jeudi 30 juin 2011

Mont Blanc de Fabio Viscogliosi


Je continue ma découverte en avant-première des prochains livres qui feront la rentrée littéraire de cette année.
Cette fois-ci, je vais rester dans le local comme me le dit avec le sourire Lucie (ma correspondante pour le jury Libfly / Le Furet du Nord). Et oui avec le titre de "Mont Blanc" de Fabio Viscogliosi, je suis dans mon élément si j'ose dire car le Mont-blanc je le vois toute la sainte journée depuis chez moi, je suis à ses pieds ou presque puisque je culmine à 1 000 m déjà et je vis à Chamonix Mont-Blanc.
Voyons voir si cet ouvrage me fera donc prendre plus de hauteur ou non.

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L'auteur : (sources Wikipédia pour la bonne part)

Fabio Viscogliosi est un artiste, écrivain, dessinateur et musicien français né en 1965 de parents italiens à Oullins (Rhône).
Dans le domaine de la musique, il a collaboré avec The Married Monk (Rocky, 2001). Il a publié deux albums solo, Spazio (2002) et Fenomeno (2007), sur lequel figure une reprise de Lucio Battisti, "Il nostro caro angelo", en duo avec Amedeo Pace du groupe Blonde Redhead. En 1995, Fabio Viscogliosi a également produit "Big Yum Yum", album instrumental enregistré en compagnie de musiciens enfants et dédié aux musiques du cinéma (Un chien andalou, À bout de souffle ou Touchez pas au grisbi).
En 2009, Fabio Viscogliosi a exposé au Musée d'art contemporain de Lyon la série Que sais-je?, suite autofictive de 55 vrais/faux livres.
En janvier 2010, il a publié un premier roman, aux éditions Stock: Je suis pour tout ce qui aide à traverser la nuit
En septembre 2011, il sortira un second roman : Mont Blanc toujours aux éditions Stock et c'est justement de lui dont je vais vous parler.

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L'intrigue :

Le 24 mars 1999, un incendie se déclare dans le tunnel du Mont Blanc.
Le bilan humain sera lourd : 39 victimes.
Le bilan matériel conséquent, mais aura le mérite de faire évoluer dans le bon sens la sécurité des usagers, de tous les usagers.


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Ce que j'en ai pensé après lecture :

J'ai tout d'abord fait quelques recherches avant de rédiger mon billet et je me suis vite aperçue qu'il semblerait bien que ce second roman soit effectivement autobiographique puisque j'ai eu la confirmation que les parents de Fabio Viscogliosi ont disparus un jour de printemps dans une catastrophe routière dans un tunnel, ce qui hélas correspond bien avec la tragédie qui tient la part belle dans ce récit.

Une catastrophe telle que l'incendie du 24 mars 1999 sous le tunnel du Mont Blanc, qui fait 39 victimes, cela ne s'oublie pas. Même si à cette époque, je ne vivais pas à Chamonix Mont Blanc comme aujourd'hui et donc à moins de deux kilomètres du tunnel meurtrier, cette tragédie m'avait touché. C'était un nom familier et puis c'était sans doute parce que j'aurai très bien pu me trouver moi-aussi prise au piège des flammes et fumées toxiques.
Depuis cet accident, la sécurité dans les tunnels a changé et c'est tant mieux car j'en emprunte tous les jours ou presque. D'ailleurs chaque fois, j'ai une pensée (fugace certes) pour cette catastrophe. C'est inné, de l'ordre de l'inconscient. Je vous rassure, je ne suis pas terrorisée à l'idée de prendre un tunnel, mais quand même j'y pense.
La montagne peut aussi vous tuer en son sein, elle reste la plus forte malgré tout !

Je n'ai jamais lu le premier roman de Fabio Viscogliosi, mais je me doute que ce second titre ne fut pas évident à écrire. Il est sans nul doute encore plus personnel et il a dû murir avant de pouvoir sortir sur papier. La maturation à pris au moins plus de 10 ans, mais elle a fait son travail. L'écriture est agréable, on dirait que l'auteur parle avec nous comme avec des amis. C'est vif, pleins de détails, mais jamais morbides, du moins gratuitement. Quand on évoque une tragédie, c'est rarement gai quand même !
On ne pleure pas non plus à toutes les pages, ce récit n'est pas larmoyant, il reste pudique, digne, mais humain car en cas de disparitions brutales, vous êtes une coquille vide que les évènements ballotent. Il faut pourtant tenter de reprendre pied dans la réalité (de toute manière, cette dernière vous rattrape toujours). On se raccroche alors à des détails. On respire deux minutes avant d'y replonger en apnée. Fabio Viscoglisi trouve les bonnes expressions, le franc parler qui fait que nous nous, lecteur, on le suit , on a envie de l'épauler comme on le peut, de l'écouter, de le lire.

Contrairement au traitement de l'affaire, du procès, le livre est assez court : à peine 180 pages en tout. Cela va vite sans pour autant sauter des étapes importantes. C'est un condensé de l'essentiel, ce qui est resté après toutes ces années. Car oui, il faut bien le dire aussi, il leur en a fallut de la patience aux familles des victimes. Après le coup de feu (sans mauvais jeu de mot), il y a eu le feu qui couve (qui vous dévore de l'intérieur), le calme avant la nouvelle tempête (médiatique entre autre chose) : le procès proprement dit. Une nouvelle épreuve à traverser avec au bout…
Quand on traverse ce type de situation, on réfléchie beaucoup à tout et à rien à la fois. on ouvre son esprit en grand et cela part tout azimut. A lire cela, on trouverait presque cela drôle tant les coïncidences sont énormes. C'est cela aussi la vie. Elle dépasse parfois de loin la fiction. Et quand on est dans le cadre d'une affaire exceptionnelle, c'est encore plus vrai.
On fait des rencontres étonnantes, en bien comme en mal (enfin disons fort désagréables). Souvent on ne comprend même rien et on reste spectateur. Cela nous laisse coi !

Fabio Viscoglisi a écrit certains passages qui ne semblent pas liés au sujet principal. Digresse-t-il ? Même pas, en fait, tout finit par se rejoindre. La vie est ainsi faite, pleine de méandres, comme les fleuves, mais au final, ils se jettent tous dans la mer ou l'océan.

Le procès, le final de tout ceci ?! C'est loin d'être certain. On veut y croire, mais dans le box des accusés, ce sont des hommes qui ne ressemblent pas à des coupables, mais plus à d'autres victimes. Rien de plus que des hommes… Perfectibles et mortels.

La mort nous rattrapera tous et nous devons donc profiter pleinement de notre rendez-vous avec la vie. Telle pourrait être la mortalité de cet ouvrage qui n'est pas morose, ni triste, au contraire, il est porteur d'espoir car tourné vers l'avenir.
Le Mont-Blanc et ses neiges éternelles en sont témoins !


Ma note finale : 16 / 20

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour

ma grand mére était une Viscogliosi elle était de Frosinone
j'avais de la famille à oullins
Rolande

Emeralda a dit…

Il faudrait sans doute prendre contact avec l'auteur alors. J'imagine que ce récit risque de vous toucher alors encore plus fortement.
Amicalement

argali a dit…

Je vais chercher ce titre dans ma librairie. Ton billet me donne envie de le lire.
J'ai survolé le Mont Blanc en avion la semaine dernière. Que de gris ! Moi qui en avait fait le tour à pied en 1980, je ne l'ai pas reconnu. La fonte des neiges n'est pas une légende !!!

Emeralda a dit…

Hélas non et je la perçois également.