mercredi 26 janvier 2011

L'auberge de l'Ange-Gardien de la Comtesse de Ségur


Relire de temps en temps un classique, cela fait du bien. Souvent, on le trouve moins vieillot qu'il n'y parait. C'est essentiellement parce que nous-même avons changé. S'il est possible de rester un gros lecteur toute sa vie durant, nos goûts, nos affinités en matière littéraire évoluent. On n'appréhende plus un même texte sous un même angle.
Quand il s'agit d'un classique jeunesse, on prend tout d'abord une petite claque. Et oui, on se dit que là, le temps a fait son oeuvre, que même si l'on s'efforce de garder notre âme d'enfant, la vie quotidienne nous a quelque peu pervertis. Mais qu'importe, il est bon aussi de régresser un instant, quitte à mieux pouvoir faire partager ces lectures avec les enfants qui nous entourent : les nôtres, mais tous les autres aussi que l'on peut croiser.
Cette fois, je me suis replonger dans un ouvrage de la Comtesse de Ségur : "l'auberge de l'Ange Gardien".

De son véritable nom, la Comtesse de Ségur se nomme Sophie Rostopchine (version francisée sinon c'est à coucher dehors avec un billet de logement comme on dit).
C'était une femme de lettres françaises (écrivain en somme), mais de naissance russe (01/08/1799 à Saint Pétersbourg - 09/02/1874 à Paris). Sa vocation de l'écriture lui est venu fort tardivement, à l'âge de 58 ans pour être précise. C'était une grand-mère attentive et comme toutes les mamies, elle aimait raconter des histoires. Cette fois-ci, elle les a tout simplement mis par écrit, mais ce n'est qu'une partie de son oeuvre. Reste que c'est celle que l'on connait le mieux car, elle est liée à nos propres souvenirs d'enfance, à nos débuts de lecteurs.

L'intrigue de l'Auberge de l'Ange Gardien est assez simple :

Sur la route, un militaire et son chien trouve deux frères, des enfants très jeunes endormis au pied d'un arbre. Ils y ont passé la nuit, ils ont froid et faim. Ils n'ont plus de parents. Moutiers (le soldat) ne sait que faire de ces charmants enfants et trouve à les confier à l'Auberge de l'Ange Gardien qui porte si justement son nom… Madame Blidot et sa jeune soeur Elfy seront des mères adoptives merveilleuses, mais avec la guerre, les liens d'amitié vont souffrir du silence de Moutiers qui refera son apparition sitôt la paix revenue...

Ce que j'ai bien pu penser de cette lecture à mon grand âge ? (J'ai 35 ans, mais parfois, j'ai l'impression d'être une mamie lol)

Oui, je parle de lecture et non de relecture dans ce cas précis car je n'avais pas lu ce titre signé par la Comtesse de Ségur durant mes jeunes années.

Le premier chapitre était si triste que j'ai bien cru que j'allais abandonner ma (re)découverte de cet auteur. J'en avais le coeur serré et je n'ai pu faire que la comparaison entre ces deux enfants et mes filles.
Evidemment, nos époques sont radicalement différentes et je ne parle même pas des caractères justement de mes filles (trop gâtées sans doute, pas aussi courageuses certainement face à l'adversité), mais ce sont des enfants, des enfants qui sont dans la misère (Paul et son frère, pas les miennes, hein !), qui souffrent, bref, mon coeur de mère a bondi !
Ensuite, c'est la cupidité du premier aubergiste qui m'a révoltée, révulsée même. J'ai encore une fois fait un rapprochement avec notre époque si mercantiliste. Au fond, rien n'a véritablement évolué sur ce point. L'argent, l'argent , l'argent ! C'est le nerf de la guerre, mais pas seulement !

La trame de tout l'ouvrage est ultra prévisible, mais je dis cela sans doute parce que je suis une adulte. Un jeune lecteur de 8 ou 9 ans ne dirait sans doute pas la même chose. D'autant plus que pour lui, le décalage entre notre société actuelle et l'époque relatée dans l'histoire est des plus conséquents. A n'en point douter, pour lui, ce serait la préhistoire !!! Comment ça pas de téléphone portable ? Pas de télévision ? Point de micro-onde dans la cuisine ? Et que dire de l'eau qu'il faut aller chercher au puit ?!

Tout l'ensemble déborde de bons sentiments, limite le pays des Bisounours est un repère de SM à côté ! J'exagère ? A peine, je vous assure !
Partout ou presque on voit la bonté, la simplicité, l'entraide, la charité gratuite (pas seulement pour avoir un retour ou pour se faire de la bonne publicité). Il y a bien les "méchants", mais là encore, c'est très caricatural.
Dans le monde imaginé par la Comtesse de Ségur, cela tourne rond ou c'est en passe de le devenir !

Notons aussi que cet ouvrage est bien daté de son époque. Il véhicule les valeurs que connaissait la Comtesse de Ségur, mais aussi tous ses lecteurs.
La religion tient une place importante. Les campagnes, mais aussi les villes étaient très pieuses. Le curé était un personnage central dans sa paroisse. Son avis comptait énormément.
Le patriotisme est glorifié. Aujourd'hui quand on parle de fierté nationale, on vous demande si vous n'avez pas votre carte au FN. Quant à l'identité nationale, on l'oublie, cela va encore faire couler bien de l'encre ! Mais à l'époque, c'était normal. On appréhendait ces choses avec un naturel désarment pour un de nos contemporains.

Ce roman peut paraître naïf (tout est prévisible, les bons et les méchants, le dénouement…), mais je trouve que c'est plus une qualité qu'un défaut. C'est ce qui fait la force, la beauté, l'intemporalité de cet ouvrage. C'est un classique, point !

La fin est délibérément ouverte. La Comtesse de Ségur ne fait pas mystère qu'elle écrira par la suite, un autre ouvrage où les lecteurs retrouveront les personnages de "L'auberge de l'Ange Gardien".

Tout est bien qui finit bien. on voudrait qu'il en soit ainsi parfois dans notre monde réel !

Ma note finale : 16 / 20


10 commentaires:

Pimprenelle a dit…

Nous sommes nombreuses à penser ainsi : les romans de la comtesse ont vieilli mais ils gardent un charme indéniable!

Anonyme a dit…

Bonjour, C'est risible, je vais découvrir à mon âge les histoires de la Comtesse de Ségur. Je mettrai de côté le style désuet et entamerai volontiers son répertoire.

Syl. a dit…

Je suis désolée, c'est moi qui vient d'envoyer mon message, sans mon nom ! Je suis l'anonyme.

Noukette a dit…

Je vois que tu as aimé cette relecture ! J'ai essayé le même titre, ce fut un vrai flop ! ;-)

Emeralda a dit…

Il n'est jamais risible de découvrir un auteur ! Les livres n'ont pas de date limite de consommation et comme on ne peut pas avoir tout lu et bien tant pis parfois, on prend son temps !

Ah oui un vrai flop Noukette ? Faut que j'aille lire ton avis alors.

Et oui, Pimprenelle, le charme est toujours là !!!!

Anne Sophie a dit…

je préférais les malheurs de sophie quand j'étais petite :)

lasardine a dit…

je ne crois pas l'avoir déjà lu celui là... mais ils me font tous envie!!

Emeralda a dit…

C'est un auteur incontournable dans la vie d'un lecteur et quand on aime, je crois que l'on aime tout !

Marie-Adélaïde a dit…

C'est la lecture phare de mon enfance !! De grands grands souvenirs avec la Comtesse de Ségur :-) J'ai adoré ce livre, et ne veut surtout pas le relire pour ne pas tromper ce charmant souvenir.

Anonyme a dit…

je trouve que ce livre est tres tres bien il est tres sympa