lundi 19 septembre 2011

l'étrange voyage de Monsieur Daldry de Marc Lévy


Le livre :

l'étrange voyage de Monsieur Daldry de Marc Lévy, aux éditions Robert Laffont, 422 pages, 21 €



Le pitch :

Alice mène une existence tranquille, entre son travail, qui la passionne, et sa bande d’amis, tous artistes à leurs heures.
Pourtant, la veille de Noël, sa vie va être bouleversée. Au cours d’une virée à la fête foraine de Brighton, une voyante lui prédit un mystérieux avenir. Alice n’a jamais cru à la voyance, mais elle n’arrive pas à chasser ces paroles de son esprit, et ses nuits se peuplent de cauchemars qui semblent aussi réels qu’incompréhensibles. Son voisin de palier, Monsieur Daldry, célibataire endurci, gentleman excentrique et drôle, aux motivations ambiguës, la persuade de prendre au sérieux la prédiction de la voyante et de retrouver les six personnes qui la mèneront vers son destin.
De Londres à Istanbul, il décide de l’accompagner dans un étrange voyage



Ce que j'en ai pensé :

Un roman, c'est une histoire qu'un auteur veut bien nous raconter. Elle peut être réelle, fictive, un peu des deux à la fois.
C'est parfait pour se détendre, même si certaines intrigues soulèvent parfois bien des questions et nous laissent songeurs.
Avec un roman de Marc Lévy, je suis certaine de ne pas trop me prendre la tête. C'est facile à lire et puis voilà. Il m'arrive de ne pas en vouloir plus. Se distraire, passer un bon moment, c'est déjà pas si mal.

Tout commence donc avec un mystère, une chose qui nous échappe, mais que l'on va nous narrer. On est donc comme Rafael suspendu aux lèvres d'Alice.
Une entrée en la matière basique, mais qui fonctionne. D'ailleurs pourquoi toujours chercher des moyens détournés forcément complexes pour nous mettre sur la piste ? La simplicité a aussi de bons cotés.
Cette dernière fait que je rentre immédiatement dans le récit. J'apprends très vite à reconnaitre les protagonistes, mais c'est Alice qui tient le rôle central. Enfin pour commencer. Ethan Daldry ne restera pas éternellement dans l'ombre. Son nom apparaît dans le titre de ce bouquin tout de même.

Une ambiance de fête de fin d'année. Est-ce pour le coté magique ? Est-ce que le lecteur doit encore croire au Père Noël ? Ou tout simplement avoir conserver un peu de son âme d'enfant ?
Une chose reste certaine, on est cinq ans après la fin de la seconde guerre mondiale et on est assez loin de la société de consommation de masse. On est sur des valeurs plus simples, plus authentiques. Cela me parle plus. Mes propres réveillons ne sont pas tout à fait conventionnels et j'apprécie de ne pas devoir me gaver parce que c'est "fête". Là pour les protagonistes, c'est aussi parce que l'après guerre n'est pas une période très facile. Tout est à reconstruire, beaucoup de choses manquent encore et les prix restent élevés puisque la pénurie reste de rigueur même si elle n'est plus celle qui régnait durant le conflit. Marc Lévy le retranscrit assez bien et pour autant ses personnages ne semblent pas vraiment malheureux. Ils ont traversé de telles épreuves auparavant que tout ceci n'a plus grande importance. On pourrait les croire très courageux, mais ce sont juste des personnes de leur temps. Ils connaissent la véritable valeur des choses et encore plus celles des rapports humains. Pour un peu, je vous dirai presque : "C'était mieux avant !!!"

Une bande de copains,  cinq jeunes gens qui veulent retrouver un peu d'insouciance. Ils veulent profiter de la vie et en plus de leurs emplois, de leurs galères quotidiennes et autres petites misères, ils essaient de passer du bon temps ensemble.
Alice est le personnage que nous allons suivre essentiellement. C'est en quelque sorte elle qui nous raconte son histoire même si le roman n'est pas écrit à la première personne. On le sait grâce à un petit prologue qui ne nous dit rien pour ne pas nous gâcher notre lecture (je vous l'ai déjà dit un peu plus haut, mais je fait un petit rappel au cas où). Cette jeune femme est nez, je veux dire par là qu'elle possède un don et qu'elle a pu ensuite en faire son métier. Elle crée des parfums.
Mr Daldry est peintre. On reste dans le domaine de la création. Il est bougon, ronchon, mais n'en est pas moins un gentleman. C'est le voisin d'Alice et après avoir eu pour seuls rapports des bonjours, bonsoirs et quelques altercations légères pour cause de tapage nocturne (Alice adore recevoir ses amis chez elle), leur relation va prendre un sacré tournant. Je ne puis trop vous en dire.

Les pages se tournent presque toutes seules avec ce roman. Le suspens n'est pas intenable, on n'est pas dans un thriller, cependant on souhaite toujours lire la page suivante juste au cas où.
Alice se débat dans ses tourments et ce cher mr Daldry est toujours là avec son caractère impossible, mais touchant. Il est comme un guide. Il bouscule un peu la jeune femme, mais après tout, la vie est courte et quelques folies sont nécessaires pour trouver le bonheur (mais aussi pour réussir à faire tenir en haleine les lecteurs).
Un grand voyage pour débuter une nouvelle vie, pour remettre un peu de saveur dans celle qui nous étouffe chaque jour un peu plus, pour se trouver... Ça laisse songeur. Pourtant cela arrive assez souvent de nos jours. Il faut juste avoir le cran de passer le cap.

Dés le début, ce périple sera pleins de surprises (que je ne vous dévoilerai aucunement). Cependant, je puis vous révéler que Mr Daldry est au petits soins pour sa compagne, Alice. Par la même occasion, nous découvrons mille et un détails de la vie des voyageurs au début des années 50. Vous verrez, parfois cela prête même à sourire tant c'est différent de nos jours. Bon, à d'autres moments, c'est très semblable également.
Viennent ensuite les doutes et les situations troublantes. Cela pimente l'ensemble. Je ne vais pas m'en plaindre, au contraire sinon cela aurait été trop linéaire.

Marc Lévy ne change pas de style (j'ai lu 4 de ses romans) et je retrouve sa patte dans le phrasé, la construction de la narration. Il n'a pas tort. Pourquoi changer une formule qui fonctionne ? Peut-être aurai-je aimé être plus surprise ? Possible, mais je ne dirai pas non plus que j'ai été déçu par ma lecture. Tout au plus qu'elle était conforme à ce que j'en attendait.
D'horribles rêves émaillent les nuits d'Alice. Pour nous les lecteurs, ce sont surtout des tonnes de questions qui nous assaillent. On a bien quelques idées, des pistes de réponses qui pointent, cependant on n'est sûre de rien. Marc Lévy sait y faire pour en dire juste assez et nous faire languir.

Istanbul recèle bien des trésors, mais aussi des misères sans pour autant se départir de sa beauté.
Alice est touchée au plus profond d'elle- même.
Mr Daldry lui reste terre à terre comme ses motivations.
Et nous, nous suivons cette incroyable aventure.

Cela nous entraine dans la haute société ou dans des quartiers plus populaires. On découvre vraiment la ville, cette société.
Nous aussi nous voyageons.

La guerre est terminée depuis plus de cinq années déjà, cependant elle reste très présente dans les esprits. Il y a les absents, ceux qui ne sont plus. Il y a les meurtris dans leur corps ou dans leur tête.
J'admire cette détermination. Rechercher ? Maintenir la motivation, mettre l'accent sur les éléments.
Et de fil en aiguille, la quête originelle se transforme, se complète, de complexifie. On reste avec nos questions, on tire sur des ficelles pour obtenir des réponses, mais on trouve de nouvelles interrogations.
La trame me parait quelque peu familière, sans être identique. C'est une sensation difficile à décrire. Cela est probablement dû au fait que j'ai déjà lu d'autres ouvrages de l'auteur. Et comme on dit souvent, un écrivain écrit fréquemment le même ouvrage avec quelques variantes. C'est ainsi.

Dans ce roman, mr Daldry n'est pas le seul a faire un étrange voyage. Il entraine Alice qui découvre des pans de son passé, mais qui entrevoit également l'avenir. Tout est image, parfois sonorité, mais assurément olfactif.
Marc Lévy nous fait voyager dans un monde odorant, dans celui de la mémoire qui ne meurt jamais (on ne perd jamais les souvenirs liés à une odeur). Il change aussi de style et passe un temps à la forme épistolaire pour mieux nous narrer les expériences de mr Daldry à Londres et celle d'Alice à Istanbul. Cela donne un coté très vivant au récit. On avance également plus vite dans le temps puisqu'en moyenne, chaque missive est espacée d'une semaine au moins.
Et puis, on revient a l'écriture classique. Mr Daldry s'éclipse lui aussi. Alice est toujours au premier plan. Pour moi, c'est un avantage car je suis une femme. Je m'identifie plus facilement à ce personnage. Mais le final est digne de tout les retournements de situation. On les sent arriver sans toutefois être certain des chemins qu'ils vont en dernier recours adopter. C'est tant mieux. Le plaisir de les lire, de les découvrir parachève cette lecture pas exceptionnelle, mais tout même bien agréable.


Et s'il fallait mettre une note : 14 / 20.



Les bonus :

Marc Lévy nous fait la bande annonce de son livre : http://www.youtube.com/watch?v=zSPIbGdm_dc

Interview sur TV5 Monde : http://www.youtube.com/watch?v=F-YAAJz_pkE
On y parle du livre, mais aussi de l'auteur, de sa façon de vivre, d'écrire, bref de créer.
Une interview actuelle avec un regard sur le passé puisque l'intrigue se passe en 1950.

Pour les plus courageux, un longue vidéo très intéressante de 36 minutes : http://www.youtube.com/watch?v=MWEQGpYCdBo
C'est une présentation publique de cet ouvrage avec Marc Lévy, une sorte de petite conférence.

Un extrait lu par l'auteur, lui-même : http://www.dailymotion.com/video/xibqrh_l-etrange-voyage-de-monsieur-daldry-extrait-lu-par-marc-levy_creation
Pour vous donner envie de vous lancer à votre tour…

1 commentaire:

Serena a dit…

J'ai beaucoup aimé ce livre, une belle lecture :)