lundi 6 novembre 2017

Le tout dernier été d’Annie Bert



Rentrée littéraire 2017



Le livre :

Le tout dernier été d’Annie Bert aux éditions Fayard, 162 pages, 15 € 00.
Publié le 4 octobre 2017 soit après le décès de l’auteur et selon sa volonté.



Pourquoi cette lecture :

Il s’agit d’un partenariat avec les éditions Fayard.
J’ai déjà lu plusieurs ouvrages sur le sujet à savoir la fin de vie de personnes touchées par des maladies incurables et fatales qui voulaient ne pas aller jusqu’au bout du chemin car cela n’avait pas de sens. Leurs disparitions devaient comme leurs existences être à leurs images dignes et volontaires. Je me mets parfaitement dans leur logique.



Le pitch :

"Je viens de rencontrer mes passeurs. Ces hommes qui font désormais partie de ma vie puisqu'ils vont m'aider à la quitter. Je les ai sentis rigoureux, exigeants, prudents. Et engagés à me tendre doucement la main. Une autre médecine qui, quand elle ne peut plus soigner le corps, se décide à soigner l'âme." Parce qu'elle aime furieusement la vie et qu'elle est condamnée, Anne Bert a décidé de choisir et de ne pas subir jusqu'au bout les tortures que lui inflige la maladie de Charcot. 
C'est ce cheminement qu'elle nous raconte ici. Celui de devoir mourir hors-la-loi, et hors-les-murs, puisque la loi française ne l'autorise pas à abréger ses souffrances. Celui aussi de son dernier été. Il faut découvrir le goût des dernières fois et des renoncements, apprendre à penser la mort, dire au revoir à ceux qu'elle aime, en faisant le pari de la joie malgré le chagrin. Un récit poignant, une ode à la liberté et à la vie, permise seulement par sa détermination à dire non.



Ce que j’en pense :

La maladie voulait avoir raison d’Annie Bert. La législation française était et est toujours (pour les autres personnes condamnées par un mal incurable et fatale) une adversaire supplémentaire ou tout au moins un obstacle infranchissable de plus dans le parcours de cette femme qui voulait juste partir la tête haute. Elle a pu le faire, mais en dehors de nos frontières et ce livre est son ultime message.

On pourrait craindre de tomber dans le voyeurisme, le pathos à l’extrême, le larmoyant… Je vous rassure immédiatement, ces écueils sont évités. Annie Bert nous parle librement de ses réactions, de ses choix, de sa volonté, de ses plaisirs, de ses craintes, des peines, des instants de vie qu’elle chérissait tant et qui lui dictent sa conduite car c’est tout simplement la meilleure issue…
Je l’ai juste perçu comme étant déjà partie avant l’heure. Sans doute était-ce en lien avec sa pathologie. Je ne saurais vous dire pourquoi autrement.

La mort, c’est la fin de vie, mais cette dernière continue tout de même :
« Notre mort ne tue rien du monde ni de la nature.
Le moment venu, seule notre existence cesse
Les lilas continueront de fleurir. L'été de chauffer le jardin, et l'automne de revenir. »
Ces quelques mots résument presque tout. Je les ai trouvés criants de vérité et essentiels. Annie Bert a indéniablement su trouver à minima ce qui est primordial à retenir.

Ce livre est un hymne à la vie car si les dernières fois ne sont pas aussi fortes qu’on pourrait le croire, c’est en réalité l’accumulation de petits instants qui remplissent toute une existence, qui lui donnent sa valeur. Annie a eu une belle vie même si elle aurait bien voulu poursuivre encore un peu la route qui était la sienne. Elle ne voulait pas de ces instants de trop.

Notre temps à tous est compté. On ne sait pas forcément comme Annie Bert quelles seront nos dernières fois, aussi vivons tout pleinement. C’est lui rendre hommage.




Et s’il fallait mettre une note : 15 / 20



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