Le livre :
Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka aux éditions Phébus, 142 pages, 15 € 00.
Pourquoi cette lecture :
Au départ, ce livre n'était pas pour moi, mais pour belle-maman. C'était son cadeau pour Noël, mais comme on se passe toutes nos lectures et bien voilà, je me suis retrouvée avec le livre dans ma PAL. Ce n'était pas un choix personnel, mais quand l'occasion se présente et comme elle m'avait assuré que c'était un bouquin fort intéressant, voilà, voilou.
Le pitch :
Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux Etats-Unis, toutes mariées par procuration. C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu'elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé.
Celui qui va tant les décevoir. A la façon d'un choeur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et l'internement dans les camps de concentration - l'Etat considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître.
Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.
Ce que j'en ai pensé :
Le livre est relativement court (142 pages), mais par son contenu, il reste dense.
Je vous rassure, cela reste parfaitement lisible car la prose est certes recherchée pour exprimer un maximum de faits, de sentiments, de non dit, de pensées…etc. Mais on lit parfaitement le texte qui est bien découpé.
Les chapitres sont en fait les thématiques auxquelles ces jeunes femmes déracinées ont été confrontées de manière plus ou moins chronologique. Tout est bien organisé sous des apparences peut-être moins rigides.
L'emploi du nous en lieu et place du je par exemple donne plus de force à ce que l'on découvre dans ce récit. Ce n'est pas une expérience personnelle, mais celle de plusieurs dizaines de jeunes femmes. Et encore, on ne s'attarde là que sur celles que l'on rencontre lors de cette traversée, mais combien ont-elles été en réalité ? Cela fait froid dans le dos car il ne s'agit pas d'une fiction, mais de la réalité.
Ce livre est une fenêtre sur le passé. Un passé que l'on ne connait guère et que Julie Otsuka nous dévoile ainsi sans prétention, mais sans se voiler la face non plus. Américaine d'origine japonaise, est-elle une descendante de ces jeunes femmes ? Possible, mais je n'ai rien trouvé qui le prouve non plus de manière certaine. Cependant, j'ai l'intuition que si elle a choisi ce sujet, ce n'est pas par hasard. Il y a un lien peut-être plus fort que sa simple ascendance japonaise…
Pour en revenir au livre, j'avoue que j'ai été touchée par ces destinées. Ce n'est pas une lecture légère, mais plutôt de celles qui vous font méditer une fois que vous en avez terminé avec elles. D'ailleurs le dernier chapitre vous fait frémir car comment imaginer toutes ces personnes bien vivantes disparaitre comme cela, ne laissant derrière elles que des traces qui ne résisteront pas au temps qui passe et à la mémoire bien courte de celle des hommes.
Incroyable, mais vrai…
Et s'il fallait mettre une note : 15 / 20
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire