaître pas moins de trois lecteurs dans le cercle familial proche qui aime beaucoup qui plus est cet écrivain. La question ne se posait donc pas vraiment. L’ouvrage sera largement rentabilisé car en prime je compte bien le prêté à une ou deux personnes qui en échange m’en feront découvrir d’autres. C’est aussi cela l’échange de la culture, mais là j’aborde un tout autre sujet.
Note finale : 16/20
1 commentaire:
J'ai acheté ce livre à ma mère pour Noël. Je suis rester sur ma fin. Pourtant l'histoire me plaisait beaucoup. Mais c'est très long alors que le livre est petit puis la fin passe en deux pages. Dommage.
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