lundi 2 septembre 2019

Le temps des orphelins de Laurent Sagalovitsch


Rentrée littéraire 2019 



Le livre : 

Le temps des orphelins de Laurent Sagalovitsch aux éditions Buchet-Chastel, 224 pages, 16 € 00.
Publié le 15 août 2019


Pourquoi cette lecture : 

Il s’agit d’un partenariat.
Le sujet, grave, a été mainte fois traité, mais chaque regard est différent.


Le pitch : 

Avril 1945. Daniel, jeune rabbin venu d’Amérique, s’est engagé auprès des troupes alliées pour libérer l’Europe. En Allemagne, il est l’un des premiers à entrer dans les camps d’Ohrdruf et de Buchenwald et à y découvrir l’horreur absolue. Sa descente aux enfers aurait été sans retour s’il n’avait croisé le regard de cet enfant de quatre ou cinq ans, qui attend, dans un silence obstiné, celui qui l’aidera à retrouver ses parents.

Quand un homme de foi, confronté au vertige du silence de Dieu, est ramené parmi les vivants par un petit être aux yeux trop grands.


Ce que j’en pense : 

L’ouvrage est sorti durant l’été pour débuter cette rentrée littéraire 2019 et force est de constater que ce n’est pas une thématique légère. C’est rarement le cas, vous me direz dans la pléiade de romans qui sortent pour cette occasion, mais tout de même. 
Sujet éculé ? Vu et revu ? On a déjà tant écrit sur la Shoah, c’est vrai, mais pourra-t-on un jour dire que tout aura été dit ? Je ne pense pas. Ce roman est donc le bienvenu avec sa vision, ses personnages, son récit.

Roman assez court, il n’en demeure pas moins fort. 
Certes le sujet ne peut pas être mièvre, il choque encore et c’est tant mieux. 
On croit tout savoir, mais on est vite rattrapé par un détail, une pensée. Et on prend une douche froide là où l’on pensait être presque à l’aise, limite immunisé par justement une connaissance plus ou moins complète de la période historique, le thème particulièrement atroce et globalement bien documenté. 

Le choix du protagoniste principal m’a surprise dans le bon sens. C’est la première fois que je retrouve un jeune rabbin dans cette situation. Daniel savait que la guerre lui donnerait des visions d’horreur, mais à ce point ? Qui aurait pu l’imaginer ? Quasiment personne et certainement pas un jeune homme doué de sensibilité et foi, venu apporté un peu de réconfort dans la barbarie des hommes. 

J’ai vraiment aimé l’abime qui sépare ce que vit et découvre Daniel avec notamment la première lettre de sa jeune épouse Ethel qui débute le roman. Comment passer de la futilité, du gaspillage (un cake au citron jeté à la poubelle) alors que sur le vieux continent, tout est rationné, que les rescapés des camps sont plus morts que vifs ayant subi des privations inhumaines sans parler de tout le reste…. 

Après, on peut reprocher à l’auteur des maladresses (certaines comparaisons m’ont semblé déplacées ou pas forcément adéquates) ou des omissions, mais je n’ai pas envie de m’y attarder trop car cette lecture possède plus de qualités que de défauts. Même ces derniers nous ramène vers le côté dérisoire de nos mots pour tenter de raconter l’indicible. 


Et s’il fallait mettre une note : 15 / 20




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