mercredi 21 décembre 2022

Topographie de la terreur de Régis Descott


 

Quatrième de couverture : 


Gerhard Lenz, commissaire à la KriPo à Berlin, doit enquêter sur une série d'assassinats dont les mises en scène semblent ritualisées. Une investigation qui le conduira dans le dédale des administrations du Reich et lui fera découvrir l'ampleur du programme d'euthanasie de masse gardé secret par les autorités...

Un commissaire du Reich se dresse face à l'hydre nazie

Berlin 1943. Après la défaite de Stalingrad, le régime nazi a décrété la guerre totale et s'est engagé dans une logique de répression sans bornes. Dans cette atmosphère délétère, Gerhard Lenz, commissaire à la Kriminal Polizei, ne doit son maintien au sein de la " Kripo " qu'à ses distinctions obtenues lors de la Première Guerre mondiale et à ses états de service d'avant l'avènement du nazisme.

Mais, de fragile, sa position devient intenable quand Flora, la jeune Juive qu'il aime, lui annonce qu'elle attend un enfant de lui.

Occupé à assurer la clandestinité de la jeune femme, il est amené à enquêter sur l'assassinat d'un psychiatre membre du NSDAP retrouvé chez lui dans une mise en scène ritualisée. Ce sera l'occasion pour lui de découvrir l'ampleur du programme d'euthanasie de masse gardé secret par les autorités et de mettre à l'épreuve son courage dont jusqu'alors il se considérait dépourvu face au nazisme.

Car, au fil de cette enquête qui le conduira dans le dédale des administrations de la mort et sur les traces des clandestins survivant encore à Berlin, il finira par éprouver de la sympathie pour l'assassin, une faiblesse qui pourrait causer sa propre perte. Surtout après la découverte d'un deuxième assassinat, manifestement perpétré par le même auteur. S'engage alors une course contre la montre qui pourrait non seulement lui coûter la vie, mais également celle de ceux qu'il aime.



Ce que j’en pense : 


Mélanger polar et intrigue historique dans une des périodes les plus sombres de l’humanité moderne, ce n’est pas nouveau, ni novateur, mais quand cela est très bien fait, on frisonne à coup sûr avec un tel combo. 

J’ai été attirée par le résumé de ce roman et dès les premières lignes, j’ai plongé dans les affres et les méandres de cette Allemagne qui n’était pas aussi uniforme qu’on a trop souvent voulu nous le faire croire. C’est comme tout, il y a tant de nuances de gris que même si la tonalité reste grise, on est toutefois dans des situations très différentes. 


Beau roman qui mêle la fiction avec des éléments parfaitement réels et tangibles que l’on peut vérifier, voir approfondir si l’on a envie d’aller un peu plus loin. 

L’écriture est très agréable. Le contenu l’est beaucoup moins car l’horreur du régime nazi n’est plus à démontrer. Et ce n’est pas du registre de l’imaginaire. Non des esprits véritablement tordus, dérangés et machiavéliques n’ont reculé devant rien pour faire appliquer leurs idées, leurs doctrines et leurs pouvoirs. A toutes les échelles de la société, ce qui ne glorifie pas la nature humaine. 

Heureusement même dans la pire noirceur, il reste toujours des reliquats d’humanité. 


L’enquête arrive peut-être presque en second plan, mais cela ne m’a pas gêné outre mesure. J’ai aimé les personnages de ce récit. Tous ne sont pas de belles âmes loin de là, mais ils sont humains quelque soit le penchant de leur nature profonde. 

L’ambiance, les tensions qui existaient alors sont aussi bien rendues. 


Très belle couverture qui attira plus d’un lecteur ou lectrice. Elle a piqué ma curiosité. La présentation ne m’a pas laissé en reste. Beau travail d’édition sur ce point que l’on sait crucial de nos jours. 


Rien n'est impossible de Michel Cymès

 



Le livre : 


Éditeur Stock 

250 pages

Format : 136 x 215 mm

EAN : 9782234093713

Prix : 19.90 €



La quatrième de couverture : 


«  Ce livre est différent de tous mes autres livres.

J’y aborde un sujet dont je m’étais toujours efforcé de garder les détails secrets, un sujet que je ne comprendrai jamais à la perfection mais sur lequel j’ai beaucoup progressé, en l’épluchant, en le fouillant, en l’explorant, en le questionnant  : mon vécu.

En le partageant avec vous, chers lecteurs, qui m’êtes fidèles depuis tant d’années, j’entends donner des clés qui vous permettront de déverrouiller certains aspects d’un autre vécu, le vôtre. Au nom du partage d’expériences, au nom de la transmission qui ouvre sur tant d’espaces de réflexion et de compréhension.

Une enfance modeste peut être fondatrice de bien des miracles si elle est heureuse. Vous allez découvrir que l’histoire familiale est capitale dans la construction et les choix de l’homme que je suis devenu. Vous allez constater que le cancer n’arrive pas qu’aux autres et qu’il importe de se faire dépister car on n’a pas toujours la «  chance  », comme moi, de le découvrir par hasard… Et vous verrez aussi que les polémiques pèsent peu au regard des amitiés et des rencontres inoubliables que réserve la vie.  »

  

Sincère, émouvant, parfois drôle, mais jamais impudique, un livre inattendu, où celui qui reste le médecin préféré des Français parle pour la première fois des moment importants de sa vie. Avec des révélations qui toucheront un large public. 



Ce que j’en pense : 


C’est certainement le médecin le plus médiatique de ces dernières années. On le retrouve presque partout : radio, télévision, réseaux sociaux, magazines etc… Peut-être que beaucoup en ont marre de le voir, de l’entendre, mais j’avoue que personnellement non. J’aime bien sa spontanéité, sa gouaille un rien provocatrice et plutôt franchouillarde, sa simplicité aussi. Ben oui, il est partout, mais n’a pas le gros melon pour ce que j’ai pu constater la fois où je l’ai croisé sans l’aborder de front. Il était comme tout le monde, sans chercher à faire valoir sa notoriété pour passer devant. J’ai apprécié et c’est aussi pour cela que j’ai voulu le découvrir encore plus via cette lecture plus personnelle. 


J’ai déjà lu tous les autres livres signés de sa plume excepté un. Je le pratique donc depuis un moment et jamais je n’ai été déçue. 

Ce titre plus intime ne déroge pas. Il me permet de mieux comprendre le personnage qu’il est publiquement, mais aussi de cerner plus distinctement ce qui l’a construit, ses valeurs que je pouvais percevoir et au final d’apprécier toujours autant l’homme et le médecin. 

Mais son livre résonne aussi en moi car dans ce parcours humain, je peux y piocher des éléments qui vont me parler plus particulièrement. Le but qu’il s’était fixer lors de son écriture est atteint. 


Michel Cymes peut aussi à travers ce nouvel écrit insister sur ses « marottes », les points qui lui semblent essentiels pour être et rester en bonne santé le plus longtemps possible. Il peut également donner du sens à cette « omniprésence » partout, sur tous les fronts même là où on ne l’attend pas forcément. Cette boulimie, cette frénésie n’est pas alimentée par son égo, mais par sa personnalité et par son caractère, ainsi que ses « pathologies » chroniques. Bref, Michel Cymes fait du Michel Cymes en tout temps et pour longtemps, aussi longtemps qu’il le pourra. 

Ce qui n’est pas pour me déplaire… J’en redemande.



Les enfants de la discorde de Jonathan Werber

 


La quatrième de couverture : 


Décembre 1793, Nantes.
Quand le jeune soldat républicain Simon Delmotte revient chez lui après avoir participé à la guerre de Vendée, il découvre que sa famille a été victime de la Révolution. Son père a été assassiné, sa mère arrêtée et leur atelier d'horlogerie saisi. Très vite, il soupçonne un homme : Jean-Baptiste Carrier, l'impitoyable consul qui tient la région d'une poigne de fer.
Avec la complicité du juge Phelippes et de l'intrigante courtisane Charlotte, Simon élabore une vengeance à la hauteur du criminel. Mais face à lui se dresse toute la brutalité de ce nouveau régime dont Carrier contrôle chacune des ficelles.
Pour avoir une chance d'obtenir justice, Simon devra affronter la Terreur et plonger dans les noirceurs de son âme... en prenant garde de ne pas s'y noyer.



Ce que j’en pense : 


J’ai toujours apprécié les romans historiques. J’apprécie que le cadre soit posé sur un socle de véracité, mais ensuite, peu m’importe que l’auteur explore le champ des possibles en usant et abusant de la fiction. Du moment que cela se tient, pourquoi pas ? 

Dans ce roman, c’est le cas. On est plongé dans la période de la Convention. La guerre de Vendée est toujours là. On ne revient pas des lignes de combats indemne et la société toute entière vit dans un chaos contenu par la peur, la terreur et la misère aussi. On va y croiser des personnages bien réels, des fictifs, des faits qui se sont passés ou ont pu se passer. L’intrigue est bien menée. 


La nature a horreur du vide et si le pouvoir change de mains, il est toujours détenu par quelques-un. Les tyrans sont toujours remplacés. En cela, l’Histoire est hélas trop souvent un éternel recommencement. Ce roman a donc des relents actuels ou dans une histoire pas si lointaine (je pense à certaines scènes qui ne peuvent que faire penser à des faits liés à l’extermination juive, des personnes non conformes au standard nazi ou de tous les opposants au régime hitlérien durant le seconde guerre mondiale). 


Dans l’ensemble, j’ai apprécié cette lecture, mais j’y ai trouvé quelques longueurs. Peut-être un manque de rythme ou une baisse justement de celui-ci. Mais c’est comme dans la vie, on n’est pas toujours à 100%. Et puis certaines scènes sont assez dures donc il fallait certainement contrebalancer.


Petit plus pour la couverture qui est très agréable et change un peu. Il y a eut du travail sur ce point et c’est important. Beaucoup de lecteurs sont attirés par une couverture attractive ou qui se démarque. Beau travail collectif d’édition. 


mardi 13 décembre 2022

Les oublié du dimanche de Valérie Perrin

 


Version audiolib : 



Quatrième de couverture : 


Justine, vingt et un ans, vit chez ses grands-parents avec son cousin Jules depuis la mort de leurs parents respectifs dans un accident. Justine est aide-soignante aux Hortensias, une maison de retraite, et aime par-dessus tout les personnes âgées. Notamment Hélène, centenaire, qui a toujours rêvé d'apprendre à lire. Les deux femmes se lient d’amitié, s'écoutent, se révèlent l'une à l'autre. Grâce à la résidente, Justine va peu à peu affronter les secrets de sa propre histoire. Un jour, un mystérieux « corbeau » sème le trouble dans la maison de retraite et fait une terrible révélation.

À la fois drôle et mélancolique,  un roman d'amours passées, présentes, inavouées... éblouissantes.

  

Un beau livre sur la mémoire et la transmission, porté par une écriture sensible. Delphine Perras, L’Express styles.


Une héroïne originale et attachante, un univers surprenant, une conteuse de grand talent. Nathalie Dupuis, Elle



Ce que j’en pense : 


C’est le second ouvrage de Valérie Perrin que je lis ou plutôt écoute car le premier aussi était en version audiolib. J’avais adoré cette primo expérience  (le titre était « Trois ») et le plaisir fut de nouveau au rendez-vous avec « Les oubliés du dimanche ». 

La lectrice donne vie à l’écriture de Valérie Perrin et module sa voix, change d’accent, de tessiture selon le personnage qu’elle incarne. Vraiment très agréable. Les quelques interstices mélodiques sont aussi bien trouvés. 


Après il faut rendre grâce à la plume de Valérie Perrin qui sait très ben camper ses protagonistes. J’avoue que je suis très sensible à sa façon de nous décrire untel ou cette jeune femme, là… Elle nous plonge dans leur vie, on est au plus près et pourtant son écriture n’est absolument pas lourde, complexe ou ennuyeuse. C’est vraiment le contraire. 

Sa prose parait facile et elle fait du bien. Je ne pourrais pas dire qu’elle me réconcilie avec toute l’humanité car même chez elle, il y a des personnages qu’on n’a pas réellement envie d’aimer. Cependant, elle sait camper les belles âmes, les âmes plus torturées, celles qui voulaient bien faire, mais qui agissent mal, qui blessent, qui tuent, qui abandonnent, qui trompent… sans le vouloir ou tout au moins sans toujours vouloir intentionnellement faire du mal à autrui. 

Valérie Perrin parlent de gens ordinaires qui ont des vies ordinaires, mais qui ont aussi des secrets. Je n’en dirais pas plus car je ne voudrai gâcher votre futur lecture… 



lundi 12 décembre 2022

Le bal des folles de Victoria Mas

 



La quatrième de couverture : 


1885 : comme chaque année, à la Salpêtrière, se tient le très mondain « bal des folles ». Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous.
Dans ce livre terrible et puissant, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au célèbre neurologue ; Louise, abusée par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand cœur qui a eu le tort de pousser son souteneur dans la Seine ; Eugénie enfin qui, parce qu’elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu’il faut bien appeler une prison.


Un hymne à la liberté pour toutes les femmes que le XIXe siècle a essayé de contraindre au silence.


L’auteure trousse avec élégance cette affolante histoire. Fabienne Pascaud, Télérama.


Un roman historique singulier et engagé. Hubert Artus, Lire.


Prix Renaudot des Lycées 2019.


Prix Première plume 2019.



Ce que j’en pense : 


Ce roman est assez court, mais plutôt intéressant et au final, point n’est besoin de s’étaler sur 769 pages pour écrire une histoire qui bien qu’elle se déroule en 1885 a comme un goût très (trop ?) actuel. 


C’est une lecture que j’ai faite à la suite de ma fille cadette de 17 ans. C’était sympa de pouvoir échanger ensuite sur nos impressions qui convergeaient dans le même sens. 

Tout comme elle, j’ai trouvé l’écriture très agréable. 

Dans l’ensemble, c’est assez bien documenté, réaliste et crédible sans tomber dans le document qui pourrait être plus ennuyeux. 

Les personnages sont variés, humainement attachants ou pas du tout d'où le fait que nous avons trouvé que c'était bien écrit car sinon nous n'aurions pas autant eu d'attraction ou de répulsion face à certains. 

Le trait de la domination patriarcale n’est pas grossi, il est juste révélateur de son importance à l’époque de l’intrigue. Il nous paraît certainement révoltant, mais on ne peut que se féliciter des avancées gagnées de hautes luttes depuis. Après rien n'est jamais totalement acquis donc ne jamais baisser complètement la garde. Ce livre n'est pas féministe au sens militant du terme, il parle des femmes, de leur histoire à travers des faits établis, c'est un peu différent et cela le rend plus accessible à tous. 






jeudi 8 décembre 2022

La constance du prédateur de Maxime Chattam

 



Le livre : 


Version audiolib 


  • Durée d'écoute : 13 heures et 23 minutes
  • Auteur : Maxime Chattam
  • Narrateur: Sylvain Agaësse
  • Date de publication : 07 novembre 2022 


Quatrième de couverture : 


Ils l'ont surnommé Charon, le passeur des morts.

De son mode opératoire, on ignore tout, sauf sa signature, singulière : une tête d'oiseau.

Il n'a jamais été arrêté, jamais identifié, malgré le nombre considérable de victimes qu'il a laissées derrière lui. Jusqu'à ce que ses crimes resurgissent du passé, dans les profondeurs d'une mine abandonnée...

Plongez avec Ludivine Vancker dans le Département des Sciences du Comportement, les profilers, jusque dans l'âme d'un monstre.



Ce que j’en pense : 


Banalités, routines, vies ordinaires plus ou moins bien réglées et d’un coup la noirceur vous frappe d’autant plus brutalement que l’on pense que cela n’arrive qu’aux autres. 

Choix de carrière pour voir autre chose, sous un autre angle, mais au final toujours lutter contre le mal. 

Des trajectoires de femmes fortes ou moins fortes. Banales, ordinaires ou guerrières, femmes actives, de leur époque, modernes, mais avec des fêlures. 

L’écriture de Maxime Chattam leur rend hommage dans ce roman où le mal se glisse partout de manière brutale ou incidieuse. Mais il y a aussi des hommes dans ce récit. Ils sont comme elles. Des qualités, mais également des faiblesses plus ou moins cachées. Personnes n’est parfait, intouchable, pas même l’auteur des crimes qui sont le sujet du roman ici présent. Enfin pas le sujet, le support du récit, le fil conducteur. 


L’intrigue est prenante et il y a des rebondissements. 

Quelques raccourcis sont pris et l’auteur ne se cache pas en postface d’avoir pris quelques libertés au nom de l’écriture de fiction qui se doit être haletante. On n’est pas dans un documentaire non plus. C’est proche du réel sans en être l’esclave. 

Comme j’ai eu la version audiolib, je puis vous dire que le lecteur avait une voix très agréable, mesurée, modulée et bien que les femmes soient au cœur de tout, cela ne m’a pas gêné. Il a parfaitement su se mettre au service du texte et du récit. 


J’ai apprécié que l’histoire ne se termine pas avec le bouclage de l’enquête. C’était intéressant que l’auteur nous donne des éléments sur les différents protagonistes sur l’après. La coupure avec eux est plus douce. C’est comme si on refermait lentement une porte sur ce volet de l’histoire de l’humanité décidément pas toujours reluisante. 

J’ai aimé également la postface très à cœur ouvert. 

Bref un écrit où l’humain est là de bout en bout. 


Au final, j’ai pris pas mal de plaisir avec le livre audio. C’est un bon titre qui peut ravir les amateurs du genre. Après je n’ai pas lu ou écouté assez de Maxime Chattam pour juger ce titre dans sa belle bibliographie, mais c’est pour moi un bon opus.