lundi 4 février 2019

Le mystère Bogdanoff de Maud Guillaumin



Le livre :

Le mystère Bogdanoff de Maud Guillaumin aux éditions de l’Archipel, 251 pages, 20 € 00.
Publié le 30 janvier 2019


Pourquoi cette lecture :

Il s’agit d’un partenariat avec les éditions de l’Archipel.
Un livre sur les plus atypiques des VIP de notre pays, cela ne se refuse pas. En tout cas, cela m’a tout de suite attiré.


Le pitch :

Depuis leur apparition à la télévision en combinaison argentée dans « Temps X », en 1979, ils sont devenus des personnages familiers du PAF. Inclassables, déroutants, semblant tout droit sortis de la quatrième dimension, Igor et Grichka Bogdanoff fascinent ou agacent, mais ne laissent pas indifférent.
Leur carrière ponctuée de scandales est une étrange odyssée qui commence dans un château médiéval et se poursuit sur les pas de… Roland Barthes. État civil, diplômes, réseaux : le duo se crée une nébuleuse impénétrable. Leur QI fabuleux, leurs dons exceptionnels, leur métamorphose physique sont autant de mystères qu’ils savent entretenir. Phénomènes de librairie, ces vulgarisateurs sont toutefois mal vus de la communauté scientifique, qui dénonce leurs thèses aussi surprenantes que leur look.
Sous des dehors romanesques, ces jumeaux ont l’art de s’inviter dans les sphères du pouvoir et de la jet-set. Car la galaxie des « Bogda » s’étend de Luc Ferry à Carla Bruni, en passant par Cyril Hanouna et Jacques Attali… jusqu’au couple Macron.
L’enquête de Maud Guillaumin, qui a recueilli de nombreux témoignages inédits, lève le voile sur l’histoire personnelle et l’enfance des Bogdanoff dont cette biographie, la première qui leur soit consacrée, décrypte les ressorts cachés et les univers parallèles.


 

  Ce que j’en pense :

Ayant la quarantaine, mon premier souvenir des frères Bogdanoff est assez logiquement lié à l’émission « Temps X ». Mais il faut bien l’avouer quand elle débute en 1979, j’ai 4 ans et les images que j’en ai gardé sont assez parcellaires. Je n’étais pas du tout le cœur de la cible. Ensuite, les jumeaux m’ont laissé assez indifférente. Je n’ai pas suivi toutes leurs péripéties ou de loin en loin. Leurs ouvrages me disaient bien en revanche, mais je n’ai jamais sauté le pas. Je les ai croisés lors de salons littéraires, mais je ne suis jamais allée discuter de vive voix avec eux. Que leur dire ? Je ne suis pas du genre à aborder les gens ainsi surtout quand je ne connais que vaguement ce qu’ils font.
La lecture de ce livre de Maud Guillaumin était une occasion parfaite de mieux les découvrir et pourquoi pas ensuite d’aller les lire avec un regard moins novice.

C’est un véritable travail de journaliste qui nous est livré ici.
J’imagine que les sources furent nombreuses, mais pas faciles à recouper, à vérifier. Les frères Bogdanoff sont médiatiquement très connus, mais ce n’est pas pour autant qu’ils se livrent beaucoup. Il a donc fallu investiguer, chercher dans les zones d’ombres. Ces dernières sont d’ailleurs très nombreuses car les jumeaux aiment brouiller les pistes volontairement ou non. Je veux dire qu’il est normal pour les jumeaux médiatiques de livrer leur vérité qui peut être changeante, mais ils y croient sincèrement car leurs personnalités sont fantasques et issues d’une autre époque.

Oui, je perle volontairement d’autre époque et non pas d’autre monde comme on l’a maintes fois entendu. Les Bogdanoff sont assurément humains. Ils n’ont rien d’extra-terrestres.
Le travail de Maud Guillaumin est remarquable car il débute avec la présentation de la grand-mère maternelle. Cela peut sembler curieux, mais en réalité, c’est effectivement par ce biais qu’il fallait commencer. On ne peut pas comprendre Igor et Grichka sans connaître cette femme à l’histoire personnelle riche. C’est elle qui les a principalement éduqués et modelés.
Maud Guillaumin a certainement dû faire un travail d’analyse sur la mémoire que certains historiens effectuent lors de l’utilisation de sources souvent plutôt récentes, soit de moins de 50-70 ans (et là je parle en connaissance de cause puisque j’ai dû moi-même utiliser cette technique lors d’un mémoire réalisé à partir de témoignages et d’interviews de témoins en histoire contemporaine). Pour cela, il faut savoir que même de très bonne foi, tout témoin possède une mémoire qui est en partie reconstruite, influencée par sa vie personnelle, par des évènements marquants, par son éducation, par son environnement. Il n’y a le plus souvent pas mensonge, mais omissions, réécriture des faits à plus ou moins grande échelle, interprétations… Le gros de l’analyse repose donc sur un recoupement de sources afin de dresser un tableau le plus fidèle et exacte possible tout en sachant que la vérité n’est pas une.

Igor et Grichka vivent dans un monde qui n’est pas celui d’aujourd’hui. Plus j’avançais dans ma lecture, plus j’avais en effet l’impression d’être confronté à des personnes du XVIIème ou XVIIIème. Des nobles plus précisément qui quoiqu’il arrive tiennent un rang, donnent le change, continuent d’avancer même contre un mur car ce dernier finira bien par laisser apercevoir une brèche ou une porte. Quoiqu’il advienne : « The show must go on ».
En revanche, j’ai été un peu surprise. J’avoue que je pensais les frères Bogdanoff plus arrivistes, plus carriéristes, moins détachés que cela aux réalités de ce monde avant tout économique, basé sur l’argent. Ils possèdent vraiment ce trait de caractère très particulier que l’on pourrait résumer par : « Ces réalités bassement matérielles ne me concerne en rien, je suis au-dessus de tout cela ».

Indéniablement intelligents, les jumeaux sont surtout différents, hors du temps, déconnectés, futuristes et passéistes, uniques dans leur genre de nos jours, inimitables, complémentaires. Ils osent tout, même l’impensable.
On les aime ou pas. Ils ne peuvent pas laisser indifférents même pour des raisons très futiles, people ou scientifiques.
Ce livre se lit avec facilité. Il est agréable. J’ai pu noter quelques redondances, mais difficile de garder le fil pour l’auteur tant la pelote fut défaite et refaite par les Bogdanoff. Il faut donc souvent récapituler pour garder le cap.
Après cette lecture, vous n’apprécierez peut-être pas plus ces frères du PAF, mais s’ils vous intriguent, n’hésitez pas, vous aurez plus de cordes à votre arc.



Et s’il fallait mettre une note : 14 / 20


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