lundi 3 octobre 2011

La carte et le territoire de Michel Houellebecq


Le livre :

La carte et le territoire de Michel Houellebecq aux éditions Flammarion, 428 pages, 22 €.



Pourquoi ce livre ? :

Un prix littéraire est important pour un éditeur car il le fait connaitre aux yeux du public, mais lui offre également la reconnaissance de ses confrères.
Pour un auteur, c'est la même chose. Ça dope ses ventes et lui assure une excellente couverture médiatique.
Pour un lecteur ? Cela dépend, je vous dirais et personnellement, cela m'indiffère. Si le titre me dit, je le lis, sinon il reste dans les rayonnages.

Michel Houellebecq est un auteur sulfureux. Je ne le connais pas vraiment. Je ne lis pas les actualités de ce genre, l'esbroufe très peu pour moi. Donc quand j'ai enfin pu emprunter "la carte et le territoire", ce n'est pas pour le prix Goncourt, ni pour son écrivain. Je souhaitais lire ce bouquin pour ce qu'il pouvait contenir et éventuellement m'apporter.
Pour découvrir aussi l'auteur, sa plume car même si je suis une grande lectrice, je l'avoue, je n'avais encore jamais lu Michel Houellebecq.



Le pitch :

Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre.
Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passe seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police. Sur la fin de sa vie il accèdera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures. L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.


Ce que j'en ai pensé :

Dés le premier paragraphe, je me suis laissée prendre. J'ai foncé dans cette illusion de réalité qui n'en n'était pas une, mais le stratagème était bien conçu. De la littérature primée quand même, bien que cela ne m'impressionne guère. J'ai d'ailleurs éprouvé plus de sentiments (compassion) pour le pauvre Jed à cause de ses soucis de plomberie que de joie pure pour quelques phrases habillement tournées techniquement même si... Je me suis revue dans pareille situation et oui, ce n'est vraiment pas drôle.

Michel Houellebecq se met aussi en scène comme le fait également assez souvent Amélie Nothomb. Pourquoi pas ? Voilà un protagoniste facile à maitriser pour l'auteur, mais c'est une pratique un peu nombrilisme, non ? Les artistes le sont toujours un peu et les écrivains passent plus souvent que les autres les portes de l'auto-fiction. Par facilité uniquement ?

Le prologue est un peu long, mais pas inintéressant. Il pose les bases essentielles pour ce roman. On comprend fort bien qu'il y a une rupture et que l'auteur va y revenir dessus par un autre angle d'attaque. Plusieurs même.

Jed Martin, c'est le personnage principal de ce récit, mais c'est également notre point de repère.
Ce peintre est notre contemporain, nos yeux, mais aussi l'objet de pas mal d'interrogations. On va le découvrir peu à peu par petites touches (comme celles de ses pinceaux puisqu'il est peintre).
On saura assez vite qu'il est issu d'une famille décomposée (opposition à l'expression : famille recomposée ?), mais pas sans moyens.
L'art, c'est son truc à lui. Il fera plusieurs incursions dedans, par des techniques diverses, mais pas sans liens entre elles.
Assez solitaire, un peu étrange parfois (le coté artiste, cela n'aide pas toujours), le personnage de Jed prend forme.

Le style de Michel Houellebecq est moins fluide que celui d'Amélie Nothomb que j'ai évoqué tout à l'heure.
C'est plus torturé à mon sens. Plus pessimiste également. J'ai noté pas mal de tournures peu joyeuses (voir la famille décomposée qui donne une illusion de pourriture, de chose pas fraiche, qui dégoute ou encore la flaque sociologique peu ragoûtante, stagnante) ou peu aimables. Bref pas toujours gai tout ceci hein ?

L'auteur est assez volubile. On a parfois le sentiment d'un discours, du récit fait par un grand bavard avec des respirations prises rapidement pour ne pas marquer de poses trop longues. Heureusement le lecteur peut quant à lui souffler dans ce grand débit lors des sauts de sous parties. Je trouve que cela tranche assez avec la manière qu'à de s'exprimer Michel Houellebecq à l'oral. Comme quoi, le mode d'expression choisi peut changer absolument tout.
C'était bien, mais comme avec toutes les personnes trop bavardes, j'en ai eu un peu assez. Je ne me suis pas lancée dans une lecture ininterrompue. J'ai eu besoin de marquer des instants de répit, de souffler, fractionner mon cheminement. Cela m'épuisait sinon…

La rencontre entre Jed et Frederic Beigbeder (qui devient lui aussi un protagoniste) est presque trop prévisible. Je veux dire par là que le lieu, l'ambiance est trop parisienne, trop  fêtarde, trop pleine de stéréotypes. Je n'ai pas trop apprécié ce moment. Sans doute ai-je un soucis avec les soirées mondaines, la foule, le m'as-tu ambiant.
Il y avait un côté j'étale ma vision du monde dans ce roman. Presque, tiens, tu as vu, celui-ci je le connais aussi ! Ce ne sont que mes impressions personnelles, sans doute infondées sur le fond, mais cela m'a laissé un léger arrière goût peu agréable à la longue.  Comme une espèce de voile.

Je dois en revanche admettre que le titre de l'ouvrage fut bien choisi et n'est pas seulement le produit d'un choix purement mercantile.  En différents points, il se justifie. C'est une excellente chose. Trop souvent j'ai eu l'impression que certains titres d'ouvrages étaient choisi au dernier moment, dans l'affolement ou dans l'indifférence. Quelques autres fois, ils ont un but purement marketing qui m'agace encore plus. Certes, cela doit attirer le lecteur, mais si cela n'a aucun lien avec le contenu alors je vous le dis : c'est de la tromperie sur la marchandise ni plus, ni moins.

Michel Houellebecq aime conceptualiser. Du moins, c'est ce que j'ai cru percevoir durant ma lecture. Je crois que là, c'était parfois un peu trop poussé pour mon esprit un peu vagabond.
Pourtant il y a aussi des passages très fluides, assez agréables même. Il y a de belles rencontres. Ce sont d'ailleurs ces moments de lecture qui m'ont porté (un moment).
Mais au final, comment j'ai trouvé cette lecture ?
Pour être totalement franche, L'ensemble fut assez soporifique ! J'avoue que je ne sais pas pourquoi, mais avec la lecture de titre, je n'ai jamais aussi peu de mal à m'endormir ! Je n'irai pas jusqu'à dire que je le verrai bien être remboursé par la sécurité sociale, mais presque. Plus sérieusement, j'ai eu un mal fou à le terminer et je ne pense pas qu'il m'en restera grand chose comme souvenirs dans les années à venir. Tout juste une impression d'ennui qui s'est éternisée, mais pour le reste… C'est dommage, il y avait du potentiel, je l'ai bien senti, mais trop peu d'éléments pour une accroche durable. J'ai eu quelques belles approches qui m'ont fait resté, mais à la fin, je n'ai pas eu ce que je cherchais. Je ne suis pas satisfaite. C'est assez difficile d'expliquer véritablement pourquoi, comment car on reste dans le domaine de la littérature. Tout n'est pas automatique, loin de là.
Pour faire simple, je pense que la rencontre entre l'univers de Michel Houellebecq et le miens ne s'est pas faite. On a raté le coche.

Un livre et un auteur primé, ce n'est pas le gage d'un bon moment de lecture garanti. Je le savais bien avant, cela s'est hélas confirmé cette fois.


Et s'il fallait mettre une note : 9 / 20




Les bonus :


7 vidéos / 7 parties, pas moins pour ce petit documentaire sur ce titre primé par un prix Goncourt en 2010. C'est Michel Houellebecq lui-même qui nous parle :

http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-1-mediapart_news
http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-2-mediapart_news
http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-3-mediapart_news
http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-4-mediapart_news
http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-5-mediapart_news
http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-6-mediapart_news
http://www.dailymotion.com/video/xeq4rh_michel-houellebecq-la-carte-et-le-territoire-7-mediapart_news

1 commentaire:

Nico a dit…

Pas accroché non plus. Je l'ai lu au moment de sa sortie et ai presque tout oublié. Le seul souvenir que j'en ai, c'est un roman qui manque un peu de saveur, un style presque plat et une histoire sans réel intérêt. C'est également une histoire très nombriliste puisque Houellebecq apparaît dans ce roman, de même que Jed Martin, qui semble son alter ego. Tous ces ingrédients sont en ce moment très "in" mais m'ennuient profondément. Bref, pas terrible terrible, tout cela.