vendredi 30 décembre 2011

Le rabaissement de Philip Roth

Le livre :

Le rabaissement de Philip Roth chez Gallimard dans la collection Du monde entier, 13€ 90, 128 pages

Pourquoi ce livre :

A la question : pourquoi ce livre, j'ai toujours beaucoup de réponses à apporter, mais cela reste souvent les mêmes qui reviennent de manière cyclique. Je pense qu'il en va de même pour tous les gros lecteurs (compulsifs).
Cette fois donc, mon choix de lire ce titre est dû à :
- ma curiosité
- ma volonté de lire un auteur mondialement connu, mais dont la plume n'était encore jamais parvenue jusqu'à moi
- la possibilité qui s'est offerte de le trouver au rayon des nouveautés de la médiathèque
- une envie de m'évader de mes autres lectures planifiées (partenariats)

Le pitch :

Simon Axler est l’un des acteurs les plus connus et les plus brillants de sa génération : une gloire célébrée jusque dans les provinces reculées. Il a maintenant 65 ans, il a perdu son talent, son assurance, la magie qui, tel Prospero, dans La Tempête, le faisait vivre. Axler n’arrive plus à croire en ses rôles, en lui-même, en la vie qui s’en va. Il se regarde être un acteur, un mauvais acteur de surcroît.
Ce sentiment d’extériorité le mène à la dépression ; sa femme le quitte, son public aussi, et son agent, un vieillard de 80 ans, ne peut plus rien pour lui, pas même le convaincre de retourner en scène. Obsédé par le suicide, Axler entre à l’hôpital psychiatrique, ce qui accroît son impression d’échec et d’humiliation. Mais Axler va rencontrer, coup de théâtre, une jeune lesbienne, Pegee, qui pourrait être sa fille (il a été très proche de ses parents, acteurs eux aussi, mais acteurs ratés) ; elle va lui inspirer une passion érotique et, ainsi, le ramener à la vie, au sexe, le seul remède.
Cependant, loin d’avoir transformé Pegee comme il le croyait, loin d’avoir été son Pygmalion et de l’avoir comblée, Axler s’est nourri d’illusions, creusant ainsi son propre malheur. Car Pegee, l’amoureuse des femmes, reste surtout fidèle à un père possessif.


 
Ce que j'en ai pensé :

Un nouvel auteur que l'on découvre, c'est une sacrée aventure. Je vous assure que je n'exagère pas. Je le vis vraiment comme cela (mais je tiens à vous rassurer sur ma santé mentale, je sais remettre les choses à leur place et dans leur contexte.
Il faut se plonger dans son écriture qui en théorie est unique, personnelle.
Il faut pouvoir se couler dans le moule de l'univers qu'il a crée pour ses lecteurs, mais sans doute avant tout pour lui-même.
Il faut accrocher au récit qui nous est fait avec les éléments qui le compose.
Il faut... Beaucoup de choses, mais ces obligations sont plus un plaisir que de réelles contraintes.
Philip Roth était donc pour moi un nouvel auteur à parcourir. J'ai débuté avec son dernier roman, "le rabaissement", petit par la taille, mais qui promettait beaucoup (voir le pitch). Je me suis pliée de bonne grâce aux exigences de la découverte.

Le personnage de Simon Axler, principal héros de ce récit, ne m'a pas emballé cependant.
Pas franchement sympathique, mais non plus antipathique. Non, il m'a laissé globalement de marbre. Je n'ai pas été réceptive à ses malheurs, ni même à ses bonheurs.
J'ai lu l'ouvrage sans m'impliquer émotionnellement donc c'est assez frustrant pour ma part.

Le pessimisme de Simon Axler est presque insupportable. Ce serait presque un début d'émotion là, mais bien vite cela retombe, hélas.
Certains penseront qu'il est au contraire très lucide, mais je trouve que non, il se bouche les horizons par peur, par crainte et par lâcheté parfois.
Vivre se fait souvent dans la douleur, pas dans un pseudo confort qui étouffe tout, enfin, c'est ainsi que je vois les choses...

Mais je ne peux pas dire que les autres personnages m'aient vraiment plu également.
Pegee, Louise ou encore Tracy m'ont semblé assez folles. Je sais bien que la réalité dépasse de loin la fiction le plus souvent, que des protagonistes fantasques, on en croise tous les jours, mais non, le courant n'est pas passé.

Le récit se lit bien, mais je suis restée simple spectatrice de ce naufrage annoncé. Je n'ai pas pu m'investir plus que cela.
Rien à voir avec le style de Philip Roth qui est agréable bien qu'un peu torturé (comme ses personnages).

Voilà donc une découverte littéraire qui me laisse un peu sur ma faim.
Ce ne fut pas une expérience déplaisante du tout, cependant j'en ressors un peu désappointée.
J'espère que mon prochain roman de Philip Roth ne me fera pas le même effet. J'essaierai d'en attendre peut-être moins également.


Et s'il fallait mettre une note : 10 / 20


Les bonus :

Il y avait les bande- annonce pour les films au cinéma et bien, cela existe aussi pour les livres. Certaines sont très bien réalisées et celle-ci est hélas un peu trop à l'image du récit de l'auteur. Au moins, on ne nous aura pas menti ! : http://www.youtube.com/watch?v=gnLthrt9wis

Là où je suis rassurée, c'est que Gérard Collard a détesté donc je ne suis pas encore une cause perdue pour le monde littéraire. regardez donc sa chronique vidéo, c'est ultra court : http://www.youtube.com/watch?v=JA3kerqmHrs

Ensuite, voilà en 3 minutes d'autres avis mitigés sur ce petit roman : http://www.m6bonus.fr/videos-emissions-4/videos-_a_balance_a_paris-8330/emission_du_08_10/video-_le_rabaissement_de_philip_roth_-91004.html

lundi 26 décembre 2011

Cyanure de Camilla Läckberg


Le livre :

Cyanure de Camilla Läckberg aux éditions Actes Sud (Collecion Actes noirs), 16 € 80, 156 pages.



Pourquoi ce livre :

J'ai déjà lu plusieurs romans de Camilla Läckberg (3 sur les 5 disponibles en France) et j'ai beaucoup aimé son style, ses intrigues, en bref son univers.
Les enquêtes que Camilla nous propose sont toujours bien ficelées et avec une approche très humaine, presque familiale. Cela n'exclue absolument pas la noirceur de l'humanité, bien au contraire, et le frisson n'est pas seulement dû aux basses températures que l'on peut relever à Fjällbacka. Non, non…

Je sais que ce petit livre tant par la taille que par le nombre de ses pages n'est pas vraiment une suite, c'est pourquoi, je le lis sans plus me poser de questions et sans problème alors qu'il me manque encore 2 romans à mon actif.



Le pitch :

Quelques jours avant Noël, sa petite amie, Lisette Liljecrona, invite Martin Molin (collègue de Patrick Hedström) à venir passer le week-end avec sa famille sur la petite île de Välo en Suède.
L’idée ne l’enthousiasme guère et c’est à contrecœur qu’il accepte de l’accompagner. Ses appréhensions se voient confirmées lorsqu’il fait la connaissance des Liljecrona. Avec plus ou moins d’élégance, tous s’acharnent à obtenir les faveurs du patriarche dont la fortune s’élève à plusieurs milliards de couronnes. Cette course à l’héritage tourne court lorsque, le soir même, Ruben, déçu et furieux contre les membres de sa famille, affirme les avoir déshérités.
Gagné par son emportement, le vieil homme meurt soudainement, vraisemblablement victime d’un malaise cardiaque. Une tempête de neige fait rage dans la région et les hôtes sont dans l’impossibilité de regagner le continent. Martin prend alors la situation en main et constate que Ruben a été empoisonné. Personne n’a pénétré dans la maison, le meurtrier est donc forcément parmi les convives. En les interrogeant, le jeune policier tente avec peine de démêler les vieilles rancœurs familiales des pistes plus sérieuses.
Seul Matte, l’un des petits-enfants de Ruben, semble sincèrement affecté par sa mort. Comme tous les moyens de communication avec l’extérieur sont coupés, Martin se retrouve livré à lui-même face à sept suspects.



Ce que j'en ai pensé :

Dehors, il neige. Normal, nous sommes au mois de décembre et je vis à plus de 1000 m d'altitude.
S'il ne fait pas aussi froid qu'en Suède, on peut dire que je suis assez proche de l'univers dépeint par Camilla Läckberg pour ce petit roman car chez moi aussi c'est la tempête dehors. Noël est proche aussi pour nous. L'ambiance est synchro avec mon calendrier pour cette fin 2011. Je m'immerge sans peine donc.

On ne retrouve pas tout à fait les mêmes personnages que d'ordinaire (voir le pitch un peu plus haut).
L'accent est mis si je puis dire sur Martin, un second rôle et sa petite amie Lisette. Cette dernière me parait bien moins sympathique que dans mes souvenirs de mes autres lectures du même auteur. Il est vrai que je n'ai lu que 3 des 5 romans de la saga avec Erika Falck. Peut-être ai-je manqué des détails ? Zut alors !
Enfin, dés le début, on est comme Martin, on a la désagréable impression d'avoir glissé dans un énorme panier de crabes. Brrrrrrr !
Et cela est peu dire en réalité car si l'homme est un loup pour l'homme, la famille Liljecrona en est le plus bel exemple. L'ambiance est exécrable et elle ne fera que se dégrader avec la disparition soudaine du patriarche Ruben (alias la poule aux oeufs d'or de la famille). Martin se retrouve bien seul et l'on se prend, nous autre les lecteurs a tenter de lui transmettre un peu de notre énergie tant parfois il nous semble perdu ou seul dans cette entreprise.

Isolés sur l'ile de Välo à cause de la tempête, sans aucun moyen de communication, c'est donc un formidable huis clos qui nous est offert. On est en plein dans les romans policiers traditionnels avec Agatha Christie par exemple. Un retour aux sources pour Camilla Läckberg et aux classiques du genre pour les lecteurs.
Le résultat n'est pas mauvais en soi. Les codes sont bien respectés, mais cela manque peut-être d'innovations. Je veux dire tout simplement que la trame est véritablement tout ce qu'il y a de plus pure et donc pour les habitués, le résultat sera sans grande surprise.
Dommage.
J'aurai aimé que Camilla me surprenne un peu plus, je sais que cela est tout à fait dans ses cordes.

La galerie des personnages est bien fournie, mais là encore, elle manque un peu trop d'originalité. On frise même les stéréotypes. Un petit grain de folie aurait été apprécié.

J'ai quand même passé un agréable moment avec ce petit roman (presque une grande nouvelle en fait) car il reste bien écrit, mais il ne me marquera pas longtemps tant il se noie dans la masse du genre.
Trop classique, trop linéaire, trop respectueux des codes, bref pas sans saveur, mais un peu fade.



Et s'il fallait mettre une note : 12 / 20



Les bonus :


La fiche wikipédia de l'auteur, Camilla Läckberg : http://fr.wikipedia.org/wiki/Camilla_L%C3%A4ckberg

Le site de l'auteur (attention, il n'est pas disponible en langue française) : http://www.camillalackberg.com/

dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël 2011


Voilà un billet bien peu original, je le reconnais volontiers, mais en même temps je ne pense pas que cela soit très important.
Je tenais juste à vous souhaiter un

Joyeux Noël à vous toutes et tous

Et à très bientôt pour de nouveaux billets littéraires.

vendredi 16 décembre 2011

Tranche de vie d'une internaute


Le livre :

Tranche de vie d'une internaute par Tchoucky, aux éditions de la Planète des couleurs, 2 €, p 326.


Le pitch :

En 2004, Tchoucky s'est inscrite sur un forum d'adolescents fans d'une série animée. La suite, elle nous la raconte en détail dans ce témoignage passionnant, qui soulève beaucoup de questions importantes, notamment sur l'écriture, sur l'âge adulte, sur le fait de renoncer à ses rêves, et peut-être parfois, sur internet.



Pourquoi ce livre :

Un jour, j'ai reçu un mail me proposant un partenariat avec cette toute nouvelle maison d'édition numérique qui venait de se mettre en place : La planète des couleurs.
J'avoue que je n'aime pas trop lire sur un écran. Cela vient du fait que l'écran mon ordinateur Apple a beau être très confortable, cela finit toujours par me tirer les yeux après quelques heures donc j'ai accepté le partenariat en me disant que je lirai ces ouvrages soit sur papier (les livres sont en format PDF et donc facilement imprimables), soit sur ma liseuse (encore mieux pour l'environnement, mais moins bien pour belle-maman avec qui je partage toutes mes lectures).
"Tranche de vie d'une internaute" est le premier ouvrage que je lis de cette jeune maison d'édition balbutiante, mais j'ai en réserve deux autres titres. Mon choix s'est porté assez naturellement sur ce témoignage car j'aime ce genre littéraire et puis ma présence sur la toile depuis presque plus de 15 ans maintenant fait que je suis quand même curieuse de connaître les expériences des autres.


Ce que j'en ai pensé :

La narratrice vient de passer un concours et hélas, elle a échoué.
Elle ne sent pas très bien dans sa vie de couple, dans sa relation avec ses parents, bref, elle est déçue et découragée. Elle se pose pas mal de questions sur elle-même, sur ses capacités à écrire (chose qu'elle aime par dessus tout avec le théâtre qu'elle a pourtant dû abandonner), sur son avenir. Elle a 24 ans et se trouve à la croisée des chemins : fin des études et entrée sur le marché du travail. Elle ne peut plus reculer, mais pour avancer, il lui faut avant tout prendre un peu de temps pour se reconstruire. Ses échecs, elle peut les surmonter, mais il lui faut panser ses plaies pour aller de l'avant.
Tchoucky est dans ce témoignage/roman à la fois l'auteur et la narratrice. Une double casquette pas évidente, mais qui lui va à merveille.

Son écriture est agréable à lire.
C'est frais et vivant, véridique et terriblement humain avec juste une petite touche de cybernétique.
Son style est recherché sans être pointu. Elle ne va jamais nous noyer sous des explications techniques (ce qui aurait pu être le cas car sur la Toile, suivant nos activités, il faut parfois maîtriser des pans entiers de langages codés et autres astuces de Geek). Elle ne va s'en tenir qu'à des constatations générales, des explications simples et mettre l'accent sur les "relations" que l'on peut développer à travers un forum (même ayant pour thème un sujet qui pourrait paraître bien futile : une série animée, mais en réalité, peu importe le sujet du forum).

J'ai aimé son approche, elle est personnelle, mais du coup, elle est également très authentique.
Les forums, je les connais depuis tellement longtemps (j'ai été à plusieurs reprises administratrice ou modératrice) que je n'ai rien appris sur leur fonctionnement eux-même, mais cela ne signifie pas qu'un lecteur moins pointu dans ce domaine n'y apprenne pas quelque chose. Tchoucky en parle d'ailleurs avec des propos très pédagogiques.
Les fanfictions (oeuvres de fans ayant pour thèmes et protagonistes des héros issus de séries populaires : séries TV, animées, manga…) sont aussi une des bases de ce récit (c'est ce qui va attirer en premier lieu Tchouky dans ses premiers pas sur le forum). J'en ai moi-même écrit des dizaines donc cela aussi je connaissais, mais là encore un autre lecteur pourra apprendre des éléments.
Le fait même que j'ai des bases plus que solides sur la vie sur la Toile ne m'a aucunement gèné durant ma lecture car le récit n'est jamais simpliste. Tchoucky évite avec brio l'écueil des idées toutes faites, des clichés.
Son histoire est touchante car même avec des contacts virtuels, des écrans qui nous séparent, l'Homme sait s'adapter et trouver ce qui peut l'aider. Il dépasse cette notion et ce fait cybernétique pour retrouver ce qui est véritable. C'est juste un nouveau mode de fonctionnement.

Ce récit se lit avec plaisir. Enfin, tel fut mon cas.
J'ai presque été triste de laisser cette bande d'amis après 326 pages en leur compagnie. Je crois que je les aimais bien et ils vont me manquer. Il en est ainsi des personnages des ouvrages qui vous touchent et puis je sais également que ce sont des personnes réelles, qui existent. 

Ne pensez pas que ce livre traite uniquement d'Internet. Non vraiment j'insiste sur la dimension humaine qui se dégage de toute l'histoire. La Toile n'est en fait qu'un outil, un mode de communication et il ne faut jamais oublier ce qui est véritablement important, essentiel.
Il y aurait tant à dire sur ce livre, mais je crois que je n'arrive pas à formuler véritablement avec des mots ce qu'il a suscité en moi. C'est à la fois très simple et si complexe. C'est à cela que l'on voit que l'être humain est une machine bien plus complexe un PC ou un Mac...
Pour avoir eu et connu des expériences assez similaires à celles de Tchoucky, je l'avoue, je me suis sentie très proche d'elle. Un jour, qui sait j'aimerai également dépasser la barrière de l'écran et avoir l'immense plaisir de la rencontrer, mais avant cela, je ne puis que vous conseiller vivement de lire son ouvrage. Il vaut vraiment le détour.


Et s'il fallait mettre une note : 17 / 20


Les bonus :


Une maison d'édition pas tout à fait comme les autres : http://www.la-planete-des-couleurs.fr/

Mais qui est donc Tchoucky ? Pour le savoir lisez donc un peu cette biographie peu ordinaire elle-aussi : http://www.la-planete-des-couleurs.fr/cms.php?id_cms=13

mardi 13 décembre 2011

Trois pas vers l'autre... De jérôme Fagnoni

Le livre :

Trois pas vers l'autre… De Jérôme Fagnoni, aux éditions LU, 10€, 213 pages.


Pourquoi ce livre :

Comme toujours, c'est pas curiosité que j'ai voulu découvrir cet ouvrage, mais cette fois-ci, j'avais en plus un tout autre motif : je connais l'auteur personnellement. Il s'agit d'un ami d'adolescence que j'avais perdu de vue pendant quelques années et que j'ai retrouvé via la magie (un moteur de recherche) de la Toile (merci Facebook pour une fois).
"Trois pas vers l'autre…" est la suite du premier roman que j'ai lu de Jérôme Fagnoni et commenté il y a quelques semaines déjà, mais ce ne sera assurément pas le dernier car j'ai eu un cadeau d'avant Noël un peu spécial : l'intégrale des oeuvres littéraires de l'auteur ! Pour moi, il n'y a pas de plus beau cadeau que des livres et si cela peut aider à faire connaître un ami alors, je saute à pied joint sur l'occasion !
Cependant, mon avis sera aussi objectif que possible car je ne veux pas juste faire plaisir à mon ami. Ce ne serait d'ailleurs pas lui rendre un véritable service, si le roman était mauvais, que de lui dire à toute force le contraire. Donc à partir de maintenant, ce n'est plus l'amie qui va s'adresser à vous, mais plutôt la lectrice assidue, rodée en partie aux lectures critiques grâce à de multiples partenariats et quelques jury littéraires de lecteurs. Je vais essayer d'être aussi professionnelle que possible dans mon amateurisme.


Le pitch :

Catherine se rend à Paris pour ses études après avoir rencontré Paul, celui qui pourrait bien changer sa vie. Il lui a donné rendez-vous dans un an, un mois, une semaine et un jour. Mais la jeune femme sait-elle forcément ce qu'elle veut ? Surtout quand un autre homme vient semer le trouble dans son esprit...



Ce que j'en pense :

Avant même de commencer la lecture proprement dite de ce que l'on peut nommer le tome 2 ou la suite de "Aux âmes sombres", je tombe sur cette citation en guise de préambule :
La passion ne connait que deux saison.
Cela me parle, m'interpelle et me conforte dans mes bonnes dispositions de fin de lecture précédente de cet auteur qu'est Jérôme Fagnoni.
C'est de très bonne augure et du coup, je crois que je place la barre un peu haute, mais je ne suis certainement pas la seule le connaissant.

L'intrigue débute peu de temps après la première rencontre entre Paul et Catherine à la gare de Valence. C'est donc un sacré retour en arrière, c'est même pour être très précise, un bond d'un an, un mois, une semaine et un jour dans le passé avec la fin de "Aux âmes sombres".
Ce voyage temporel ne me semble pas superflu pour ainsi mieux connaître et appréhender le personnage de Catherine car au final, si l'on en sait plus sur Paul grâce au livre précédent, Catherine est surtout restée pour nous une douce et belle inconnue auréolée de mystère. Or, nous sentons bien que tout le potentiel de cette jeune femme n'était pas encore exploité par l'auteur et que son rôle allait être fort important pour la suite.
Voilà donc une fort belle manière  de tout remettre en place et sans lourdeur.

J'ai trouvé en revanche que le cadre familiale de la belle (Catherine) était un peu "too much".
Je sais que certaines familles sont restées très conservatrices au niveau de l'éducation, des (bonnes) manières, mais tout de même, à presque 30 ans, Catherine est presque présenté comme une petite fille de 10 ans (j'exagère à peine). Ce contraste des moeurs est certainement voulu par l'auteur, mais il pousse le trait trop loin à mon sens, on bascule dans la caricature, c'est dommage.
Cependant, je comprends que l'auteur avait besoin de ce contraste très fort entre leurs deux mondes (celui de Paul et celui de Catherine). Je ne puis vous en dire beaucoup plus, cela pourrait nuire à votre plaisir de lecture, mais rassurez-vous le personnage de Catherine n'est pas aussi figé que l'est sa famille.

Dommage également pour les retrouvailles de Catherine et de Paul.
Ce dernier la trouve encore plus belle que la première fois, certes, on peut le comprendre, mais qu'il se dise, et je cite :  "qu'il n'était vraiment pas dans son assiette pour l'avoir trouvé juste jolie", c'est une petite maladresse. Il ne pouvait pas être dans son assiette, ni à l'aise dans ses baskets, il venait de perdre sans femme ! Paul n'était pas un coureur de jupons et donc, il était plutôt en état de choc, peu enclin à la bagatelle et encore moins dans une perspective de séduction. Son esprit était ailleurs d'où ce choix d'attendre avant de revoir cette jeune femme qui semblait différente de toutes les personnes qu'il avait pu rencontrer ce soir là dans la gare de Valence.
M'enfin, à quoi tu pense Jérôme !!!! (lol)

A noter aussi (et parce que je suis la pire des lectrices pour mes amis) quelques petites coquilles ici ou là (Je sais bien que même en police de caractère taille 72, on finit par ne plus les voir ses bourdes, moi la première), quelques petites maladresses…
Bon, oui je ne laisse point passer ces petites imperfections qui si elles ne gênent en rien la lecture de ce roman, peuvent faire tiquer les lecteurs plus exigeants et/ou pointilleux (dont moi, l'emmerdeuse de service).
Rien de bien méchant, rien qui ne puisse être revu et corrigé dans une prochaine édition. Je ne laisse rien passer, je crois que je suis plus exigeante avec lui (Jérôme Fagnoni) qu'avec un autre auteur car je sens le potentiel par encore assez mis en valeur.

Pour le reste, ma lecture fut agréable, très agréable même.
J'ai apprécié le style, moins maladroit que précédemment, moins lourd aussi. Le texte m'a semblé plus dynamique, plus entrainant. Mon côté fleur bleue y est aussi pour quelque chose sans doute, mais si je ne peux pas le laisser s'exprimer en lisant une fiction à  caractère romantique (mais pas que), quand le puis-je ?
Mais "Trois pas vers l'autre…" n'est seulement un roman où l'on découvre une histoire d'amour balbutiante, c'est aussi un récit qui nous offre une vision de notre société actuelle. J'irai presque jusqu'à dire sociale par certains aspects. Jérôme glisse ici ou là certaines de ses visions du monde par le biais de ses personnages et des situations auxquelles ils sont également confrontés. Malin, mais cela demande un peu plus de finesse encore car les traits sont encore un peu trop épais. Cependant, on tient le bon bout.

Le personnage de Catherine m'a déçu et m'a même carrément mise hors de moi.
Attention, je tiens tout de suite à préciser que ma déception ne vient pas de la façon dont Jérôme Fagnoni l'a dépeinte, mais véritablement de ses traits de caractère. C'est fou comme l'on peut être désappointé par les gens.
J'en garde un souvenir amer, mais je sais que je ne suis pas la seule, Aurore, l'autre personnage féminin que l'on retrouve me comprendrait surement.
Jamais je ne l'aurai cru aussi superficielle, mais chutttttt….

Paul est fidèle à lui-même. Il ne me déstabilise pas. Je retrouve en lui tellement de traits de Jérôme en lui. Je sais que si je les perçois si bien, c'est parce que je connais l'auteur depuis fort longtemps, mais en réalité c'est une chose qui est très fréquente dans la littérature. Il est fort rare qu'un des personnages d'une fiction n'ai pas quelques traits de caractère de l'auteur car on écrit toujours mieux ce que l'on connait, ce que l'on a déjà expérimenté. On est alors plus convaincant.
Et cette intrigue l'est !

Assurément humaine, sans grandes fioritures qui auraient de toute manière été de trop, voilà une histoire probable, avec des protagonistes vrais, avec leurs qualités, mais aussi et surtout leurs défauts.
Je me suis sentie très bien dans cet univers dépeint simplement.

Comme pour le précédent roman, le final risque de vous surprendre et c'est tant mieux car du début à la fin donc, on ne s'ennuie pas.
 J'avoue que je le suis de plus en plus difficilement et pourtant je l'ai presque été complètement.
Dans tous les cas, il y a d'excellentes idées dans ce récit et j'avoue que je suis assez impatiente de lire le troisième volume pour voir comment les éléments évoluent car il y a une belle ouverture, fine et bien amenée, dans le dernier paragraphe, alors que ce n'était point évident.

Jérôme possède les idées, le style se construit petit à petit, l'ensemble s'il n'est pas encore parfait est en revanche plus que prometteur.



Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20




Les bonus :


Le blog de l'auteur pour mieux le découvrir car oui, il n'a pas sa langue dans sa poche et il y exprime ses idées. Venez vous aussi enrichir le débat : http://www.jerome.fagnoni.fr/
C'est également là que vous pouvez contacter l'auteur pour lui commander les ouvrages (les tomes 1,2 et 3) de cette intrigue ainsi que ses essais.

lundi 12 décembre 2011

Comme un roman de Daniel Pennac



Le livre:

Comme un roman de Daniel Pennac, aux éditions Gallimard (collection Folio), 5€70, 197 pages.



Pourquoi ce livre ?

Bien que j'aime beaucoup l'auteur pour ses prises de position en faveur de la culture et plus particulièrement sur la lecture, la littérature, je n'avais pas encore eu le temps, ni même l'occasion de le lire. Voilà qui sera chose faite à présent.
Mon amour pour les livres et la lecture (plaisir solitaire au départ, mais que l'on peut partager de bien des manières et avec tout le monde) m'a fait me diriger tout naturellement vers le titre, "Comme un roman".
Quand on lit d'ailleurs la quatrième de couverture, je crois que pour une fois, on tient là l'essentiel. D'ailleurs, je me demande presque qu'est-ce que je pourrais bien dire de plus qui puisse apporter une pierre de plus à l'édifice de la lecture. Tout a été dit et surtout on désacralise sans pour autant se montrer insolent face à cette pratique noble, mais pas élitiste. Tout le monde peut lire et aimer cela.



Le pitch :

Un prof peut-il conseiller à ses élèves de sauter les pages d'un livre, de ne pas finir un roman et même de ne pas lire ? Oui, si c'est le seul moyen pour les faire entrer dans le monde magique des livres. C'est en tout cas le parti pris de Daniel Pennac : auteur à succès depuis Au bonheur des ogres jusqu'à Monsieur Malaussène, il est aussi professeur de français, et il a bien compris qu'il ne sert à rien de vouloir forcer les élèves : si on leur donne le droit de sauter les premières pages de description du Père Goriot de Balzac, on leur laisse une chance de se laisser envoûter par Rastignac. Et c'est l'essentiel, car se priver de Balzac, et de tous les autres, c'est passer à côté d'un grand bonheur. Et d'une grande liberté.

LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR

1.  Le droit de ne pas lire
2.  Le droit de sauter des pages
3.  Le droit de ne pas finir un livre
4.  Le droit de relire
5.  Le droit de lire n'importe quoi
6.  Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible)
7.  Le droit de lire n'importe où
8.  Le droit de grappiller
9.  Le droit de lire à haute voix
10.  Le droit de nous taire



Ce que j'en ai pensé :


Cet ouvrage n'est justement pas un roman, mais un essai de Daniel Pennac que l'on peut lire tout aussi aisément en revanche qu'un roman.
Je sais que souvent le terme : essai peut faire peur. Beaucoup se disent que cela doit être ennuyeux, soporifique, trop intellectuel pour eux… etc. Et bien faîtes fit de vos complexes, ils n'ont pas lieu d'être et dépassez vos préjugés.

Cet essai donc est déjà relativement court (197 pages) et donc sa taille ne devrait pas être un problème. Point de gros pavé cette fois-ci et disponible en format de poche pour un prix modique : 5€70. C'est même pas la ruine et de plus, on peut le dénicher souvent pour encore bien moins dans une bouquinerie ou l'emprunter dans une bibliothèque. 

Ensuite, le langage utilisé n'est pas si pointu. Tout est extrêmement accessible au contraire car justement le thème de cet essai porte sur la lecture, l'amour des livres, comment et pourquoi on aime cela ou pas…
Daniel Pennac décortique point par point ce que nous avons presque tous vécu à un moment donné de notre vie : la lecture obligatoire dans le cadre scolaire d'un pavé classique qui vous endort en moins de deux minutes, vous barbe, vous sort par les yeux. Dans certaines "spéciales" de "La grande librairie" (émission littéraire sur France 5 tous les jeudi soir), il arrive justement que certains grands auteurs présentent leur classique "que c'est même pas la peine" !!!! Donc vous voyez, on a toutes et tous eu un jour ce rejet, mais il ne faut pas en rester là et aborder sans doute par d'autres angles la lecture.
Il nous donne même sa méthode pour faire aimer les livres à celles-et ceux qui croyaient ne pas les aimer.
On n'oublie trop souvent qu'un pavé nous raconte avant tout une belle histoire s'il s'agit d'un roman. On se laisse juste impressionner par ce cube de papier et qui nous semble terrifiant. Oui, certains peuvent avoir peur de cet amas de feuilles de papier imprimées. Ils craignent surtout de ne pas pouvoir le dompter, le domestiquer, l'apprivoiser alors qu'il n'y a rien de plus simple. Il suffit de se détendre, de se laisser aller et pourquoi pas d'écouter un livre. Dans cet essai, Daniel Pennac décrit un professeur qui fait la lecture à ses élèves qui sont déjà au lycée pour simplement leur donner le goût des mots, des intrigues. Ils redeviennent des enfants et renouent avec le plaisir simple de se laisser porter par un récit. Chez nous, on n'a pas toujours une personne pour nous faire la lecture alors pourquoi pas se tourner vers les audio-livres ? une manière comme une autre de reprendre goût à la lecture.

Daniel Pennac explique aussi très bien que souvent on ne lit pas parce que l'on ne veut pas lire.
On se cherche des excuses, on dit que l'on n'en n'a pas le temps, mais en réalité, personne ne possède ce dernier. Nos existences sont ainsi faites que jamais on n'a de répit. On en est donc réduit à volé un peu de temps à nos vies menées à 100 km/h pour lire quelques pages. Regardez un peu autour de vous et vous comprendrez : dans le train, dans les transports en commun, dans un café ou lors de sa pause déjeuner, aux toilettes même… Bref, on profite de toutes les occasions pour chiper un peu de rêve au travers des textes des auteurs quand on est un lecteur.
Sinon et bien on prend du temps délibérément, un peu comme on se révolterait contre cette course sans fin que souhaite nous imposer la société actuelle. Lire est d'ailleurs une manière d'être soi-même, de se faire plaisir, de s'octroyer du bonheur par pages imprimées.

Lire est un droit.
Ne nous imposons pas plus de contraintes que nécessaire pour cette pratique qui fait peur parfois parce que l'on se borne à de fausses croyances. Dépassons les.

Ce petit essai par la taille peut faire beaucoup de bien pour démystifier le livre (non ce n'est pas un objet sacré, même si cela se respect quand même) et montrer que lire n'est pas réservé à une élite, ni aux premiers de la classe (Daniel Pennac n'était pas justement un excellent élève et pourtant cela ne l'a pas empèché de devenir celui qu'il est).
Si vous êtes un lecteur, ce livre vous plaira car il parle d'une pratique que vous apprécier et vous donnera des pistes pour partager vos lectures, votre passion.
Si vous n'êtes pas lecteur, ce livre peut également vous plaire car il dédramatise le fait que l'on ne lise pas ou peu. Il pourrait même vous donner ensuite envie de reconsidérer votre position face à la littérature.


Et s'il fallait mettre une note :
17 / 20


Les bonus :


La fiche de Daniel Pennac sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Pennac

jeudi 8 décembre 2011

Le passager de Jean-Christophe Grangé


Le livre :

Le passager de Jean-Christophe Grangé, aux éditions Albin Michel, 24 € 90, 750 pages


Pourquoi ce livre :

J'ai croisé ce livre en librairie à plusieurs reprises et j'ai pensé à me l'offrir, mais j'avais déjà tellement à lire que je me suis : "Ce n'est pas raisonnable, attend d'avoir un peu plus avancé dans tes partenariats… Et puis, tu as vu ta PAL ? (Pile A Lire) C'est pas humain donc attend encore un peu…"
Oui, j'ai été forte, mais pas très longtemps et au fina,l quand je l'ai croisé sur le rayonnage des nouveautés à la médiathèque (on venait juste de le poser devant moi), je n'ai pas réfléchi. Je l'ai empoigné et j'ai bien fait, ma voisine avait esquissé un geste vers lui, mais il était déjà à moi pour 15 jours !!!! Ahh oui c'est la loi de la jungle parfois même dans une bibliothèque ! lol
J'apprécie Jean-Christophe Grangé même si je n'ai pas tout lu de lui (3 ou 4 titres à ce jour). En général, je n'ai pas été déçue. J'espère qu'il en sera de même avec ce pavé.


Le pitch :

Je suis l'ombre.
Je suis la proie. Je suis le tueur. Je suis la cible. Pour m'en sortir, une seule option : fuir l'autre. Mais si l'autre est moi-même ?



Ce que j'en ai pensé :


ça commence comme une histoire de fou et pour cela, le cadre est bien choisi. Tous les éléments sont là pour nous faire frissonner :
- La nuit
- Le psychiatre de garde avec un lourd passé, seul
- Les patients
- Le brouillard épais qui règne sur la ville depuis des heures, voir des jours entiers
- La sonnerie stridente du téléphone
- La police
etc…
En quelques lignes, on est dedans.
Cependant, malgré ces détails qui nous plongent rapidement dans une atmosphère assez lourde, voir carrément inquiétante, j'ai esquissé plus qu'un sourire en lisant :
"A Bordeaux, pas de vin, pas d'amis."
J'y ai vu un beau remake à la sauce bordelaise de  :
"Pas de bras, pas de chocolats."
C'est complètement immature comme réaction, je vous le concède bien volontiers, mais je suis ainsi parfois. D'ailleurs si cela se trouve, en écrivant cette phrase, Jean-Christophe Grangé y a pensé aussi ! C'est un auteur qui n'est pas dénué d'un certain humour quand même. Certes, il ne perd pas son temps pour vous plonger dans une ambiance des plus glaciale et à peine vous en sortez un orteil qu'il vous en rajoute une petite couche. Allez hop, on n'est pas là pour rigoler !!!! Le thriller, c'est du sérieux !
Tremblez !!!! Les occasions ne vont d'ailleurs pas manquer !

Comme toujours avec Jean-Christophe Grangé, les chapitres sont relativement courts, mais fort nombreux. Il n'écrit pas des petits livres, mais cela ne me dérange pas du moment que l'ensemble reste agréable à lire. Peu importe le nombre de pages, pourvu que j'ai l'ivresse des frissons tout en restant chez moi sous ma couette.
Ce type de découpage de l'intrigue en petites parcelles donne du rythme aux lecteurs et cela nous encourage souvent à en lire encore un de plus… C'est pour la route qu'on vous dit !!!
Voilà donc une mécanique bien huilée et qui fonctionne à merveille.
Cela reste aussi très visuel, presque comme dans un film, une série.

Le style de sa plume est comme toujours limpide. Le texte se déroule sans accroc, sans que l'on fournisse un réel effort non plus. J'apprécie parfois de ne pas trop me prendre la tête entre les mains pour tout bien suivre.
Lecture de détente (sauf si vous vous crispez sous vos draps). Et j'en ai eu l'occasion avec un chapitre assez sanglant : un nez cassé, un rebord de lavabo, du sang, de la douleur… J'en avais des nausées tellement je voyais trop bien la scène…

Les personnages sont torturés, avec des zones d'ombre et des secrets enfouis (très bien enfouis !!!).
Ils se cherchent et nous, les lecteurs, nous en apprenons un peu plus sur eux en même temps qu'eux. Si, si cette phrase à un sens, mais pour bien la comprendre il faut lire ce roman… En tout cas, c'est agréable car on peut partager leur surprise, leur désespoir, leur colère, leur incompréhension…
Voilà un beau tour de passe-passe de la part de l'auteur qui distille les informations selon son bon vouloir et les péripéties que vivent nos deux héros principaux.
Un homme et une femme qui vont toucher le fond, vivre pire que l'enfer sur terre sans doute. Les rebondissements sont très nombreux. Certains diront que c'est presque trop, mais après tout si on ne peut plus pousser les limites dans une oeuvres de fiction alors où peut-on encore le faire ?

Le final (que je ne vous révèlerai pas car je trouve que c'est criminel pour un thriller et même pour toutes autres lectures) est assez classique quand on a déjà lu Jean-Christophe Grangé : c'est une sorte de grande réunion au sommet avec les bons et les méchants, ça règle ses comptes et reste ceux qui restent. Surprise !!!! 
Ben oui, je ne vous dirai rien de plus, non n'insistez pas !!!! Lisez le livre et puis c'est tout ! Pffffffff

C'est une lecture que j'ai véritablement apprécié. J'étais impatiente en journée de retrouver mon pavé pour avancer dans cette folle aventure. J'étais complètement prise par le suspens et pourtant je pense que je deviens de plus en plus difficile à surprendre à force de lire énormément.
Et oui, le revers de la médaille pour les gros lecteurs, c'est qu'ils commencent par connaître presque toutes les ficelles donc il en faut toujours plus pour les faire trembler. Heureusement, le talent et le savoir-faire des auteurs est quand même là. L'écriture est un art ! 





Et s'il fallait mettre une note : 17 / 20


Les bonus :


Une petite vidéo de présentation du bouquin par un libraire : http://vimeo.com/30676624

La radio, c'est aussi de la vidéo maintenant donc voilà une interview sur Europe 1 : http://www.dailymotion.com/video/xkstst_quot-j-ai-toujours-ete-attire-par-les-mondes-souterrains-quot_news

vendredi 25 novembre 2011

Du bulgom et des hommes d'Amandine Dhée

Le livre :

Du bulgom et des hommes d'Amandine Dhée, aux éditions La Contre Allée, 14 €, 112 pages



Pourquoi ce livre ?

Je poursuis mon petit bonhomme de chemin dans l'opération organisée par Libfly : un éditeur se livre avec cette fois les éditions de La Contre Allée.
Ceci est le troisième livre que je découvre dans cette aventure toujours dans le même corpus éditorial. Les genres se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Tant mieux, j'adore être surprise et cette fois-ci ce sera en théorie par Amandine Dhée, une jeune auteur de la région Nord Pas de Calais.
Bon assez bavardé, en route pour de nouvelles péripéties littéraires.


Le pitch :

« Les gens dans la ville ne peuvent pas faire que s aimer. Ils doivent aussi manger. Une saine vie médiatique nous le rappelle : cinqfruitsetlégumesparjour. Et aussi qu'il faut mangerbouger. Cette injonction me laisse songeuse : qu attend-on de moi exactement ? Faut-il que je bouge juste après avoir mangé ou faut-il que je bouge en mangeant ?
Mais dans la ville on peut pas fabriquer soi-même ses légumes à cause de la terre de ville qui est nostalgique, et qui garde en elle des souvenirs des entreprises d avant où maintenant c est du chômage mais n empêche.
J ai bien tenté d éditer mon propre livre de recettes : La cuisine aux métaux lourds, c est facile ! mais je me suis sentie très peu soutenue. »

Vieilles dames armées, super héros souterrains, conseillers municipaux inspirés, ... autant de personnages avec lesquels Amandine Dhée passe au crible les comportements humains en milieu urbain à la façon d un documentaire animalier.
Un ton décalé et un humour corrosif distinguent ce premier ouvrage, jubilatoire.

Une adaptation audio est à télécharger en complément sur le site des éditions. www.lacontreallee.com


Ce que j'en ai pensé : (attention chronique un peu déjantée)

Ce livre est un recueil de texte qui certainement passent très bien à l'oral (forme de communication privilégié tout d'abord par l'auteur), mais que pour ma part, je découvre à l'écrit. Je sais bien qu'il y a une version audio de l'ouvrage disponible et que l'on peut télécharger, mais je ne me précipite pas immédiatement dessus. Je vais prendre mon temps et je l'écouterai sans doute bien plus tard.

Avec le tout premier texte intitulé : "La ville pousse", c'est le manque total de ponctuation qui me gène.
Très franchement les premiers paragraphes sont presque incompréhensibles pour moi et je dois les reprendre une fois, deux fois, trois fois, pour enfin saisir toute la portée de cette écriture minimale, mais absolument pas minimaliste. Les mots s'enchainent et ce sont des flashs de l'enfance, d'une enfance (celle d'Amandine peut être, ce prénom est cité) qui m'apparaissent. La construction est donc chaotique, mais bien complète.
Je m'y retrouve enfin, cette époque me parle, j'ai vécu à peu de chose près des expériences similaires. Cet écrit est court, mais riche. Pour être déroutée, je l'ai été. La surprise fut désagréable au tout début, puis, j'y ai pris goût. C'est comme s'il m'avait fallut réapprendre, réapprivoiser une certaine forme de communication.

Dès le second texte, la ponctuation fait son retour. Ouf car même si j'ai fini par apprécier le premier texte, ce n'est pas de tout repos.
"Dessous la ville", il y a parfois un métro que l'on emprunte sans vraiment y penser parce que c'est bien pratique, relativement rapide et puis parfois, on n'a pas d'autres choix !
Dans ce texte, on va avoir une nouvelle vision de ce mode de transport, de ceux qui font ce qu'il est et de ceux qui l'empruntent  avec nous. C'est doux-amer avec un trait à peine forcé vers l'absurde. Voilà une vie sous la terre qui pourrait aussi vous faire frémir, sourire, en bref réagir.

"Verte ville" est le troisième texte et forcément, on va aborder un autre élément qui compose nos citées urbaines : les espaces verts.
En ces temps où l'écologie est partout, Amandine Dhée aborde le sujet, mais encore une fois au détour de propos décalés qui nous conduiront ensuite vers le Bulgom (cette matière souple se trouve souvent sur les aires de jeux pour les enfants car c'est elle qui est censée amoindrir le choc de leurs chutes). Bulgom que l'on retrouve cité dans le titre et qui comme moi a dû vous interpeller ou vous faire poser la question suivante : Mais c'est quoi du Bulgom ? (Si avouez que vous ne saviez pas à quoi cela correspondait… Que je me sente moins seule).
La ville, symbole du paradis ou de l'enfer pour certain car soit on est un citadin, soit on ne l'est pas. Dans tous les cas, cela n'empêche nullement de souffrir entre ses murs car on peut s'y sentir bien seul.

"Vieille ville "est la suite logique de "Verte ville". Les textes se suivent et s'enchainent sans peine. On prend un certain rythme dans notre lecture et on se sent de plus en plus à l'aise avec cette écriture peu banale.
Là, on commence comme dans un reportage dignes 'Histoire naturelle" que seuls les insomniaques peuvent véritablement regarder sans craquer (hélas pour eux). Ah si les vieux également !!! (Sûre qu'Amandine Dhée aurait pu l'écrire cette vacherie là !).
Bref, tout ceci n'est guère politiquement correct, mais on s'en fiche complètement car l'important, c'est de communiquer, de tisser des liens sociaux avec les autres, même si c'est au prix fort, c'est-à-dire en choquant les gens. C'est moins terrible que les dernières pubs Benetton quand même, mais c'est moins mercantiles également.

Tout cela, nous conduit au texte suivant donc : La ville c'est les autres. (sans la virgule, je sais bien, mais c'est pas moi, c'est elle !!!!!!!)
Là, en lisant les première lignes, je me revois parfaitement passer mon attestation de secouriste en milieu de travail (nous étions 2 pour 20 agents). Et j'ai aussi cette angoisse (comme la narratrice) quand survient un accident ou un incident en ma présence. Je ne sais plus rien des belles théories à mettre en pratique pour venir en aide à la victime. Ouf, je ne suis donc pas différente de l'auteur qui elle aussi panique à l'idée d'aller intervenir. Bon pour le moral pour moi, mais mauvais pour la victime… Oh et puis tant pis pour elle, elle n'avait qu'à faire attention aussi ! (Oups I did it again !!!!). Voilà encore une autre vacherie inspirée par le style d'Amandine Dhée. Elle me met donc en forme la petite dame, mais attention à ne pas me "claquer" en route car oui à l'endurance plutôt qu'à la performance… Et vlan, nous voilà au texte suivant qui aurait pu s'intituler aussi : Hommes et Femmes, mode d'emploi ?

Enfin fournir tous ces efforts, ça creuse l'estomac et tout naturellement, on arrive à la "Ville mange".
Nourriture à base de bons mots qui me rassasient pleinement sans jamais que cela ne soit indigeste. D'ailleurs, c'est tout bonnement impossible car les portraits des commerçants du quartier sont garantis sans OGM (Original Gag Miteux), mais plutôt tous label rouge. Même remarque pour les portraits des habitants dudit quartier. Tous plus véridiques que des caricatures car on le sait bien, plus c'est gros et plus ça passe ! (peut-être aussi parce que c'est vrai, la fiction se faisant lamentablement doublée par cette bonne vieille réalité).

Un livre court à lire avec l'esprit ouvert, un peu de bonne humeur et un brin de nostalgie aussi.
Un ouvrage avec un humour souvent un peu sombre, limite désabusé, mais il vaut mieux en rire que d'en pleurer, pas vrai ?????


Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20


Les bonus :


La fiche de l'auteur sur le site de l'éditeur : http://www.lacontreallee.com/auteurs/amandine-dhee

mardi 22 novembre 2011

Aux âmes sombres de Jérôme Fagnoni


Le livre :

Aux âmes sombres de Jérôme Fagnoni, aux éditions LU, 189 pages, 10 €


Pourquoi ce livre ?

Comme toujours, c'est pas curiosité que j'ai voulu découvrir cet ouvrage, mais cette fois-ci, j'avais en plus un tout autre motif : je connais l'auteur personnellement. Il s'agit d'un ami d'adolescence que j'avais perdu de vue pendant quelques années et que j'ai retrouvé via la magie (un moteur de recherche) de la Toile (merci Facebook pour une fois).
"Aux âmes sombres" est le premier roman que je lis de Jérôme Fagnoni, mais ce ne sera assurément pas le dernier car j'ai eu un cadeau d'avant Noël un peu spécial : l'intégrale des oeuvres littéraires de l'auteur ! Pour moi, il n'y a pas de plus beau cadeau que des livres et si cela peut aider à faire connaître un ami alors, je saute à pied joint sur l'occasion !
Cependant, mon avis sera aussi objectif que possible car je ne veux pas juste faire plaisir à mon ami. Ce ne serait d'ailleurs pas lui rendre un véritable service, si le roman était mauvais, que de lui dire à toute force le contraire. Donc à partir de maintenant, ce n'est plus l'amie qui va s'adresser à vous, mais plutôt la lectrice assidue, rodée en partie aux lectures critiques grâce à de multiples partenariats et quelques jury littéraires de lecteurs. Je vais essayer d'être aussi professionnelle que possible dans mon amateurisme.


Le pitch :

Paul est un trentenaire que nous allons rencontrer dans un hall de gare un soir où la température ne sera pas des plus clémentes.
Que fait-il ici ?
Qui est-il venu attendre ?
Pourquoi ?
Qui va-t-il rencontrer ?
Cela va-t-il changer le court même de son existence ?
Tout cela et encore bien d'autres choses, vous le saurez si vous lisez ce premier roman de Jérôme Fagnoni.



Ce que j'en ai pensé :

Tout va commencer dans une gare que j'ai longuement fréquenté…
La Drôme, c'est toute mon enfance. j'y suis même née, mais c'est sans un remord que j'en suis partie à 18 ans, mon bac littéraire en poche.
Débuter donc ce roman dans la gare de Valence m'amuse un peu et fait resurgir bien des souvenirs : aller-retour en train pour ma nouvelle ville universitaire, Grenoble. Je revois parfaitement cette ambiance glaciale pleine de courant d'air, d'annonces incompréhensibles et de tableaux d'information avare d'information justement sauf pour les temps de retard des trains à l'arrivée ou au départ. Et comme je prenais souvent le train assez tard, voir carrément de nuit pour être moins bousculée, je trouve le décor parfaitement dépeint.

Paul, l'un des héros centraux de ce récit, est un trentenaire comme Jérôme ou moi-même (nous sommes des conscrits). Il est assez facile donc de suivre son raisonnement, de comprendre toutes les références qui sont faites à divers artistes ou oeuvres du 7ème art, de la chanson ou autre pour moi. Oh et puis la trentaine, c'est le bel âge parait-il, celui où tout est possible, mais c'est également celui où l'on prend ses premières véritables claques. On n'est plus tout à fait aussi jeune, on aborde bientôt un virage important. Paul n'y échappe pas plus que les autres. Peut-être même moins.
Il peste, il râle, bref, c'est un bon français moyen qui grogne et avec la SNCF comme "VIP" durant toute la première partie du roman, ce n'est guère étonnant quand même.

Quelques petits détails dans les propos de Paul situe le récit à la fin des années 2 000, nous sommes donc bien dans de la littérature purement contemporaine et cela me convient assez bien. 

Pour en revenir à Paul, il possède une gestuelle, des sortes de tics qu'il me semble bien reconnaître (cela fait des années que je n'ai plus revu Jérôme et nos contacts sont uniquement postaux ou sur la Toile). Je dirai donc que ces gestes sont semblables pour certains à ceux que faisait Jérôme il y a quelques années en arrière, mais c'est sans doute normal car Paul est quelque part un peu son double fictif (pas sur tout fort heureusement).

L'attente est un prétexte assez logique que Jérôme utilise dans sa narration pour justifier la succession de rencontres que va faire Paul dans la gare de Valence. ça et le fait qu'effectivement une gare est un lieu de transit pour beaucoup de monde même à des heures aussi tardives et par grand froid.
Une rencontre est égale à un chapitre au début. Voilà donc un découpage simple et fort pratique pour le lecteur qui ne peut pas se perdre et qui peut même imaginer un peu ce qui va suivre grâce au titre des chapitres.
Certaines de ces entrevues vont donner lieu à des dialogues surprenants, presque surréalistes comme celle avec le "Sybarite".
D'autres seront avec une valeur ajoutée moindre. Comprenez par là qu'elles m'ont semblé plus mornes, moins intéressantes ou moins bien exploitées par l'auteur.
D'autres encore vous feront sourire ou réagir. Et je crois que le but de Jérôme est bien là : provoquer en nous un sursaut, faire jaillir une étincelle…

Et pour Paul, il y aura une escarbille qui pourrait bien allumer un grand feu. Catherine va éveiller en lui plus que de l'intérêt.
Rencontres du hasard, complicité ou non du moment et… Bref lisez et vous saurez tout !

Côté style, j'ai bien remarqué quelques faiblesses et des petites erreurs ou incohérences ici ou là, mais elles restent mineures. Il ne faut pas oublier que nous sommes là avec un premier roman et forcément, c'est un peu plus maladroit.
Il y a cependant de bonnes idées et donc cela me plait assez dans l'ensemble. Cela me touche même. J'oublie les imperfections pour saisir ce qui est essentiel : le coeur de la réflexion, le questionnement universel. Reste juste que cette première partie (la moitié du livre en somme) est un peu poussive et pourrait ennuyer certains lecteurs. Ce serait dommage car la seconde partie m'a très agréablement surprise. Elle tranche assez (le cadre, le rythme de vie et l'arrive du personnage d'Aurore) et me semble bien meilleure, plus captivante bien qu'elle comporte encore quelques clichés (attendus).

Paul vit des moments très difficiles, pour ne pas dire insurmontables au moment où nous le rejoignons. Le titre "Aux âmes sombres" est parfaitement justifié par le contenu du roman comme vous pourrez le découvrir par vous-même si vous décidez de lire cet ouvrage. Cependant, je puis vous assurer qu'il n'est pas aussi désespéré que certains pourraient aisément l'imaginer. Une âme par exemple, c'est le principe vital, transcendant ou immanent de toute entité dotée de vie. C'est assez positif quand même. Quant à "sombres", c'est vrai que c'est moins lumineux, mais ce n'est pas pour autant obscur.
J'ai envie de voir là un côté non définitif, juste passager car tant qu'il y a de la vie sur cette terre, les possibilités qui s'offrent aux vivants sont innombrables pour qui veut bien les saisir (les comprendre et les mettre en oeuvre). Il peut bien évidement y avoir quelques "ratés", mais une chose est certaine, j'ai été complètement absorbée par ma lecture à partir de la seconde partie de cet ouvrage.
Donc après des débuts quelques peu poussifs, répétitifs, caricaturaux parfois, mais non dénués de sens comme on le verra par la suite, j'ai trouvé un texte plus rythmé, vivant, vivifiant et entrainant.

Le final sera différent de ce que l'on pourrait attendre (mais je ne dirai rien même sous la torture) et je me dis : Vivement la suite !
Enfin personnellement, ça ira, elle n'est pas bien loin donc le suspens, je le vis très bien…

Une plume à découvrir, qui se cherche encore, mais qui ne manque pas d'idées.



Et s'il fallait mettre une note : 14 / 20


Les bonus :

Le blog de l'auteur pour mieux le découvrir car oui, il n'a pas sa langue dans sa poche et il y exprime ses idées. Venez vous aussi enrichir le débat : http://www.jerome.fagnoni.fr/
C'est aussi là que vous pourrez commander l'ouvrage.

lundi 21 novembre 2011

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson


Le livre :

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, aux éditions Gallimard, 267 pages, 17 € 90



Pourquoi ce livre ?

Je ne vais être originale et je vais encore vous dire que j'en ai entendu parlé dans mon émission littéraire favorite du jeudi soir sur France 5 : La grande librairie. C'est vrai, je note des tonnes de livres par le biais de ce programme.
Mais ce n'est pas tout, j'avais lu auparavant aussi quelques bons articles dans la presse spécialisée (en littérature). Cela a encore éveillé ma curiosité.
L'invitation au voyage était trop belle pour ne pas être saisie. C'est une expérience que je n'aurai jamais l'occasion de mener moi-même et donc que je vais vivre par procuration grâce à un auteur et un récit.
De plus, c'est à la médiathèque que j'ai pu retirer mon livre sans peine dans le rayon des nouveautés toujours bien garni et donc me voilà partie.
En route pour l'aventure !!!!`
                                                                                                               


Le pitch :

Sylvain Tesson, pour rassasier son besoin de liberté, a trouvé une solution radicale et vieille comme les expériences des ermites de la vieille Russie : s’enfermer seul dans une cabane en pleine taïga sibérienne, sur les bords du Baïkal, pendant six mois.
De février à juillet 2010, il a choisi de faire l’expérience du silence, de la solitude, et du froid. Sa cabane, construite par des géologues soviétiques dans les années brejnéviennes, est un cube de rondins de trois mètres sur trois, chauffé par un poêle en fonte, à six jours de marche du premier village et à des centaines de kilomètres d’une piste. Vivre isolé du monde nécessite avant tout de s’imposer un rythme.
Le matin, Sylvain Tesson lit, écrit, fume, ou dessine. Puis ce sont cinq longues heures consacrées à la vie domestique : il faut couper le bois, déblayer la neige, préparer les lignes de pêche, réparer les avanies de l’hiver… Le défi de six mois d’ermitage, c’est de savoir si l’on réussira à se supporter. En cas de dégoût de soi, nulle épaule où s’appuyer, nul visage pour se lustrer les yeux. L’inspecteur forestier Chabourov qui l’a déposé sur cette grève le premier jour le savait.
Il lui a glissé, énigmatique, en se touchant la tempe : « Ici, c’est un magnifique endroit pour se suicider ». La solitude finira par se révéler fertile : quand on n’a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux ; le carnet de note, un compagnon poli. C’est ce journal que nous offre à lire Sylvain Tesson. En notant minutieusement, presque quotidiennement, ses impressions face au silence, ses luttes pour survivre dans une nature hostile, ses désespoirs, ses doutes, mais aussi, ses moments d’extase, de paix intérieure et d’osmose avec la nature, Sylvain Tesson nous fait partager une expérience hors du commun.
Finalement « la vie en cabane apprend à peupler l’instant, à ne rien attendre de l’avenir et à accepter ce qui advient comme une fête. Le génie du lieu aide à apprivoiser le temps ». Une expérience comme seule la littérature peut la ressaisir afin qu’elle ne soit pas seulement une aventure isolée, mais une aventure exceptionnelle à la portée de tous.


Ce que j'en ai pensé :


La Sibérie n'est certainement pas la première destination que vous choisiriez pour vos prochaines vacances, ni même si vous deviez prendre un long break de 6 mois ailleurs que chez vous.
Je vous rassure, ce n'est pas mon choix personnel non plus, mais ce fut celui de Sylvain Tesson qui n'arrivait plus à trouver assez de réconfort dans ses multiples voyages et errances sur le globe. Pourtant, ces périples, c'était toute sa vie. C'est en marchant, en parcourant le monde qu'il se sentait bien, mais la magie n'opère plus aussi bien. Et c'est dans l'immobilité qu'il pense trouver la solution. Certes, c'est un peu extrême, mais pour lui, c'est presque la routine. Et puis, ce paysage, ces rives du lac Baïkal, il avait promis d'y revenir !

Ce livre est en fait son carnet de bord, ce qu'il a consigné durant cette retraite volontaire du monde (bien qu'il ne fut pas complètement isolé…. On peut même être envahi dans des coins aussi reculés que cela, incroyable, non ?!).
6 mois, c'est long et c'est court. Le temps n'est plus tout à fait le même une fois que l'on sort de notre société de consommation, de ce carcan mondialisé où ce qui a réellement de la valeur est négligé au profit de quêtes aussi futiles qu'éphémères. Pour cela, j'avoue que j'ai un peu la même vision que Sylvain sur le fait que je souhaite avoir un vie, une existence pleine et qui vaut la peine d'être vécue.
Nous lisons donc les lignes écrites par Sylvain Tesson juste avant de se retrouver seul dans sa cabane (on débute avec le voyage qui va le conduire jusqu'à son refuge de rondins sur les bords du lac Baïkal) et jusqu'à son retour parmi nous ou presque.

L'auteur s'étonne lui-même. Il s'attache à des choses, des éléments qu'il aurait cru presque insignifiants auparavant, même si c'est forcément un amoureux de la nature et de ses merveilles pour avoir choisi un tel lieu.
Le voilà quand il parle d'une mésange qui vient le voir régulièrement :
"La visite du petit animal m'enchante. Elle illumine l'après-midi. En quelques jours, j'ai réussi à me contenter d'un spectacle pareil. Prodigieux comme on se déshabitue vite du baryum de la vie urbaine."
Il s'interroge également :
"La vie de cabane est peut-être une régression. Mais s'il y avait progrès dans cette régression ?"
Je m'interroge aussi. Je ne vis pas dans une cabane, mais j'essaie de ne pas trop me laisser happer par notre monde qui a certes du bon, mais qui ne me plait pas toujours. Je m'émerveille encore devant des choses toutes bêtes car je les trouve magiques par leur apparente simplicité alors que c'est en réalité tout le contraire.

On pourrait penser que vivre ainsi en hermine est un calvaire. Certains s'effraient à la perspective de ne pouvoir parler à personne, mais je l'avoue, cela ne me gènerait pas tant que cela. Et puis, 6 mois, ce n'est pas l'éternité non plus. Il faut relativiser.
Sylvain Tesson aime les gens taciturnes et donc le calme. Le fait que l'on ne soit pas obligé de déverser non plus un flot de paroles en continue pour échanger avec autrui est un plus pour lui. Cependant, il se rendra chez ses voisins (des heures de marche dans une météo par toujours clémente : - 32 °, -34° etc...) de temps en temps et recevra des visites dans sa cabane. Reste que parfois, ces rencontres vont presque le déranger :
"Je crois bien que je vais espacer mes visites".
Il va même se retenir de ne pas chasser parfois les visiteurs. Ils dérangent sa tranquillité non d'une pipe en bois !

Les habitudes se mettent en place et sont nécessaires car sans l'oeil critique d'un tiers pour nous faire avancer et une certaine volonté personnelle, l'homme est de nature à se laisser aller.
Sylvain Tesson y trouvera même du plaisir à cette routine imposée, des gratifications qui réchaufferont son âme presque tout autant que son corps. Il vaut mieux d'ailleurs par de telles températures polaires (voir le début du journal de bord).
Je suis un peu étonnée de trouver autant d'allusion à de l'alcool, mais après tout nous somme en Sibérie et les Russes n'ont point la réputation de carburer à l'eau plate. Définitivement, je ne peux pas m'imaginer vivre la même expérience à cause du climat, mais aussi à cause de ce facteur alcoolisé. Il me resterait bien les litres de thé à avaler, mais rien que la perspective de me rendre toutes les 1/2 heures aux toilettes dans ce froid, m'en fait passer l'envie immédiatement. Non, il me faudrait trouver un coin plus tempéré et je crois bien que j'ai ma petite idée, mais chut…. Ce n'est ni l'endroit pour vous le révéler, ni le propos de ce billet.

L'auteur et ses voisins possèdent la faculté de regarder des heures par la fenêtre. Le paysage qui s'offre à eux est plus captivant que bien des programmes télévisés que l'on a chez nous. Sur ce point, je peux les comprendre car j'ai également la chance de bénéficié d'un panorama magnifique : j'ai le Mont-Blanc à quelques encablures à peine. Je ne me lasse pas de l'observer au fil des saisons. Il n'est jamais tout à fait le même. A chaque minute, la lumière est différente, les nuages passent et parfois me le dissimule, mais je sais qu'il est là et je l'imagine, je me projette au delà de ce voile. En bref, il me dépasse, il se dégage une certaine magie, une puissance que Dame nature veut bien me laisser admirer. Le lac Baïkal doit être tout aussi captivant avec ses eaux prisonnières des glaces, ses forêts tout autour, sa faune, les caprices de la météo…
Dépaysement garanti.

Ce journal est agréable à lire même si l'on n'est pas fan de "nature writting" : genre littéraire où se mêle l'observation de la nature qui nous entoure et des considération autobiographiques.
Sylvain Tesson sait agrémenter volontairement ou non certaines de ses pages de traits d'humour qui m'ont bien déridés durant ma lecture :
"Ils ont des gueules à dépecer le Thétchène et ils partagent délicatement leur biscotte avec la mésange."
"25 mai. Je passe des heures à fumer dans mon hamac au sommet de l'éminence, les chiens à mes pieds. A Paris, les miens me croient aux prises avec le froid sibérien, ahanant comme un sourd sur mon billot pour fendre le bois dans le blizzard.
"
Le décalage entre ce que l'on croit connaître et la réalité est à son comble. Cela fait du bien de pouvoir être encore surpris et de se dire que tout n'est pas encore perdu.

Introspection, réflexion, méditation… Tout cela est présent. Six mois pour faire le tour de soi-même et aussi du monde qui nous entoure. On pense également à celui que l'on a quitté et que l'on devra rejoindre passé cette retraite.
Solitude et rencontre, tel pourrait être le sous titre de cet ouvrage qui décidément incite à ouvrir vraiment nos yeux.
Pour moi qui recherche de la profondeur dans mes lectures (même s'il m'arrive de lire des choses très légères également), ce fut parfait. Sylvain Tesson avait emporter avec lui beaucoup de lecture et il fait très souvent des parallèles entre les pages qu'il dévore, celles qu'il gratte et ce qui lui sert de cadre d'existence. Il nous suggère parfois de faire de même sans pour autant partir en Sibérie. Peut-être aurions nous un regard plus neuf alors, plus réaliste, plus responsable ?




Et s'il fallait mettre une note : 17 / 20



Les bonus :

La fiche wikipédia de Sylvain Tesson : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvain_Tesson

La page officielle de l'auteur sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/Sylvain-Tesson-Page-Officielle-%D0%A1%D0%B8%D0%BB%D1%8C%D0%B2%D0%B5%D0%BD-%D0%A2%D1%8D%D1%81%D1%81%D0%BE%D0%BD/101775643215647

Une interview pour le figaro magazine en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=0RgF5EAojBc
Vous verrez, il y a des photos superbes et cela va vous donner encore plus envie de lire ce livre.

Une autre interview à la radio sur Europe 1 avec Marc-Olivier Fogiel mise en vidéo (parce que vous on peut aussi regarder la radio maintenant !!!! lol) : http://www.youtube.com/watch?v=0dCNHIfQu1k

Et enfin un teaser de 10 minutes sur cette expérience qui est aussi exceptionnelle : http://www.youtube.com/watch?v=wCnGiztNOes
A voir absolument !!!
Et sinon, vous pourrez voir ici, le film dans son intégralité : http://www.youtube.com/watch?v=9-CxXrRieCM

lundi 14 novembre 2011

La fabrique du Bonheur de Martin Seligman


Le livre :

La fabrique du bonheur de Martin Seligman, aux édition InterEditions, 362 pages, 24


Pourquoi ce livre ?

Je lis pas mal et je cherche toujours à trouver de quoi alimenter cette passion dévorante.
Je dévalise régulièrement les étalages des librairies, celles des médiathèques dans lesquelles je suis abonnée, mais j'ai aussi la chance parfois de bénéficier de quelques partenariats. Le plus souvent le deal est simple : un livre contre un billet (entendez par là, une critique).
C'est par le biais de l'opération masse critique organisée par Babelio que j'ai ainsi obtenu "La fabrique du bonheur" de Martin Seligman. Un titre qui m'intriguait et m'attirait car je suis toujours à la recherche de mieux être. Je suis une angoissée de nature, assez pessimiste (mais je me soigne), dépressive (là aussi je me soigne) et j'en passe. La vie ne m'a pas toujours fait que des cadeaux (comme pour beaucoup de personnes) et j'essaie surtout d'apprendre à tirer profit (le terme n'est pas très bien choisi), bénéfice de ce qui m'arrive, m'entoure. Voilà, c'est histoire d'apprendre à voir le verre plutôt à moitié plein, que vide. J'y parviens de mieux en mieux, mais si un bouquin avec quelques bons conseils peuvent m'aider à aller encore plus loin, pourquoi pas ? ça ne mange pas de pain donc j'essaie.


Le pitch :

Très complet, enrichi de nombreux questionnaires et tests, cet ouvrage est un manuel d'apprentissage du bonheur.
Il présente au lecteur de façon pratique les conclusions de la psychologie positive et lui montre comment les appliquer dans sa vie. La psychologie positive est en effet l'approche qui a révolutionné la psychologie en renversant son objet d'étude : elle s'est intéressée à comprendre non pas  pourquoi une personne va mal mais ce qui fait qu'une personne aille bien ou comment naît le bonheur.Ce livre constitue ainsi à la fois un manuel de psychologie positive, clair et étayé, et un guide pratique et pragmatique pour comprendre à quoi tient le bonheur, "la vie bonne".
Et se l'appropier !



Ce que j'en ai pensé :

Le préambule de l'éditeur, par lequel on débute notre lecture, présente encore mieux l'ouvrage en question "La fabrique du bonheur" que le pitch lui-même.
On sait que l'on va trouver des questionnaires ainsi que des tests et l'on nous invite à y répondre afin profiter au mieux des enseignements divulgués dans le corps de ce livre. Cela rend l'apprentissage plus personnel et un brin plus ludique aussi (qui ne s'est jamais amusé à faire des tests dans les magazines juste pour voir ce que cela donnait au final ?).
On sait également que le public visé par cette publication est double : le grand public, mais aussi les professionnels. On s'attend donc à un écrit de qualité, bien documenté et cela sera le cas. Les notes en bas de page s'adressent justement plutôt aux professionnels car ils y trouveront les références sur lesquelles Martin Seligman s'est appuyé pour rédiger son ouvrage, ainsi que des explications plus techniques que le profane ne maîtrise certainement pas. L'éditeur nous dit donc sans détour que suivant notre statut, nous pouvons très facilement nous passer de la lecture de ces notes en bas de page. Ouf, je n'avais pas envie de me compliquer plus l'existence, ni ma lecture. Après tout, c'était contraire à ma source de bonheur !!!

Ce que j'ai ensuite retenu de l'introduction, c'est que tout le monde peut augmenter son taux de bonheur et durablement. C'est assez contraire à la pensée populaire et même scientifique qui a bien du mal à quantifié cela. Cependant, c'est possible avec des études appropriées que je ne vais certainement pas toutes vous décrire ici. Ce n'est pas mon propos, mais sachez que c'est rigoureux quand même, en bref, c'est de la science pas du charlatanisme.
Le primordial pour ma part, c'est que rien n'est jamais perdu et que même en partant de bas, j'ai toute les chances de parvenir à une "vie bonne" selon Aristote lui-même !
Tant mieux car tel est bien mon objectif et je ne rechigne jamais devant une opportunité pour parvenir à mes fins (wahou limite je deviendrai diabolique, ah, ah ah !!!!!!)

Partant de faits ou d'histoires concrètes, on parvient sans trop de mal à suivre le raisonnement de l'auteur. Ces illustrations ne sont pas là pour faire joli (d'ailleurs, il n'y a pas de dessins), mais pour fixer chez le lecteur les fondements, les bases de la psychologie positive.
Certains vont dire que c'est de la foutaise tout ceci, mais non, je puis vous assurer que c'est très sérieux. Les maladies mentales ou psychiques ne sont plus prises à la légère et c'est tant mieux. On sait très bien aujourd'hui qu'une dépression prise en charge correctement peut trouver un dénouement positif si elle est légère et traité à temps. De même, les dépressifs chroniques (plutôt mon cas) ressentent un réel confort de vie avec un traitement adéquat et régulier.

Cependant, ce n'est pas un roman. Il faut à mon sens faire quelques petites pauses durant votre lecture afin que le contenu s'imprime, si j'ose dire, dans votre esprit. Il faut mûrir certaines informations. Même mis au niveau du grand public, certains passages restent un peu trop techniques et sur le coup, j'ai eu l'impression de ne rien y comprendre, mais après un moment, l'essentiel me revenait à l'esprit. C'est un peu comme si mon cerveau avait donc fait la synthèse et me redonnait juste ce dont j'avais besoin pour avancer dans ma démarche personnelle.
Ouf, j'étais donc sauvée.

Le titre de l'ouvrage, "La fabrique du bonheur", est bien trouvé car effectivement, la source ne notre bonheur, de notre "vie bonne" est dans nos actes, dans nos forces intérieures. On fabrique véritablement notre satisfaction, nos gratifications, on ne passe pas trop par des raccourcis pour se faire du bien, même si évidement cela est parfaitement toléré. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir avec une barre de chocolat de temps en temps par exemple.

Les petits tests et autres questionnaires sont courts, mais pas si faciles à faire si l'on veut vraiment y répondre correctement.
Ce n'est pas que les questions soient incompréhensibles, pas du tout, cependant, elles sont précises et si l'on souhaite aller au bout de la démarche, on s'aperçoit assez vite qu'elles sont plus complètes qu'elles n'y paraissent de prime abord. Je trouve que c'est un gage de qualité et puis, au moins je me pose sans doute enfin les bonnes questions (?).

Ce que je retiens également de ma lecture, c'est que l'on a tout à gagner à être positif ou à ressentir des émotions positives :
- On est en meilleur santé
- On bénéficie d'une longévité revue à la hausse (et en meilleure forme, ce qui n'est absolument pas négligeable)
- On est plus productif, plus efficient
- On obtient globalement plus de résultats positifs dans notre existence (le positif attire le positif en somme)
- On encaisse mieux les coups durs (on les voit sous un autre angle et on les gère donc différemment)
- On prend plus soin de soi (et quand on se sent bien, on est plus à l'écoute des autres)
- On est plus enclin à partager, plus altruiste, plus populaire, plus attractif, plus social et donc moins centré sur notre nombril
Mais la question que je me posais était la suivante : peut-on donc augmenter son potentiel à être plus positif, à ressentir plus d'émotions constructives pour notre bonheur durable ?

La réponse était elle-même positive ! Ouf.
Il y a bien un facteur génétique qui peut nous brimer légèrement, mais on peut modifier et jouer sur d'autres facteurs tout aussi important dans la construction de notre bonheur.

La nature est assez bien faite, elle nous aide tout au long de notre vie.
Après certaines périodes compliquées, on revient en général dans nos "clous", notre bonheur s'auto-régule comme le ferai un thermostat avec la température dans un appartement.  Il y a bien quelques exceptions (deuil d'un enfant par exemple, mais ce n'est pas un cas que l'on rencontre tous, fort heureusement). Une fois notre maximum atteint, les valeurs bougent peu. Il y a donc une certaine stabilité qui ne me dérange pas du tout, elle me rassure même.
Mais il y a d'autres facteurs qui peuvent nous freiner un peu comme notre faculté aussi à nous habituer à une certaine dose de bonheur. On rentre donc dans l'escalade permanente, on en veut toujours plus. C'est un peu comme les personnes très fortunées qui souhaitent par exemple devenir sans cesse toujours plus riches. Et pourtant l'argent ne fait pas le bonheur (durable), on le sait bien. Cela a même été mesurer scientifiquement comme on nous l'explique dans le livre. Les gens n'ayant aucune difficultés financières ne sont pas plus heureux que les autres de manière significatives.
Chouette, mon banquier peut bien crier, je peux être heureuse ! (lol) Cela vous rassure également, non ? Et puis, souvenez-vous de cette chanson d'Alain Souchon qui disait "Le bonheur c'est d'en avoir plein nos armoires…", mais on le sait, ce n'est pas vrai pour autant. D'ailleurs, je suis en train de devenir de plus en plus minimaliste (sans passer à l'extrême non plus) et je ne m'en porte que bien mieux. Je profite pleinement de ce que j'ai et de ce que je m'offre. Ce moins est en réalité un plus.

Ainsi ce livre me confirme que certaines idées reçues ne sont pas totalement erronées puisque certaines données sont vérifiables, mais on peut également avoir de belles surprises avec ce que l'on croit savoir.
On travaille sur la vision de son passé, du présent et du futur. On consolide donc bien sa "maison" et pour moi, c'est un gage de sérieux que j'apprécie dans ce type d'ouvrage car il faut bien le reconnaître, dans cette thématique, on trouve de tout et souvent du n'importe quoi. Limite, on nous prend pour des débiles, des gogos prêts à avaler des bêtises pour aller mieux.
Alors oui, voir la vie sous un angle plus positif peut aussi nous faire paraître aux yeux d'autrui pour de gentils allumés, mais tant pis. D'ailleurs à ce propos, je trouve que cette citation issue de "La fabrique du bonheur" est parfaite pour illustrer mon propos :
"Ce n'est pas le travail de la psychologie positive de vous dire que vous devriez être optimiste, ou spirituel, ou de bonne humeur ; elle doit plutôt décrire les conséquences de ces traits (par exemple, être optimiste diminue la probabilité d'être dépressif, améliore la santé physique et permet de meilleurs accomplissements avec peut-être en contrepartie d'être moins réaliste). Ce que vous faîtes avec ces informations dépend de vos propres valeurs et objectifs."

J'ai également appris à faire la distinction entre les gratifications et les plaisirs. Cela paraît bête, mais en fait, notre langage ne permet pas toujours de bien les différentier. Et pourtant, ce n'est absolument pas la même chose. J'ai également ainsi mieux compris pourquoi je me sentais fort bien après certaines activités qui ne donnent pas vraiment des sensations agréables (rangement, ménage à fond, certains sports…), mais qui renforçaient quand même ma satisfaction personnelle et par le même biais me gratifiaient.
J'ai aussi appris à distinguer les forces que nous pouvions avoir et ainsi que nos talents propres. La frontière peut paraitre floue parfois, mais là également, j'ai bien compris ce qui les différenciaient. La force pédagogique de l'ouvrage réside vraiment dans les exemples trouvés par l'auteur pour nous amener vers la compréhension et donc l'assimilation des informations.

"La fabrique du bonheur" n'est pas un coup de coeur au sens où j'ai adoré ce livre, mais disons qu'il m'a beaucoup apporté durant sa lecture. C'est pour moi plus un manuel, un ouvrage utile dans lequel j'irai volontiers me replonger de temps en temps pour y puiser quelques explications ou soutien moral pour retrouver toute ma motivation.


Et s'il fallait mettre une note : 16 / 20


Les bonus :

La fiche Wikipédia de l'auteur, Martin Seligman : http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Seligman

Une vidéo de l'auteur lors d'un séminaire (en anglais) : http://www.ted.com/talks/martin_seligman_on_the_state_of_psychology.html

vendredi 4 novembre 2011

Ces vies-là d'Alfons Cervera






Le livre :

Ces vies-là d'Alfons Cervera, aux éditions de La contre allée, 217 pages, 18€50.


Pourquoi ce livre ?

Je suis une amoureuse des livres, de la lectures et des découvertes que je peux faire au fil des pages. Je me sens alors l'âme d'une exploratrice (pas moins !).
Je suis curieuse (et pour une fois, ce n'est pas un vilain défaut à mon sens) et si je peux parfois me permettre de sortir des sentiers battus de la littérature en partant à la découverte de nouvelles maisons d'éditions et donc d'auteurs, je fonce !
C'est avec joie donc que je participe avec le site Libfly à l'opération : Un éditeur se livre. C'est la quatrième édition et l'aventure est toujours aussi belle car on déniche alors parfois des perles (pour peu que la ligne éditoriale nous convienne) qui sont un peu trop bien cachées du grand public. Il s'agit donc d'une lecture réalisée en partenariat, mais avec une totale liberté d'expression.


Le pitch :

« Elle aurait voulu que nous n’assistions pas à son inquiétante apathie, au présage sans remède d’un final de dévastation. Qui s’accompagne, et elle n’échappait pas à la règle, d’une ineffable vocation pour la cruauté. Le terrain des détails domestiques constitue le champ de bataille où s’affrontaient ses forces à elle et celles des autres. À elle.
Elle, c’est ma mère, elle était en train de mourir depuis qu’un an auparavant elle avait fait une chute dans les escaliers et commencé à mourir de peur. Juste de peur. La tumeur allait venir plus tard, comme viendraient plus tard les papiers qui parlaient de la condamnation de mon père à une peine de prison, dont je n’ aurais jamais soupçonné l’existence. »


Ce que j'en pense :

Le livre que j'ai eu entre les mains était sobre, à la couverture légèrement rugueuse. Pas de belle photo, d'illustration ou de papier glacé puis cartonné. Non, juste une reliure presque brute, minimaliste qui m'a semblé parfaite après avoir lu les deux premiers chapitres.
Le genre autobiographique est porteur (vendeur - il joue sur le côté voyeurisme qui sommeil en chacun de nous même si l'on s'en défend) même si bien avant cette avalanche de titres actuels, on lisait tout autant de récits possédant une large part véridique et personnelle de leur auteur. On le disait, mais à demi-mot, on restait pudique, on laissait un voile transparent. Aujourd'hui, on communique essentiellement sur ce point.
Bon dans ce roman autobiographique donc, rien d'impudique ne vous sautera aux yeux (pas de révélations sulfureuses en vue), rassurez-vous, on est dans une demi pénombre, celle de la fin d'une vie qui en bouleverse une autre.

Il ne faut pas être allergique au mode pavé, non pas que ce livre soit trop imposant avec 217 pages, mais en revanche, les chapitres sont écrits d'une traite, sans aucun retour à la ligne. C'est assez dense, contact, un peu comme le résumé d'une existence justement qu'il est bien difficile de rendre sur papier. 90 ans, c'est long, mais court également. D'ailleurs la richesse d'une vie ne se mesure pas en années, mais de part son contenu.
Teresa est maintenant partie, mais elle reste encore là. Elle est plus présente que jamais dans l'esprit de l'un de ses fils, deux semaines après sa mort.

A noter, j'ai même eu un chapitre entier sans aucune ponctuation, là c'était limite trop. L'indigestion m'a guetté, mais heureusement cela n'a point duré.
Déjà que l'auteur mélange les lieux, les moments de vie de chacun entre le passé, le présent… Il faut s'accrocher un peu.
Son style n'est pas mauvais, mais on ressent bien toute la confusion qui règne en lui après cette perte. Pour un peu, on est dans "Chronique d'une mort annoncée" que je n'avais pas vraiment aimé (je parle du livre, pas du film). Alfons Cervera se répète, revient sur des éléments déjà vu. Je pense que l'ouvrage aurait gagné à être plus court encore car il lasse un peu le lecteur. Au lieu de devenir sympathique, on envie de le secouer un peu. Oui, c'est dur de vivre justement des moments comme cela, oui, le passé peut nous péter à la figure, mais la vie continue. Alors vous me direz que chacun a sa "méthode" pour faire son deuil et je serais entièrement d'accord avec vous, mais là, on est dans un ouvrage qui est destiné à être lu donc cela me fait sans doute plus réagir.

Voilà un ouvrage traduit de l'espagnol qui a pour cadre en partie une ville que je connais assez bien pour y avoir effectué mes études universitaires : Grenoble.
Sans doute est-ce un avantage pour moi car je visionne parfaitement le jardin de ville, la maison de Stendhal avec sa terrasse et sa treille et bien d'autres coins et recoins. Ce qui n'en n'est pas un en revanche, c'est ma mauvaise connaissance de l'oeuvre de l'auteur classique. J'ai mes bases, mais guère plus. Heureusement, les allusions restent humaines essentiellement ou portent sur les plus grands de ses classiques donc je maîtrise encore.

Reste que la lecture de ce livre n'est pas évidente. Non pas que le style fut difficile comme je l'ai déjà évoqué, mais disons que cette fois-ci le thème n'est pas novateur (L'auteur le reconnait volontiers lui-même dans un passage sur l'écriture, les livres et la lecture) et même cet ouvrage peut vous "plomber" un brin le moral. Le récit du décès d'un proche (même d'autrui), en général, cela ne vous incite pas à aller faire la fiesta ?
Et puis, cette présentation peu aérée du texte lui-même induit une lourdeur que l'on ressent déjà dans les propos de l'auteur qui n'éprouve pas que de la haine pour la mort. Il se traine comme un boulet parfois. Il revient sur les 18 derniers mois de sa mère et là aussi c'est lent, pesant, car elle décline, elle s'enlise avant de s'éteindre. Bref, une fin de vie peu reluisante (y en a-t-il d'ailleurs ?) En cela, on éprouve bien les mêmes sensations qu'Allons Cervera. On est lourd, on se traine aussi. Les pages se tournent, mais lentement, au rythme de cette agonie qui semble choisie par la victime elle-même, Teresa.

Il sera question de beaucoup de choses dans cet ouvrage écrit durant un voyage de quelques jours en France d'Alfons Cervera.
On y parlera de la mémoire, des tours et détours qu'elle peut prendre.
On y parlera des maisons et des trésors qu'elles renferment, mais aussi de tous ces objets inutiles depuis des lustres et que l'on garde, entassés pour quel usage ? Pour qui ? On ne sait plus vraiment, mais on les garde, ils rassurent, ils sont l'âme de la demeure comme le soulignera alors l'auteur.
On y parlera de maladie, de la peur.
On y parlera aussi du temps, des temps, celui que l'on mesure et ceux qui nous échappent.
On y parlera de la mort, ce terme de la vie sur terre. Le titre même de l'ouvrage fait références encore à l'existence, à celles de ces êtres chers, mais déjà on sent qu'ils ne sont plus.
D'ailleurs je pense que l'auteur se préoccupe beaucoup de sa propre disparition sans vraiment y penser. C'est assez logique, il se retrouve seul, ses parents sont décédés maintenant et donc dans la logique des choses, le prochain sur la liste, c'est lui-même. On se pose alors beaucoup de question sur cet aboutissement qu'est la mort. On le craint car on ignore ce que cela implique réellement. Le néant ? Autre chose ? C'est l'inconnu et surtout c'est la fin de notre vie qui même si elle n'est pas parfaite, nous tient à coeur !

Voilà donc une lecture qui ne conviendra pas au gens pressés, à celles et ceux qui ne connaissent pas la lenteur, celle que l'on nous impose parfois et qui nous broie. C'est un livre qui m'a touché car je connais hélas la maladie d'un proche (mon père), la lente descente aux enfers d'un autre encore plus proche (mon grand-père).
Certaines phrases ont trouvé un écho en moi et pas seulement parce que la géographie de Grenoble n'a pas beaucoup de secret pour moi (mais cela a été indéniablement un plus).
Je ne peux pas dire que cette découverte littéraire m'a laissé de marbre. Elle ne m'a pas réjouie dans le sens où j'ai un peu cafardé à chaque fois que j'en lisais une partie, mais elle ne m'a pas non plus déplu. Je suis très mitigée et pour la noté, je reste embêtée.
Je crois que je suis aussi confuse que peut l'être ce livre.


Et s'il fallait mettre une note : 10 / 20




Les bonus :

La fiche biographique de l'auteur, Alfons Cervera :
http://www.lacontreallee.com/auteurs/alfons-cervera